Grande traversée des Alpes.
AVERTISSEMENT.
Une nouvelle mise en page de cette GTA a été
refaite en février 2018.
Tableaux journaliers et photos agrandies
pour une meilleure lisibilité.
J'ai très peu touché au texte rédigé en 1998.
En ce qui concerne le chemin, les gîtes,
refuges, hébergements, nourritures,
il ne faut pas prendre à la lettre ce que
j'ai écrit à cette époque :
les choses ont changé depuis, en mieux ou en
plus mal,
et certains hébergements ont été transformés,
ou n'existent plus.
Il faut donc rechercher les informations récentes
avant le départ.
de
la 6ème à la 8 ème étape
La Vanoise
Samedi 11 Juillet 1998 En partant
de Peisey à 9 h moins dix, j’ai l’impression de jouer aux touristes! J’avais
surtout envie d’avoir une nuit à peu près normale. Le soleil se
montre entre deux nuages. Je choisis
de suivre une partie de la route et couper les lacets par des petits sentiers,
pour passer à Nancroix, où j’achète quelques pommes. Ensuite le hameau des
Lanches, puis Rosuel, et son refuge qui avait une allure futuriste et
critiquée au début des années 80. C’est la
porte d’entrée du Parc National de la Vanoise. Je fais une
pause « grand café », et j’en profite pour téléphoner au refuge de la Leisse,
où je dois être ce soir. - la
gardienne : "Vous êtes fou monsieur! Vous ne serez jamais ici avant 10
heures du soir, en partant de Rosuel maintenant !" En voila une
qui ne me connaît pas! Je me remets
en route. Il y a beaucoup de monde dans cette montée ; principalement des
familles qui vont au lac de la Plagne, passer la journée. Malgré les
nuages, le temps est assez beau, et il fait chaud. Le débit des torrents est
assez important.
Je suis
frigorifié. Les gardiens me proposent un potage en arrivant à 13h20, que
j’accepte bien volontiers. Me voila
réchauffé pour repartir à 13h40 ; petite montée au col. Cette année il n’y a
pas le névé habituel ici aussi. Ensuite
longue descente par les pistes de ski de Tignes, au milieu des pylônes, des
cailloux et des tranchées creusées pour l’écoulement de la pluie. Maintenant on
peut contourner Val Claret et éviter de se balader au milieu des buildings,
des tennis, etc... si on a rien à y faire. Le sentier
longe le vallon du Paquier pour remonter au col de Fresse. Il fait plus
chaud de ce côté, et le soleil se montre plus généreux! Il y a des
Edelweiss et des Asters derrière un monticule, et au lointain le Mont Blanc
se dégage très nettement.
Je retrouve
le couple Suisse assis sur un talus : casse-croûte et sieste! -
"Comment faites vous pour être toujours devant, alors que vous partez
après moi?" Ils font du
stop ou du bus, chaque fois qu’il y a une route goudronnée, les tricheurs!
Nous
continuons le chemin, Philippe, Anne-Claude et moi ; c’est l’occasion de
faire des photos au col de la Leisse à 16h30, et en redescendant près du magnifique
lac des Nettes. Au dessus,
on entretient les pistes du glacier de la Grande Motte à coups de
chenillettes pour les skieurs d'été. Nous
arrivons au refuge de la Leisse à 17 h 30. La gardienne est estomaquée : en riant :
" je suis le fou qui a téléphoné de Rosuel ce matin! ".
Dimanche
12 Juillet 1998 On est les
champions! Le vent n’a
pas faibli, et le temps est à nouveau nuageux. Après le
petit déjeuner nous partons tous les trois à 7h30. Le vallon de
la Leisse regorge de marmottes qui courent dans tous les sens, en lançant
leur cri strident. Cette partie
est beaucoup plus pierreuse, et les éboulis proviennent surtout des
avalanches de la Grande Casse. Le torrent
est bouillonnant ; de l’autre côté de la rive, un chamois nous observe
inquiet, avant de détaler à toute allure pour se confondre avec les rochers. Nous passons
sur le pont en pierres de Croe-Vie. Anne-Claude
et Philippe font une pause, et je continue seul. Arrivé au Blockhaus, je
m’arrête pour les attendre, car la montée est dure. Ici le vent est glacial,
et je ne tarde pas à repartir. Dans la
montée près du col de la Vanoise, le lac rond semble perdre son niveau chaque
année. Le vent
souffle, mais a pour effet de chasser les nuages. Je passe au
refuge Félix Faure sans m’y arrêter : il y a déjà trop de monde à10h30. A côté, le
lac long et son eau verdâtre. Il faut encore suivre des éboulis, provenant de
la moraine de la Grande Casse. On voit des cordées sur le glacier des grands
couloirs.
Pralognan la Vanoise. Courte étape
aujourd’hui ; j’en profite pour me reposer. Je retrouve
Anne Claude et Philippe faisant des emplettes. Ils sont au même hôtel que
moi. Eux non plus
n’ont pas voulu rater la finale de la coupe du monde de foot. Le soir nous
mangeons vite pour nous caler devant la télé du salon, envahie par les
clients comme on s’en doute! Nul ne le
regrettera : après un match fantastique, France 3 - Brésil 0. Mémorable!!! C’est la
fête partout : on boit, on rit, on danse. « Pralo est en effervescence ». Ce soir
encore j’ai du mal à trouver le sommeil. Mais tant pis, de tels événements ne
se produisent pas tous les ans. Dommage! Philippe et
Anne-Claude ont décidé de rester un jour de plus à Pralognan. Lundi
13 juillet 1998 Après
l’effort, la récompense... Je n’ai
aucun mal à être debout vers 4 heures du matin!.... et prendre dans ma
chambre, le petit dej super copieux, préparé par la patronne hier soir. A 5 h un quart,
je quitte Pralo endormi, éteint, et sûrement fatigué par la nuit agitée qu’il
a vécu. En tous cas,
le ciel est parfaitement dégagé, et les dernières étoiles s’éteignent
lentement, laissant la place à une lueur bleutée. Le chemin
est facile, presque plat, jusqu’au hameau des Prioux, et ensuite le pont de
la pêche sur le torrent "le Doron de Chavière". A partir
d’ici, la montée est un peu plus raide. Le temps est frais. Tout le long
du vallon, les rebords ourlés des grands glaciers de la Vanoise sont figés
entre les roches, et semblent retenus par elles.
Longue, très
longue descente dans la forêt, par un chemin caillouteux : les pieds se
tordent dans tous les sens!.... Depuis le
col jusqu’à Modane, plus de 1800 mètres! Les bouts des doigts de pieds
commencent à crier "au massacre!" Pendant ce
temps le ciel s’est obscurcit. En arrivant
à Modane à 12h50, je décide de prendre un taxi pour rejoindre le Charmaix,
ceci afin d’éviter une pénible montée escarpée à travers bois, et avec un
temps incertain. Je gagne
deux heures de marche. Quelques
lacets pour parvenir au lieu dit « le Lavoir », vaste bassin avec une retenue
d’eau. Nouvelle montée assez raide, et près du chalet de la Loza, le sentier
part à gauche au milieu de pâturages. L’herbe ici est déjà plus sèche que les
jours précédents : on sent une différence de climat. Avant
d’avoir traversé la combe menant au refuge du Mont Thabor, je reçois les
premières gouttes d’une pluie qui ne s’arrêtera pas de la soirée et de la
nuit. Le refuge du
Mont Thabor est plein en arrivant à 16 heures. Surtout fréquenté par des
rochassiers pratiquants l’escalade entre le Thabor et le Cheval Blanc, tous
se sont rabattus à l’abri. Les tartes
aux myrtilles sont tentantes et exquises! Le soir
chacun commente la soirée d’hier : finale de la coupe du monde bien sûr! Lac Ste Marguerite près du refuge du
Thabor. |