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Chemins de Paix : le Cammino di S. Francesco.

Firenze - Assisi - Roma : a piedi

 

Ce que je crois.

Le hasard n'existe pas!

Nous recevons des signes Providentiels, des Appels, et il nous faut être réceptifs pour les sentir, les entendre, et savoir les décrypter. 

Comment m'est venue l'idée de faire ce chemin de Saint François, alors qu'environ un an plus tôt j'en ignorai l'existence? 

 

En 2006 j'ai marché à pied du Puy en Velay à Rome ; avant de quitter la Città Etternà, il m'était venu l'idée "de faire un aller retour en train" à Assise en un jour ou deux! Pourquoi là et pas ailleurs? Je ne sais pas... d'autant que je ne connaissais pas grand chose d'Assise et de St François, à part ce dont j'avais entendu parler. Finalement j'ai renoncé à Assise à ce moment là, en me disant que je reviendrai bien en Italie une autre fois, et cette ville méritait mieux qu'un aller-retour.

Le premier Appel venait de se manifester sans que je m'en aperçoive! 

Dans le courant de l'année 2008, en cherchant sur internet des Sanctuaires en France et en Europe, un lien me menait à Assise avec un tour operator proposant des séjours touristiques... mais après plusieurs clics je m'aperçu "Ô Bonheur" qu'il existait un chemin de (l'Alverne)  La Verna à Assise pour bons marcheurs! Mais qu'est-ce donc La Verna? Où est-ce?... Je devais approfondir mes recherches.

Autre signe Providentiel : la découverte d'un chemin de pèlerinage.

Quelques temps après, j'allais à Lourdes pour une semaine, et dans l'armoire bibliothèque du foyer où j'étais logé,  le premier livre que je saisis sans le faire exprès, est  sur la vie de St François d'Assise... Je dévore les cent cinquante ou deux cent pages! Désormais j'en sais un peu plus.

Autre signe Providentiel : j'apprends à connaître San Francesco di Assisi. 

Dans une librairie à Paris, je trouve le topo guide dont j'avais entendu parler : "Sur le chemin de Rome", et j'apprends que St François a parcouru plusieurs fois le chemin de Florence à Assise, et Rome. A ce moment là, je me suis dit que mon départ serait aussi à Florence, même s'il nécessiterait près de quatre semaines de marche.

Nouveau signe ou appel? Certainement : tout cela n'arrive pas par hasard.

Dès lors, je n'attendais pas seulement les "effets Providentiels", je les provoquais! (Aide toi le Ciel t'aidera.) 

Questions, réponses, attentes parfois, idées qui viennent (toutes seules?) Le senti et le ressenti!

 

Je me documente : j'apprends que François Bernadone est un jeune homme riche, voyageant dans le monde, festoyant avec ses amis, menant une vie sans soucis, participant même à une guerre où il est fait prisonnier, et où il tombe gravement malade. 

Quelques temps plus tard, Dieu lui apparaît en songe, et lui demande de laisser les armes, pour le servir. Il abandonne ses biens ;  son père le déshérite.

Il rencontre des lépreux, les exclus. Sa conversion commence à ce moment là. Il se fait pauvre parmi les pauvres : solidaire avec les démunis, les marginaux. 

Il se retire souvent pour prier dans une chapelle près d'Assise (San Damiano) ; un jour, le crucifix peint sur du bois lui parle : 

 

" François va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines... " 

 

Avec quelques compagnons ils se transforment en maçons. Une nouvelle communauté est créée, et il faudra plusieurs années pour que la règle dictée par François soit approuvée par le Pape. 

 

Il s'aperçoit que l'humanité est une grande famille! Il prêche l'Evangile et exhorte les Hommes à un Amour mutuel et au respect de notre Mère la Terre, de notre Sœur la Lune, et notre Frère le Soleil. 

- Saint François d'Assise est un ardent défenseur de la Nature : Un écologiste au 13e siècle! Les oiseaux l'accueillent en chantant à son arrivée à La Verna, il leur parle! 

Il apprivoise un loup dévastateur en pleine forêt!

- Saint François artisan de Paix : à une époque où les guerres et croisades contre les autres religions faisaient rage, il a voulu établir des relations harmonieuses et de paix avec l'Islam en se rendant chez le Sultan de Babylone à un moment où le conflit était à son plus haut niveau entre Chrétiens et Sarrasins. 

- Il entraîne dans son sillage une jeune religieuse d'Assise : Chiara (Claire). En adoptant la même règle que François, elle fonde les Clarisses.

Entre temps, plusieurs voyages d'Assise à Rome, et séjours de prières et de méditations seul ou avec ses Frères, dans des lieux devenus Sanctuaires : La Verna, où il reçut deux ans avant sa mort, les stigmates de la crucifixion, Gubbio, Greccio, Lo Speco, Poggio Bustone, Fonte Colombo, Rieti... Tout ces endroits où St François se retirait, tout ces chemins suivis depuis plusieurs siècles par les Frères Franciscains et les pèlerins, je vais maintenant les suivre aussi. 

Mais Je n'ai jamais cherché à vivre ce chemin comme au 13e siècle (tenue vestimentaire, équipement, etc...)

Comme tous chemins de Pèlerinage que j'ai entrepris : Compostelle en 2005, et Rome en 2006, je ne cherche à imiter personne, ni vivre ces moments comme au moyen âge, mais plutôt d'être un pèlerin du 21e siècle qui marche dans les pas d'illustres prédécesseurs, visite et prie dans des lieux saints, où il m'arrive de ressentir des émotions, des présences impalpables. Chaque jour de marche dans la nature, proche de Dieu Créateur, mes pas comme tant d'autres ont suivi les pas de Saint François d'Assise et des Frères Mineurs. 

Des difficultés, il y en eut : indications erronées, absence de balisage, perte de temps et kilomètres en plus pour retrouver son chemin, solitude, idées d'abandonner! 

Il ne fallait surtout pas que  mon esprit se disperse ; je devais simplement être attentif aux signes et aux appels tout au long de mes étapes, tout comme je l'avais été dans la préparation les mois précédents le départ. 

 

- J'avais choisi de commencer ce pèlerinage fin septembre, et je me suis aperçu ensuite que la fête de St François est le 4 octobre. Dans ma préparation, tout s'est enchaîné normalement pour être à Assise ce jour là! 

- En début d'année j'apprends que 2009 est le 800e anniversaire de la Fondation de l'ordre Franciscain.

- Un autre jour, je trouve dans un article concernant la protection de la nature, que Saint François d'Assise est reconnu "Patron des écologistes" depuis 1979 : 30 ans cette année!

- Je décide d'être à Florence le dimanche 20 septembre, de consacrer la journée à cette ville (que je connais déjà). J'ai contacté un hôtel pour une nuit : on m'avait proposé une chambre à 35 € salle de bains à l'étage, ou une chambre avec salle de bains complète à 50 €. Je réserve pour la moins chère. Une fois arrivé à l'hôtel, grande surprise! On me donne une grande chambre confortable avec bains, télévision... Il n'y a pas d'erreur! Le patron a décidé de me donner cette chambre et me faire payer 35€, alors que l'hôtel est presque vide! Pourquoi? Aurais-je une bonne tête?... ou est-ce un cadeau providentiel? 

- J'apprends que le lendemain 21 septembre, mon premier jour de marche, est la journée internationale pour la Paix. Saint François d'Assise Grand Artisan de Paix, m'aurait-il soufflé dans l'oreille de commencer mon pèlerinage ce jour là? Justement parce que je voulais marcher et prier pour la Paix... 

- En consultant mon calendrier de poche, je vois que ce 21 septembre est la Saint Matthieu : l'un des quatre évangélistes.

- Etant curieux, je regarde le 18 octobre : date prévue de mon arrivée à Rome, si tout va bien...  Ce jour là est Saint Luc : un autre évangéliste.

- A part l'hôtel à Florence, et le gîte à Assise où je voulais rester deux ou trois jours, je n'ai jamais réservé d'avance pour mes étapes ; ce qui m'a valu les rencontres les plus extraordinaires.

 

Les signes" Providen-ciel " se multiplièrent avant de partir, et se produisirent chaque jour de marche.

 

 

Mes étapes :

 

 

 


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Crédenziale 

del Pellegrino 

i timbro di ogni tappa e giornate di marcia

 

 

 

 

FIRENZE 

Palazzo Vecchio

Prima pagina della Charta

Dimanche 20 septembre 2009

 

 

Je suis arrivé de Paris ce matin, par le train de nuit.

Après avoir déposé mon sac à dos à l'hôtel, où j'ai réservé ma chambre depuis une quinzaine de jours,

 je vais à la découverte une nouvelle fois de la Capitale de la Renaissance italienne.

 

Avant toute chose, je me rends à la Basilique Franciscaine de Santa Croce qui était dans le quartier pauvre de Florence, et où St François avait séjourné avec quelques frères mineurs.

La construction d'une première église sur cet emplacement a commencé quelques années après sa mort.

 

J'arrive avant la messe de 9h30, ce qui me permet de visiter la basilique, ses nombreuses chapelles, et voir les fresques  sur la vie de St François. 

 

Après la messe, je m'incruste dans la sacristie pour avoir mon premier coup de tampon (il timbro) sur ma Crédenziale del Pellegrino. J'achète également mon Tau (Croix Franciscaine) que je porterai autour du cou tout au long de ce pèlerinage.

 

L'après midi se passe en promenades et visites.

Le soir gros orage et pluie toute la nuit!

 

Basilique Santa Croce

 

 

 

 

Ponte Vecchio

 

 

Firenze vue  

de la Tour 

San Giovanni

 

 

 


Lundi  21 septembre 2009

St Matthieu 

Journée internationale de la Paix.

 

 

Je veux commencer ma première journée de pèlerin, comme il se doit. 

A 7h30, j'assiste à la messe dans l'une des chapelles de l'église Santa Maria Novelle, proche de la gare.

 

le départ : stazione de Sant'Ellero

 

Le topo guide recommande de prendre le train afin d'éviter une marche pénible et dangereuse sur une grande voie de circulation. En une demi heure de train, je suis à Sant'Ellero, petit bourg dont je ne vois que la gare, et le nommé Renato qui habite au dessus avec sa compagne, et met à disposition (parait-il) une chambre pour les pèlerins. Personnellement je n'en ai pas besoin puisque je débute ce chemin ici.

Le temps est gris, maussade, et le plafond de nuages bas masque une partie de la montagne... 

On peut être étonné de ce mot "montagne" ici en Toscane, province que l'on imagine à peine vallonnée, couverte d'oliviers et de vignes ; et pourtant je vais devoir grimper plus de 1000 mètres sur une étape d'environ 16 km.

Comme je le ferai tous les matins, j'offre cette journée de marche en prière à Dieu pour la Paix, et je demande à Saint François de montrer le chemin, la voie, sa voie... 

 

Il y a seulement quelques jours, j'ignorai que le 21 septembre était la journée internationale de la Paix. J'aurais voulu commencer exprès ma marche ce jour là, je n'y serais peut-être pas arrivé!

Mais voila, je crois en La Providence, et je suis attentif à ses signes depuis quelques années.

Pour moi la Paix commence déjà par soi même : être en paix avec soi, n'est pas une mince affaire. Arriver à avoir cette Paix intérieure pour qu'elle se diffuse autour de nous, dans notre entourage, et ainsi de suite se transmette à chaque individu de la planète... 

Cela peut paraître utopique, mais une chose est sure, chacun de nous peut prier dans sa langue, ou dans sa religion, pour cela. 

 

"Saint François montrez moi le chemin ; pas seulement le chemin maintes fois emprunté depuis 800 ans, mais aussi le chemin intérieur : tout ce qui peut nous rendre meilleur!"

 

Les marques à la peinture blanche et rouge, mènent sur une petite route au village de Fontisterni, ensuite un sentier par la forêt avant de traverser une oliveraie. Un chemin continue au milieu de prairies et remonte dans les bois jusqu'au village de Paterno. 

Le sentier reprend dans la forêt sombre, et grimpe avec par endroits des ronces et des épines qu'il faut éviter pour ne pas être écorché!

Je retrouve un chemin un peu plus facile dans une forêt de sapins, puis une petite route, et à nouveau un sentier dans les bois qui rejoint la strada régionale pour arriver à la Consuma, petit village où le seul hôtel est fermé définitivement. 

Un cuisiner devant sa pizzeria me demande si je vais à Assise... Voila quelqu'un qui doit compter les pèlerins passant par là!

 

Le seul hébergement possible dans le secteur est l'auberge Miramonti à un kilomètre au Passo della Consuma, sorte de col routier entouré de sapins à environ 1050 mètres d'altitude.

J'y arrive à 15 heures, sans avoir réservé. Il y a des chambres libres, et même une remise de 10 % pour les pèlerins, peu nombreux certes, mais un trois étoiles n'est pas vraiment l'idéal pour le pèlerin!... 

A part un groupe de touristes autrichiens qui vident bières sur bières, il n'y a personne d'autre, mais un peu plus tard arrive une femme française avec un sac à dos! Serions nous au moins deux pèlerins? 

 

Vers 17 heures, ne sachant que faire, je redescends en dix minutes au village de la Consuma. L'église San Domenico est ouverte, le prêtre prépare l'autel pour le Rosaire. Je lui demande le "timbro" le tampon sur ma crédentiale : elle ne me quitte jamais, c'est mon passeport de pèlerin!

Le prêtre est heureux de voir dans son église un pèlerin demander le "timbro". 

Il me mène à son bureau en passant par des couloirs interminables et des escaliers... Me voila satisfait, première étape, et tampon du jour!

La Consuma

 

De retour à l'hôtel, la bande de joyeux autrichiens est toujours là, et ils semblent même être plus nombreux!

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine fraîche à Campolombardo, 

 

 

 

 

 

Arrivé à Stia

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Monastère de Camaldoli

 

Mardi 22 septembre 2009

 

Le ciel est bleu et le soleil présent ce matin.

Je quitte le Passo della Consuma à 7h45.  Je ne sais pas encore jusqu'où j'irai dans ce deuxième jour de marche, mais j'aimerai bien être à Camaldoli ce soir. Cela ressemble à une grosse étape : une trentaine de kilomètres, sans m'égarer et pertes de temps possibles, plus de 1000 mètres de dénivelées positives, et environ 1300 mètres de descentes, d'après le topo guide! 

Je verrai bien où j'en suis sur le coup de midi...

 

Il faut remonter un peu sur la route, et prendre un sentier sur la droite par la forêt jusqu'au village de Gualdo.

Les balisages sont peu nombreux. Descente et montée par des sentiers envahis d'herbes et d'épineux. A partir de Castelcastagnaio il n'y a plus aucun marquage. Il faut suivre le topo qui indique de tourner à gauche, ou monter à droite, ou prendre tout droit à 500m, ensuite aller sud-est à 300m sur un embranchement en Y ... Cela ressemble à un parcours du combattant, d'autant plus que les nombreux embranchements ou carrefours de chemins, les distances indiquées très approximatives, rendent l'orientation très difficile. 

Sentiers forestiers, ruisseaux , longue montée plein soleil, et une descente par les champs et prairies. Une fontaine fraîche à Campolombardo, des fermes ; le paysage est verdoyant, calme, reposant. L'agriculture est l'activité principale.

Une nouvelle grande descente, et j'arrive à Stia, beau village très ensoleillé. Saint François est très certainement passé par ici : Stia se trouve sur la route reliant Florence à Camaldoli, et on entre dans le bourg par le vicolo San Francesco.

 

Il est à peine midi, j'ai parcouru la moitié du chemin ; je décide de continuer. 

Le topo guide n'est pas souvent explicite, mais alors en plus maintenant je l'interprète mal, il me faut plus d'une demi  heure pour trouver la bonne direction! Deux kilomètres sur la route entre Stia et Pratovecchio.

Chemins en sous bois : le calme, le silence sont revenus, mais par moments des craquements de branches autour de moi me font tressaillir! Il n'y a pourtant personne, mais j'ai le sentiment de n'être pas seul...  Serais-je épié? J'essaie de me concentrer sur mon chemin, qui est déjà assez compliqué à suivre... Longues montées, et descentes, parfois dans l'obscurité forestière, mais aussi dans des clairières inondées de soleil.

Je passe par le village de Casalino, le chemin grimpe encore pour atteindre une route déserte en pleine forêt de hêtres et de sapins. Je suis arrivé là par erreur ; le chemin est ailleurs! je dois redescendre par cette route interminable. J'ai la chance de voir une biche qui m'observe et s'enfuit.

Plus loin apparaissent des toitures : Camaldoli! il est 18 heures...

Il y a deux auberges, l'une à coté de l'autre. Je constate avec inquiétude que les deux sont fermées le mardi! 

En face se trouve le Monastère et la Foresteria. Sur la gauche, l'entrée donne sur une cour  et jardin intérieur : il n'y a personne, tout semble désert. J'entre dans la chapelle ; un prêtre prépare l'autel. Me voyant dans ma tenue de marcheur avec un sac à dos, il s'avance vers moi. Je lui explique que je suis pèlerin à pied, et vue l'heure tardive je cherche un lit pour cette nuit! Inutile de dire que je suis fatigué, il le remarque, et parle très bien français.

Je patiente quelques instants, et il revient avec une clé. Il doit se dépêcher car la messe est à 18h30, et moi je voudrai y assister!

 

Après m'avoir conduit à ma chambre, j'e n'ai qu'un quart d'heure pour prendre une douche et me changer!

 C'est une très belle petite chambre avec douche, lavabo, toilette, impeccablement tenue. Après la messe, je suis convié à partager leur repas, et à leur table : ils sont une douzaine de moines de l'ordre Camaldule fondée par Saint Romuald en 1012 ici même à Camaldoli....

 

Vers 21 heures je m'endors sans aucune difficulté, après avoir remercié Dieu pour cette grande journée de marche, ces rencontres, et cet accueil.

 

 

 

 

 


 

 

Mercredi 23 septembre 2009

 

 

La nuit a été bonne ; comment en serait-il autrement, dans un Monastère lieu de silence et de Paix?

J'assiste aux Laudes avant de prendre le petit déjeuner en commun avec les Frères, tout comme hier soir. 

On m'a préparé un sandwich pour midi, ainsi que du fromage et une poire. Un grand merci à toute la communauté.

Le prix à payer pour tout cela, c'est "donativo". En Italie, "offerta".

Grazie mille : je ne vous oublierai pas dans mes prières.

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis reposé de ma journée d'hier, et en forme ce matin, 

c'est tant mieux car l'étape aujourd'hui risque de ressembler à celle d'hier!

Je veux être à La Verna ce soir. 

D'après le topo il y aurait moins de kilomètres qu'hier, soit 23km, mais plus de dénivelés : 

1500 m de montées et 1400 m de descentes... 

Il vaudrait mieux indiquer des heures de marche, car les kilomètres en montagne ne veulent rien dire!

En dehors de ces considérations, je quitte Camaldoli à 8h30 avec un soleil radieux.

Première montée assez rude dans une forêt de hêtres : je passe près du refuge Cotozzo qui est fermé. 

Il y a de nombreuses traces de sangliers, des trous et des marques dans la terre, ce qui n'est pas très rassurant. Je fais semblant de  ne pas avoir peur : cette forêt est immense et sombre, le soleil ne pénètre pas, et çà sent plutôt l'humidité. Un peu plus loin, les hêtres se mélangent avec de grands pins. Une longue descente me conduit à Badia Prataglia, un village animé : des commerces, et une cour de récréation où des enfants jouent. 

Je fais une pause d'une bonne demi heure, avant de repartir par le sentier à travers bois jusqu'au village de Frassinetta, dont la fontaine fraîche et bienfaisante permet de remplir ma gourde.

Nouvelle montée sur une crête boisée, et descente ensuite jusqu'à Rimbocchi. Je dois demander mon chemin à un villageois : il n'y a aucune indication. Après avoir traversé un ruisseau, je retrouve les marquages du sentier à suivre. A partir de là, la montée est longue et surtout très raide. Plus de 700 mètres de côte! 

Au bout d'un moment, le sentier devient moins pénible. Un écriteau indique : "Sentiero della Foreste Sacre".

Les grands hêtres sont majestueux. Je suis seul à grimper dans ces bois, et pourtant je ressens une atmosphère, une présence impalpable... Il faut passer sous des rochers, une falaise verticale ; tout est imprégné de l'esprit de Saint François. En regardant au dessus j'aperçois les premiers contreforts du couvent.

Avant de commencer ce pèlerinage, je souhaitai venir à La Verna et y rester une ou deux nuits, afin de passer une journée complète dans ce haut lieu. 

Je n'ai rien réservé, et je ne sais même pas si cela sera possible, malgré qu'il y ait un accueil!

 

 

Après avoir contourné la muraille, j'arrive devant la chapelle aux oiseaux, construite à l'endroit même ou des oiseaux ont accueilli en chantant, Saint François pour sa première visite à La Verna.

Une grande allée de pierres mène à l'entrée de l'esplanade devant la chapelle Santa Maria degli Angeli, et la Basilique : il est 17h 10.

 

La Foresteria se trouve derrière le  couvent. Je demande s'il y a possibilité d'avoir une chambre pour une ou deux nuits, étant pèlerin à pied sur le chemin Franciscain... L'homme qui est à l'accueil consulte ses papiers, ses fiches, pendant un bon  moment, avec des signes de tête plutôt négatif, pour finir par  me dire qu'il est indispensable de prendre la pension complète et les repas... Je pense qu'il veut savoir si je suis un pèlerin  capable de payer  50€ /jour. 

A partir de ce moment, je me dis que l'Esprit de Saint François est resté dans la forêt avec ses grands arbres,  sa chapelle aux oiseaux, et sa présence impalpable qui me donnait quelques frissons en montant. 

Bien sûr, nous sommes dans un autre bâtiment plus commercial : l'hostellerie, et il y a même un bar! Un monde différent de la Basilique et du sanctuaire pourtant juste à côté.

 

On finit par me donner une chambre ; rien n'est sûr pour la suite, et demain à 9 heures on me dira si je peux rester!

Enfin je respire pour ce soir, car il n'y a rien d'autre ici pour dormir, à part descendre au village de Chiusi della Verna et aller à l'hôtel... 

 

 

En tous cas je ne me plains pas du dîner, simple et copieux, à table avec un prêtre italien, un pèlerin autrichien, et une touriste italienne.

La salle de restaurant est bien remplie!

 

Face à la Basilique, le soleil disparaît derrière la brume et les collines. 

 

 

Le Monastère de Camaldoli

 

 

 

 

 

 

Chapelle près de Frassinetta

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le silence de la 

Forêt Sacrée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Chapelle des oiseaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Verna

 

 

 

 

 


Vue sur le Sanctuaire

 

 

 

 

 

 

Relique de San Francesco

 

 

 

 

 

Maître Autel

 

 

 

 

Jeudi 24 septembre 2009

 

Les Laudes à 7h30, suivies de la messe. Ensuite le petit déjeuner.

Il fait très beau, et l'air frais du matin nous rappelle que l'on est presque en haut du mont de La Verna à 1100 mètres d'altitude ; la vue est dégagée et rien n'arrête le vent!

 

 

J'attends avec impatience l'ouverture de l'accueil à 9h.

Ce matin c'est une dame, qui consulte aussi ses fiches, ses papiers, pour me dire enfin : "Ah c'est vous Jean-Claude le pellegrino? Vous pouvez garder la chambre elle est libre pour ce soir, et le repas est à midi."

Merci beaucoup!

Cette journée ici me permet de me reposer après les deux étapes précédentes, mais aussi de découvrir ce sanctuaire, d'assister aux offices : méditation et recueillement, c'était le but que je m'étais fixé avant mon départ.

 

 

 

A 15 heures : procession de la Basilique à la chapelle des stigmates, et retour à la Basilique avec chants, litanies, et bénédiction.

A 18h30 : les Vêpres et premier jour de neuvaine avant la Fête de Saint François.

 

Tout ce qui se passe ici est émouvant, et je n'arrive pas à l'expliquer plus en détails...

La montagne, le rocher, la forêt, tout à un caractère sacré. Nous sommes sur le lieu où St François a vécu, prié, et où il reçut les stigmates de la crucifixion. 

 

 

A La Verna, Saint François d'Assise se rapprocha de Dieu.

Profitons de cette opportunité pour essayer d'en faire de même. 

 

 

 

 

Bas reliefs de la Basilique,  ou de la

Chapelle Santa Maria degli Angeli

 

l'Annonciation

 

 

 

La Nativité

 

 

 

La Pieta

 

 

 

l'Assomption de la Vierge Marie

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au milieu d'un champ

 

 

 

 

 

 

 

 

Eglise San Stefano

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pieve San Stefano 

et le Tibre

 

 

 

 

Vendredi 25 septembre 2009

 

En faisant ce pèlerinage à pied et immergé dans ces lieux saints, je ne peux pas commencer la journée sans la prière des Laudes à 7h30, et la messe. J'aurais l'impression qu'il manque quelque chose à ce début de journée!

Je n'ai pas la possibilité d'assister aux offices religieux à chaque étape : églises fermées dans les villages, ou pas de messes certains jours, ou encore mes horaires d'arrivée, de départ, ne correspondent pas avec ceux des églises... 

Ici j'ai la chance que tout concorde.

 

Il est 9h30, je quitte La Verna ensoleillée avec un ciel limpide. Le chemin à travers bois, descend au village de Chiusi della Verna, où il me faut un moment pour trouver la bonne direction. Je rencontre la pèlerine que j'avais aperçu le premier jour à la Consuma. Elle cherche aussi, topo guide en mains! Elle était ici à l'hôtel, n'ayant pas réussi à avoir une chambre hier soir à La Verna! Il est vrai que l'hostellerie paraissait bien remplie, mais je pense qu'elle a manqué de conviction : si moi aussi j'avais dit à l'accueil "tant pis si je ne peux pas rester une deuxième nuit..." J'aurais sûrement été obligé de chercher une chambre ailleurs!

 

D'après elle, il est plus difficile de demander un hébergement dans un lieu religieux quand on est une femme, etc... 

Je pense surtout qu'il lui manque la Foi. 

D'ailleurs en parlant, on se trompe de chemin et nous nous trouvons au milieu d'un champ sec encombré de ronces, d'églantiers et cynorhodons, où l'on a rien à faire, à part une éventuelle cueillette en vue de confiture, ou soupe ultra-vitaminée!...

 

Nous devons retourner en arrière pour retrouver la bonne direction. 

Après une pause, je continue seul. 

Sans la connaître, et sans en savoir plus, je vois bien que nous ne partageons pas les mêmes objectifs, et idées.

 

Le chemin passe par des petits hameaux, des fermes, mais aussi des bâtiments en ruine! 

Il faut suivre une ligne de crête sur la colline, et descendre ensuite par la route au hameau de Mignano. Un sentier passe par les champs et atteint un pont : la voie expresse passe dessous.

J'arrive à Pieve San Stefano à 15h20. Ce grand village est traversé par le Tibre, fleuve qui passe aussi à Rome.

 

Il y a un hôtel trois étoiles sur la via principale, mais d'après l'importance de cette cité, je pense qu'il doit y avoir un hébergement conforme à mes souhaits de pèlerin. L'église est souvent un lieu de rencontre, elle est ouverte mais il n'y a personne! Après un moment de prières, je retourne à mes recherches... J'ai remarqué qu'il y avait la Confraternita di Misericordia qui est une organisation d'ambulanciers et de protection civile pouvant aider à se loger provisoirement. 

En effet, on m'indique un logis pour les pèlerins : l'ancien asilo! Le mot peut faire peur, mais il ne m'effraie pas.

Il y a deux hommes à l'accueil, sans doute des bénévoles, heureux de voir un pèlerin français à pied de Florence à Rome, et surtout quand ils me demandent mon âge : 64 ans, les "complimentes" et autres félicitations pleuvent! 

Je suis content d'être ici pour 7 euros, une sorte de dortoir avec quatre lits où je suis seul. La douche fonctionne mais il faut attendre plus d'une heure que l'eau chauffe, alors je me lave à l'eau froide, ce qui rend les deux bénévoles encore plus admiratifs!

 

Je retourne à l'église où il y a une messe à 18h, et je veux faire tamponner ma crédentiale.

Le prêtre parle très bien français, et regrette que je ne sois pas venu le voir : il  m'aurait hébergé! 

Il fallait le savoir. Et quand je suis arrivé l'église était vide.

"La prochaine fois tu viens me voir".

Je prends note...

 

Le soir je vais manger dans un restaurant un menu tout simple, car je n'ai rien dans l'estomac depuis la prima colazione avant de partir.

 

 

 

 


 Samedi 26 septembre 2009

 

Je suis debout à 6heures et demie, et une fois prêt, je quitte l'asilo en remettant la clef dans la boîte aux lettres.

Dans un bar en face de l'église je vais prendre un cappuccino et deux croissants.

 

A 7h45 je traverse Pieve San Stefano, pour reprendre le chemin balisé rouge et blanc n°22.

A un moment le topo indique de prendre à droite l'itinéraire 2 sur 1300 mètres et ensuite de passer par des barbelés... 

Le problème est que j'ai suivi les fameux 1300m et plus... sans voir de barbelés ni de chemin au delà. J'ai fait des aller retour sans jamais voir le bout du chemin à suivre. 

En revenant en arrière après une heure de recherche, je rencontre la "pèlerine" d'hier. Elle a passé la nuit à l'hôtel ***.

J'apprends qu'elle s'appelle Françoise ; elle a une idée sur le chemin à suivre. J'ai eu le tort de l'écouter.... 

Elle veut suivre une piste qui passe près d'un poste élevé de surveillance incendie. Plus on descend, plus le sentier se rétrécit. 

Pourquoi ai-je persisté? alors qu'hier j'ai préféré continuer seul...  Sûrement un signe que je n'ai pas compris!

 

Il y a un village de l'autre côté et une route au loin. Nous descendons, pour nous retrouver dans un bosquet sans aucune trace, des buissons, des branchages. Nous arrivons devant un ruisseau qu'il faut traverser à gué ; sur l'autre rive encore des broussailles. Je commence à avoir des égratignures : je suis en short! Françoise ne se plaint de rien : elle est couverte. 

Enfin arrivés dans une clairière, nous passons par un agritourisme. Les sympathiques propriétaires nous apprennent que nous sommes près de Caprese di Michelangelo, village natal de Michel Ange.

Il est plus de midi, on nous propose de manger quelque chose ; Françoise se laisserait bien tenter, mais moi je préfère continuer, ne sachant même pas combien de temps il nous reste pour atteindre Sansepolcro village étape.

 

Nous suivons ce fameux ruisseau en contrebas du hameau, en enjambant les pierres dans l'eau ou en suivant une trace. Par moments le chemin se perd dans les buissons, les ronces, et les branchages! Il n'y a rien d'indiqué. Nous marchons vraiment "en aveugle" en direction du lac Montedoglio. A certains endroits les buissons et ronces sont infranchissables, nous sommes obligés de faire demi tour.

Je suis couvert d'égratignures ; mes pieds se sont pris dans des branches d'épines, et une chaussette s'effiloche.  

A 14h30 nous arrivons devant un mur ; le lac est derrière! Françoise est contente, et moi je me demande ce que je fais ici!

Je lui avoue franchement que je n'aurai jamais fait la même chose tout seul.

Mais il est encore trop tôt pour tirer les conséquences de ce qu'il fallait ou ne fallait pas faire! 

Une chose est sûre dans ce qu'il ne fallait pas : c'était suivre son idée à elle.

 

Il faut passer par dessus ce mur, et traverser le ruisseau qui mène au lac.

De l'autre côté un pêcheur impassible nous observe! 

Nous faisons une pause avant de remonter à travers un champ labouré, et retrouver une route goudronnée. 

Françoise me parle de sa vie, et de ses problèmes... comme si c'était le moment! On ne sait pas où on est, et combien de temps avant de trouver un village!

Nous marchons sur cette route jusqu'au pont ; elle commence à ralentir le pas, et à être fatiguée! Elle me demande de continuer à mon rythme, ce que je fais! Au bout d'un moment, je ne la vois plus derrière! je m'arrête et j'attends un bon quart d'heure! Elle arrive tout doucement. Nous tentons le stop sans succès pendant longtemps. 

Une voiture quand même s'arrête, nous n'y croyons pas! Ils peuvent nous emmener à Anghiari qui se trouve à cinq ou six kilomètres, c'est toujours çà en moins!

Nous traversons le village d'Anghiari à pied, et au bout d'une longue route toute droite nous apercevons Sansepolcro.  Nous reprenons le stop! 

Quelques minutes plus tard, une voiture s'arrête, et nous prend! 

Nous arrivons enfin à Sansepolcro à 17h30 : petite ville très animée. Je n'ose pas imaginé l'heure d'arrivée si nous n'avions pas fait de stop!...

Notre chauffeur insiste pour nous payer à boire! 

Françoise préfère l'hôtel dans le centre ville. Moi je choisi d'aller chez les Cappuccini, sans être certain d'y être hébergé.

Notre chauffeur m'y emmène à pied : un bon quart d'heure par des routes qui grimpent au dessus de la ville!

 

A peine ai-je franchi la porte, un Frère me dit : "Pellegrino, camera, mangiare".! A croire que j'étais attendu.

J'ai une petite chambre avec vue sur Sansepolcro ; douche toilette à l'étage. Je suis seul avec trois Frères Capucins assez âgés.

Nous mangeons ensemble le soir, le dîner simple et copieux préparé par l'un des Frères.

 

Une très dure journée se termine ce soir en pèlerin, par un accueil chaleureux.

Merci Mon Dieu

Merci San Francesco di Assisi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passage du ruisseau

 

 

 

 

 

 

 

Après la traversée 

des buissons!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sansepolcro vu du couvent des Cappuccini

 

 

 

 


 

 

L'entrée du couvent Cappuccini

 

 

 

Sansepolcro

 

 

Eglise St Jean Evangéliste

 

 

 

Ferme en ruine

 

 

 

 

 

Eglise de Lama

 

 

Dimanche 27 septembre 2009

 

 

Une messe est célébrée à 8 heures dans la petite chapelle du couvent. Ensuite je quitte les Cappuccini un peu à regret : je me sentais bien ici, et on dit que cette ville mérite d'y rester une journée pour la visiter!

Le centre historique n'est pas aussi agité qu'hier soir ; seuls les bars ont leurs portes ouvertes, mais aussi la Cathédrale Saint Jean Evangéliste (patron de la ville). 

 

On quitte la Toscane pour l'Ombrie aujourd'hui.

Une petite route remonte, et ensuite un chemin près d'un hameau que je dois contourner. Les distances sur mon topo sont inexactes : il est écrit "100m plus loin vous quittez ce chemin pour prendre à droite un chemin à ornières"... Il y a au moins cinq cents mètres, avec entre ces deux distances une bifurcation menant à une ferme! Je dois me renseigner auprès des habitants et me remettre sur la bonne voie.

Belle descente à travers bois et prairie, puis la route à remonter jusqu'à Montecasale : il est 11 heures.

 

Montecasale

Avant l'an 1000, existait déja une fortification à Montecasale. Ensuite des moines construisirent un hospice de pèlerins. En 1212 le bâtiment fut donné à St François, qui est habité depuis par des Franciscains. A l'heure actuelle ils sont trois.

L'histoire de Montecasale est liée à la conversion de deux voleurs. St François est toujours présent dans ce petit couvent avec de nombreuses peintures, et les autels della Madonna, et du Crucifix. 

A l'extérieur, une grande statue de bronze représente San Francesco Patrono dell'ecologia. 

 

San Francecso à Montecasale

 

 

Le sentier forestier remonte et passe parmi des châtaigniers. 

Il y a trois anciennes fermes en ruines en moins d'une heure de marche! Ensuite nouvelle descente par le chemin de terre blanche : "la strada bianca". Les vues sur la vallée sont magnifiques.

Le topo guide n'indique aucun numéro de sentier à suivre : en grande partie aujourd'hui le 101.

Arrivé sur la route je rejoins le village de Pitigliano, et en continuant plus loin j'arrive à Lama à 14h45.

 

L'église moderne est ouverte : j'y reste plus d'une heure, espérant voir quelqu'un, mais personne ne vient!

Je dois chercher à me loger pour ce soir ; le topo indique un hôtel et un gîte. L'hôtel semble inanimé, sans vie! Je cherche où se trouve le gîte, en demandant à des passants.

Il est extraordinaire de voir plusieurs personnes cherchant à m'aider, au beau milieu de la route : l'un téléphonant à un ami pour lui demander où se trouve le gîte Barbarossa, un autre m'indiquant le chemin à suivre, et une dame à vélo ayant entendu la conversation, s'arrête et me demande de la suivre... et elle m'accompagne presque devant la porte! Je me sens en bonnes mains ici...

 

Arrivé au gîte, tout est fermé! Il n'y a personne...

J'allais partir, lorsqu'une voiture sort du garage. L'homme au volant me dit que le propriétaire habite la maison à côté ; j'y vais!

En me voyant le gars dit : "Ah camminare..."

Pour un prix raisonnable j'ai une chambre spacieuse, salle de bains, et la télé dont je ne me sers pas!

Pour manger ce soir, il m'indique le seul restaurant ouvert, et il faut préciser que je viens de sa part.

 

En effet, repas et service sont parfaits, et à un tarif préférentiel. 

 

Toute la différence entre hier et aujourd'hui : hier je n'étais pas sur mon chemin, aujourd'hui j'ai suivi ma voie.

Je n'ai jamais revu Françoise...

 

 

 


 

 

Lundi 28 septembre 2009

 

 

 

Je suis levé à 6 heures.

J'avais tout déballé de mon sac hier soir, et ce matin il me faut un certain temps pour tout ranger.

Ensuite je vais prendre mon cappuccino et mes croissants dans un bar.

 

Il fait très beau, et je quitte Lama à 8 heures.

 

Une route goudronnée et une ferme avec un poulailler. Je remonte par un chemin encore mal expliqué sur le topo, et une grande partie non balisée. Il faut marcher le long d'un champ, et prendre une trace à travers bois par des chemins blancs qui se ressemblent tous, et donc difficiles à savoir quel est le bon...  Je prends une mauvaise piste et suis obligé de remonter par un sentier rouge et blanc, sans savoir où il mène, mais forcément quelque part, puisque balisé! 

A un moment, je me retourne et j'aperçois au bout d'un champ, une chapelle en ruine, qui pourrait bien être la chiesa décrite sur le topo guide.

Je reviens en arrière pour reprendre un sentier à droite, et en haut d'une côte, j'arrive près d'une maison inhabitée et de la chapelle Santa Felicita en ruine. 

 

 

 

Un chemin conduit à d'autres fermes en ruines, et un petit lac. En descendant j'arrive à Pieve delle Rose, un hameau et une ferme avec des poules et des brebis qui gambadent. Il faut monter par un chemin pierreux et rocailleux, et grimper près d'une ruine par un chemin blanc très raide. Ensuite une forêt de chênes, et atteindre une crête par le "sentiero italia".

A partir de là, les chemins partent dans tous les sens, et les descriptions du topos ne sont pas précises. Je m'engage sur une mauvaise piste, et au bout d'une demi heure je retourne en arrière : il n'y a aucune indication nulle part! je passe du temps à chercher et faire des pas inutiles et fatigants sur ces chemins forestiers! 

Heureusement que je suis seul... je ne peux m'en prendre qu'à moi. Mais je me dis que si Françoise était là, elle aurait tenté de passer dans les ronces et les buissons pour arriver nulle part! 

Tout seul : mais je suis sur un chemin... Je reviens en arrière, peut être ai-je loupé quelque chose! 

 

A une intersection, où j'étais passé une heure plus tôt, je rencontre quatre hollandais qui cherchent aussi! 

La Providence nous aurait mis en présence les uns les autres, pour nous entraider ? 

Nous descendons par le seul chemin qui restait à voir, et sans indication : c'est le bon! Un peu plus loin, il y a des pancartes, et en trente minutes nous arrivons à Bocca Serriola : il est 16h.

Cette étape ne devait faire que 17 km, mais j'en ai sûrement fait 10 de plus, sans compter les dénivelées! 

 

Bocca Serriola est un hameau de trois ou quatre maisons en pleine forêt, avec un refuge (qui est parfois fermé). Les hollandais ont réservé, donc il est ouvert! Nous sommes cinq, répartis en trois petits dortoirs : nous pouvons nous mettre à l'aise.

Il y a un bar épicerie au bord de la route, et une meute de chiens derrière des grillages, qui hurlent au moindre bruit!

 

Le dîner est très correct, et ensuite je m'endors sans difficulté...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Santa Felicita

 

 

 

 

 

 

 

 

Champ de fleurs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le refuge 

à Bocca Serriola

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moutons dans

 la prairie

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapelle Caiciabocca

 

 

 

 

 

Gîte La Cerqua

 

 

 

 

Mardi 29 septembre 2009

 

Levé à 6h30

Petit déjeuner, et départ du refuge à 8 heures.

C'est toujours le grand beau temps. 

Le bon chemin est toujours difficile à trouver et ne correspond pas aux descriptions du topo.

Je cherche pendant une demi heure! Des allés venus pour tenter de trouver une marque, une pancarte, un écriteau....

Mon topo parle d'une étape entièrement balisée : " niente" !

Un panneau indiquant : Pietralunga 6B...  (il n'existe pas).

 

Bientôt, les quatre hollandais arrivent ; ainsi que quatre autrichiens (un jeune couple et leurs parents). Je ne sais pas d'où ils viennent, mais je ne les avais jamais vu! 

Nous voila maintenant neuf à tourner en rond pour chercher le chemin : les uns avec leur "outdoor" en allemand, les autres leur topo en néerlandais, et moi mon bouquin en français! Nous nous apercevons qu'aucun des trois guides n'est vraiment exact! 

Mais enfin, il est rassurant d'être plusieurs à chercher la solution, au lieu de partir n'importe où à l'aventure!

Nous venions d'en haut, et à une intersection  j'avais exploré sans succès un chemin partant à gauche ; nous décidons tous les neuf de continuer à droite... 

La descente mène dans des prairies, des fermes, un paysage agréable et vallonné. Nous faisons une pause près d'un petit pont dans la forêt.

Tout est calme, serein ; je ne sais même pas où l'on est exactement, mais qu'importe! Je ne me sens pas perdu...

Au bout d'un moment, je repars en suivant ce large chemin, et une pancarte indique Pietralunga avec une flèche... Voila! on est bien sur la bonne voie. Il y a des champs à traverser ainsi que des fermes. Les autrichiens s'arrêtent pour la pause casse-croûte, les hollandais sont restés à l'arrière, moi je continue!

Un peu plus loin, une route sans circulation, et des panneaux en bois indiquant la direction. 

Ca devient presque enfantin! 

Au lieudit Caiciabocca, le long de cette route forestière, il y a une chapelle porte close, et à quelques mètres contre un arbre, un bâton sans doute abandonné par un marcheur, ou oublié : je le récupère en me disant qu'il me servira peut-être... (Je le garderai jusqu'à Rome, et même de retour à Paris).

 

En suivant une flèche rouge et blanche marquée "Santiero Francescano", je remonte par des champs labourés, et le chemin mène au gîte rural "La Cerqua". Il est à peine midi et demie!

Je pensais arriver plus tard... surtout après avoir longtemps chercher le chemin! 

 

L'appellation de gîte rural sur le topo guide me donnait l'impression d'un "gîte refuge" ; mais en fait il s'agit d'un agritourisme  chambres d'hôtes! 

Le bâtiment est magnifique,  entouré d'un grand jardin verdoyant. Il y a des chambres libres : je pose mon sac et mon bâton. Je reviendrai plus tard! Pour le moment, Pietralunga est à moins d'une demi heure, alors j'y vais sans sac à dos!

 

L'Eglise Santa Maria à Pietralunga

 

Un bout de chemin et une route remontant dans le centre, et me voila devant l'église Santa Maria du 8e siècle! A l'arrière se trouve une salle paroissiale avec du monde en réunion, et à l'extérieur des Carabinieri et autres personnes civiles auprès desquelles je n'hésite pas à me présenter comme pèlerin à pied... pour avoir le tampon sur ma crédentiale, ce que j'obtiens sans difficulté et avec la sympathie des autorités!

Sur cette place se trouve une Tour du 8e siècle : la Rocca Longobarda, et le Palazzo Comunale de la fin du 15e siècle.

 

Dans une pizzeria je vais manger une assiette de Pasta et boire une grande bouteille d'eau.

 

Il est quatre heures de l'après midi, lorsque je retourne au gîte La Cerqua. Les hollandais sont arrivés et sirotent leur bière!

Les sympathiques propriétaires m'indiquent ma chambre : c'est le grand luxe! Tout est spacieux, beau, meublé et décoré avec goût.

Le dîner le soir, servi à l'assiette est excellent, raffiné et copieux... 

 

 

 


 

Mercredi 30 septembre 2009

 

Le petit déjeuner est tout aussi copieux que le repas hier soir!

La Cerqua est une référence, et sans aucun doute le meilleur agritourisme  que j'ai trouvé sur mon chemin... Certes, il s'adresse plus aux touristes qu'aux pèlerins, mais cette étape m'a redonnée le moral après des journées de marche difficiles, et il m'en a coûté, j'ose dire "que" 60 € tout compris; ce qui est souvent le prix d'une chambre d'hôtel très moyen dans un village touristique!

Grazie, Signore e Signora Martinelli...

 

 

Les hollandais sont prêts à partir aussi.

Je retourne à Pietralunga : le magasin d'alimentation est ouvert et je me réapprovisionne pour mon casse-croûte.

Il est 9 heures! Ce matin je décide de laisser mon topo guide dans mon sac : avec ses indications erronées il ne m'est d'aucune utilité! 

Il y a des pancartes Via Francigena, des flèches rouges et blanches, et des "Tau" peintes en jaune, sur les murs, les poteaux et les arbres. 

Il faut passer par de petites routes sans circulation, et des chemins forestiers parmi des chênes et des sapins. On traverse une zone boisée clôturée à droite avec des inscriptions sur l'expérimentation de culture de truffes sur parcelles protégées.

Le paysage est très agricole avec ses nombreuses fermes et ses hameaux. 

 

J'ai retrouvé en chemin les quatre autrichiens d'hier : ils ont été dans un hôtel à Pietralunga! 

Je n'ai pas de problème ce matin, tout est bien balisé : il suffit de suivre les flèches et les marques, mais il y a plus de bitume que les autres jours! Après une longue descente, j'arrive dans la plaine, et une longue route goudronnée, heureusement peu fréquentée. Je rencontre un couple d'italiens, apparemment pressés d'arriver à Gubbio, malgré qu'ils aient réservé, donc assurés d'avoir un lit... Je les laisse filer : je sais que nous n'empruntons pas tous les mêmes voies! 

 

 

Il n'est pas 15 heures, lorsque j'arrive à Gubbio, et c'est très bien : cette ville mérite d'être visitée.

Le topo indique la maison d'hôte du couvent San Secondo, mais il ne reçoit pas les individuels ; seulement les groupes!

Je trouve un petit hôtel près de l'église San Francesco.

 

Gubbio est une ville très ancienne, son Théâtre romain du 1er siècle, l'atteste.

Le centre historique est constitué de petites rues et de bâtiments moyenâgeux. 

Le Palais des Consuls où siège le pouvoir communal a été construit de 1332 à 1337. 

De son esplanade, la vue se dégage sur la ville et toute la plaine. 

L'église San Francesco du 13e siècle, et à l'extérieur la statue du Saint ayant apprivoisé le loup, près de Gubbio.

 

Statue de San Francesco et le loup à Gubbio

 

 

 

 

 

 

 

Au départ de 

La Cerqua

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

San Francesco à Gubbio

 

 

 


Eglise San Francesco

à Gubbio

 

 

Eglise San Giovanni et le Palais des Consuls

 

 

Arcades Palais des Consuls

 

Théâtre Romain

 

 Jeudi 1er octobre 2009

 

 

Beau temps, mais plus frais ce matin.

Mon étape étant relativement courte aujourd'hui, je continue la visite de la ville pour avoir une lumière différente d'hier après midi. 

Je quitte Gubbio à 11 heures par la Porte San Pietro ou Vittoria.

 

Un petit détour par l'église della Vittoria, construite à l'emplacement où les premiers Frères Mineurs s'étaient installés en pleine forêt jusqu'en 1240. En face de l'église, une immense fresque en bronze retrace la rencontre de St François avec le loup sur ces terres. 

 

Le chemin est balisé rouge et blanc n°2, avec des flèches jaunes.

Il faut continuer sur une longue route toute droite. En me retournant, Gubbio apparaît clairement sur la  pente du Mont Ingino, avec à l'arrière les premiers contreforts des Apennins.

La route se rétrécit un peu, avec des maisons en bordure et des jardins. Ensuite on traverse des champs jaunis et secs. Plus loin, une réserve de chênes pour la culture de la truffe. 

En haut d'une colline j'arrive à l'agritourisme La Brocca de Valdichiascio à 14 heures : une grande maison au milieu des prairies. Je ne vais pas plus loin ; il n'y a rien avant plusieurs kilomètres!

 

 

 

Les quatre hollandais arrivent ici aussi!

 

 

La nuit est étoilée, et la lune lumineuse.

Grand calme, Paix, Sérénité. 

 

 

Chapelle della Vittoria

 

 

Bas relief en bronze

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gubbio et les Apennins

 

 

 

 


 

Vendredi 2 octobre 2009

 

Je pars du gîte à 8h45. Le ciel est nuageux ce matin, et les quatre hollandais ne sont pas encore prêts... d'ailleurs je vais les perdre de vue : ils doivent s'arrêter à Assise, et je ne les reverrai pas.

J'ai préféré suivre les marques rouges, blanches, rouges et les flèches jaunes, plus fiables que les descriptions fantaisistes du topo.

Un chemin de terre blanche (strada bianca) passe par la forêt de chênes et les prairies. Des ruisseaux à traverser en sous bois. Arrivé sur une colline avec une belle vue de chaque côté, je distingue au loin l'Abbaye de Vallingegno, où St François s'était retiré, après avoir abandonné ses biens.

En bordure du chemin, la petite chapelle de Ripe, où j'inscrit quelques mots sur le carnet posé derrière la grille.

Un peu plus loin, j'arrive devant le monastère San Pietro in Vigneto. Au moyen âge les pèlerins étaient accueillis dans ce couvent. A l'heure actuelle il est fermé, et habité paraît-il par un seul moine!

Il est probable que  St François ait trouvé l'hospitalité dans ce monastère, lors de ses voyages. C'était la seule route entre Gubbio et Assisi, dès 1206. Une tour et l'hôpital des pèlerins ont été construits en 1336.

Près des grilles d'entrée sur le mur, il y a de belles peintures et représentations d'icônes. 

 

Le chemin se poursuit vers le château de Biscina, ressemblant plutôt à une ruine, mais une partie du domaine est devenu un Agritourisme.

Plus loin, la chapelle de Coccorano : une vraie ruine! Des pierres menacent de tomber : interdiction de franchir les limites balisées.

Ensuite, la plus grande partie est sur le bitume. J'arrive à Valfabbrica à 15h30, avec un soleil radieux!

 

La première chose, comme chaque fois que cela est possible, je vais à l'église. D'abord pour remercier Dieu de m'avoir aidé pendant cette journée, et Saint François pour m'avoir montré la voie, son chemin.

Ensuite en arrivant dans les villages, c'est dans les églises que je trouve souvent les solutions pour l'hébergement du soir. Aujourd'hui dans Santa Maria Assunta il n'y a personne, mais après un moment une dame arrive, et m'indique où se trouve l'Ostello Francescano. 

 

En passant par les petites rues du centre, je suis interpellé par une jeune femme ; elle a reconnu le pèlerin! Il est vrai qu'avec mon sac à dos, mon bâton, et mes chaussures de marche je ne passe pas inaperçu.... C'est elle, Manuella qui a la clef de l'Ostello, et s'occupe des repas.

Pour le moment je suis seul, et je m'installe dans un  petit dortoir.

 

Tout va très bien, la Providence est toujours avec moi.

 

Vers 19h, arrive une pèlerine française, jamais vu avant, mais qui a fait une grande étape. 

Elle terminera sa marche à Assise après deux ou trois jours de pause : nous nous reverrons. 

La place ne manque pas, elle s'installe dans un autre dortoir.

Nous prenons notre repas ensemble, sous l'œil attentif de Manuella, qui ne parle pas un mot de français, mais c'est aussi pour nous l'occasion de faire un effort en italien...

 

Ce soir aussi je n'ai aucune difficulté pour trouver le sommeil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Campagne matinale

 

 

 

 

Chapelle de Ripe

 

 

 

 

 

Au Monastère 

San Pietro

 

 

 

 

Château de Biscina

 

 

 

 

Arrivé à Valfabbrica

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Campagne matinale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oliveraie et Assise 

au loin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Basilique 

San Francesco

 

 Samedi 3 octobre 2009

 

Je suis réveillé bien avant le lever du jour! 

De la fenêtre j'assiste à l'extinction de chaque étoile.

Prêt de bonne heure, je sors du gîte à 7h15 sans bruit : la pèlerine doit dormir. 

 

Le bar du village est déjà plein de monde! Je prends mon cappuccino avec deux croissants, et ensuite je me mets en route à 7h40...

L'étape est courte, je veux arriver à Assise de bonne heure.

 

Aujourd'hui je suis pratiquement à mi chemin de Rome, mais le plus important, le but de ce pèlerinage  est d'être à Assise pour la fête de Saint François.

 

Une petite route mène à un chemin blanc qui passe par un bois de chênes au creux d'un vallon, et remonte sur une piste avec de nombreux 4x4 de chasseurs. En chemin je rencontre plusieurs de ces "guerriers" en tenue de camouflage. A voir les chiens aboyants et hurlants, je me demande si les pauvres futures victimes sont assez "bêtes" pour attendre de se faire assassiner!...

Saint François, grand défenseur de la nature et des animaux, doit être bien triste de voir tout cela.

 

Il y a des champs d'oliviers : je n'en avais pas vu beaucoup jusqu'à présent. 

Au détour d'un virage, se distingue au loin sur une colline, une église! En avançant un peu plus, je reconnais la Basilique San Francesco, souvent vue en photos. Plus j'avance, plus elle se détache et se rapproche. Sur la droite dans la plaine, le Dôme de Santa Maria degli Angeli est reconnaissable aussi. 

 

Il fait très beau : le ciel est limpide, sans nuage, et le soleil chauffe. Un temps estival!

Le chemin blanc file tout droit au milieu des oliviers et des vignes. Ensuite une petite route, la via Padre Pio, mène à un croisement où se trouve la statue de Saint Pio de Pietrelcina.

La route remonte sur la colline, et j'entre à Assise par la Porte San Giacomo. La Basilique San Francesco est dans la perspective de la rue qui descend vers l'esplanade gazonnée. Il est à peine 10h45... Il y a beaucoup de monde.

 

J'entre à l'intérieur de la Basilique. 

Long moment de prières pour toutes les intentions qui m'ont été confiées, mais aussi pour mes propres intentions.

 

Cette Basilique est constituée de deux édifices qui se superposent. L'inférieur construit entre 1228 et 1230 dans la roche, et le supérieur de 1230 à 1253 de style gothique. Giotto grand artiste du 14e siècle a peint les 28 tableaux retraçant la vie de San Francesco di Assisi.

Il y a la foule et une file d'attente importante, pour descendre dans la crypte ; mais qu'importe! malgré ma tenue de marcheur, mon sac à dos et mon bâton, j'essaie de me glisser parmi les touristes du monde entier!

Plusieurs minutes de recueillement devant la tombe de Saint François.

 

Je passe une grande partie de l'après midi à l'intérieur de la Basilique, ou à circuler dans la rue principale. Ensuite je prends un bus pour me rendre à Santa Maria degli Angeli à 3 km. Je suis un peu fatigué d'être resté toute la journée avec mon sac sur le dos, même si j'ai peu marché!

 

(*) J'ai réservé pour trois jours, et depuis un certain temps au gîte "La Perfetta Letizia" qui est un bâtiment attenant à l'arrière de la Basilique Santa Maria degli Angeli . Le gîte n'ouvre qu'à 17 heures, donc je ne me presse pas!

Je fais la connaissance de la sympathique Angela, gardienne des lieux : mais aussi gérante et cuisinière, et a écrit un guide "Di qui passo Francesco" de La Verna à Poggio Bustone.

J'ai tout juste le temps de poser mon sac, et de retourner à la Basilique Santa Maria degli Angeli où vont commencer les Vêpres solennelles à 17h30 pour marquer le début de la fête de Saint François.

Mais avant, un cortège se forme avec la participation des Présidents de régions et de la province della Basilicata dell'Umbria, des musiques, et fanfares. 

 

La Basilique, pourtant de taille imposante, est pleine à craquer! J'ai du mal à me faufiler et m'avancer au maximum. Je suis stoppé par un mur humain.... Impossible d'aller plus loin! 

Je suis à quelques dizaines de mètres de la "Porziuncola" : chapelle qui était construite dans la forêt, et lieu d'apparitions des anges, que Saint François remet en état en 1209 et où il fonde l'ordre des frères mineurs. Elle fut ensuite transportée ici dans le chœur de la Basilique Ste Marie des Anges après sa construction.

 

Dans la Porziuncola, San Francesco comprit qu'il devait vivre selon le saint Evangile, et il envoya ses premiers frères prêcher la Paix dans le monde.

Dans la Porziuncola Sainte Claire renonça aussi  au monde, et fit vœux de pauvreté.

 

C'est dire si ce lieu a une grande importance, et je ressens une profonde émotion.

 

Les vêpres solennelles ont lieu en présence du Cardinal Attilio NICORA Legato Pontificio per la Basilica, et de l'Archevêque de Matera-Irsina, et en présence de nombreux Evèques et Prêtres.

 

(*)La Perfetta Letizia a définitivement fermée ses portes en fin 2010 !


 

De retour au gîte, j'ai le temps de prendre une douche, et me changer avant le dîner.

La pèlerine rencontrée hier à Valfabbrica est là aussi. Elle s'appelle Michèle.

Nous sommes assez nombreux, je crois même que c'est complet! 

Il y a plusieurs nationalités différentes : un groupe d'italiens commence le chemin lundi entre Assise et Rieti, sous forme de méditation, et une brésilienne a vue ma signature sur le carnet de la chapelle de Ripe hier, et a reconnu et suivi, parait-il mes pas!...

 

Statue de Padre Pio

 

 

 

Basilique 

San Francesco

 

 

 

 

 

 

Basilique

Santa Maria 

degli Angeli

 

 

 

 

 

Cortèges des musiques pour la procession.

 

 

 

 

 

 

 

Porziuncola

 

 

 

 


 

 

 

Basilique Santa Chiara

 

 

Cathédrale 

San Rufino

 

 

 

 

 

Maison à Assise

Dimanche 4 octobre 2009 

San Francesco Patrono d'Italia.

 

J'aurais bien été à la grande messe solennelle à la Basilique San Francesco, mais avec le monde qu'il y a, et en suivant certains conseils, je ne voulais pas prendre le risque de rester à l'extérieur, et suivre l'office sur les écrans  géants filmé par la télévision italienne.

Je suis donc resté à Sainte Marie des Anges, où une grande messe était célébrée à 9 heures dans l'abside à l'arrière de la Porziuncola, près de la chapelle du Transito où mourut Saint François le 4 octobre 1226.

Ce jour est un grand moment en ce lieu.

 

Dans l'après midi, je visite la Basilique Santa Chiara fondatrice de l'ordre des Clarisses, après avoir suivie les pas de San Francesco. 

 

A 16 heures, procession, vêpres solennelles, et Bénédiction clôturent  ces deux journées de la San Francesco, et marquent cette année le 800e anniversaire de la Fondation de l'Ordre des Frères Mineurs.

 

Note personnelle 

Ma Maman a quitté ce monde, deux semaines exactement avant de commencer mon pèlerinage à Florence. Elle aurait été heureuse de recevoir des cartes postales tout au long de ma pérégrination, et que je lui parle d'Assise à mon retour. 

Dieu a décidé autrement : peut-être pour ne pas interrompre mon pèlerinage, si cela était arrivé les semaines suivantes...

 

Depuis hier je cherche dans les églises d'Assise, à faire dire une messe ; cela paraît très simple bien sûr, les possibilités ne manquent pas, mais suis-je exigeant? Je voudrais qu'elle ait lieu avant de quitter Assise mardi matin.. 

Je suis un peu déçu : on est incapable de me donner  une date et une heure pour cette célébration, et pas avant une ou deux semaines!.  

Je ne vois pas l'intérêt de faire dire une messe sans connaître le jour, et sans y assister.

 

Je me dis que je trouverai pour cela, une église ou une chapelle sur le chemin de Rome.

 

 

 

 

 

 

Suite de la Crédentiale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

La Perfetta Letizia :

entrée du gîte : 

 

et la cour intérieure

 

 

 

 

 

 

 

Santa Maria degli Angeli, vue d'Assise

 

 

 

 

Lundi 5 octobre 2009 

 

Ma troisième journée à Assise était prévue pour mieux visiter avec moins de monde : la plupart des touristes sont partis hier soir. 

Je vais pouvoir prier et me recueillir au calme dans les Basiliques!

 

Après le petit déjeuner au gîte, je prends le bus pour monter à Assise.

Le temps est toujours très beau.

 

Je monte à la Basilique San Francesco à 9 heures, et je vois du monde dans la chapelle Sainte Catherine ; il n'y a pourtant rien de prévu, ni d'affiché à cette heure ce matin.

Je n'imaginais pas que cela se produirait. Une messe commence, et en français, célébrée par un Evèque!... Aurais-je été poussé ici par la Providence, à ce moment précis? Aujourd'hui 5 octobre ma mère aurait fêté son anniversaire! Aujourd'hui un mois jour pour jour qu'elle est décédée!... 

Moi qui voulais faire dire une messe, cette cérémonie toute simple est un cadeau de Dieu, et je prie très fort pour ma mère et mon père aussi décédé il y a quatre ans.

 

Je discute ensuite avec les personnes présentes, des pèlerins de la Marne venus à Assise avec l'Evèque de Châlons en Champagne. 

 

Toute cette journée, je me promène : je monte à la Rocca Maggiore : forteresse du 12e siècle, au sommet de  la colline et domine toute la plaine.

C'est aussi le jour de marché dans toutes les rues d'Assise.

 

 

Je ne veux pas manquer les Vêpres à la Basilique Santa Maria degli Angeli  à 18 heures, ainsi que la bénédiction des pèlerins.

Je suis le seul pèlerin à pied à recevoir la bénédiction par un Frère Franciscain au milieu de la Porziuncola, pendant que des fidèles prient.

Nouveau grand moment d'émotion.

 

 

 

De retour au gîte, Angela prépare le dîner, mais elle prend le temps de me conter l'origine du nom :  "La Perfetta Letizia"... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Rocca Maggiore

 

 

 

 

Vue sur Assise, de 

La Rocca Maggiore

 

 

 

Maison natale de Santa Chiara

 

 

 

 

 

 

San Francesco

 

 

 

"La Perfetta Letizia"...

La joie parfaite selon Saint François d'Assise

 

 

Comment Saint François, cheminant avec frère Léon, lui exposa ce qu'est la joie parfaite.

Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d'hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : 

« O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n'est pas point la joie parfaite. »

Et saint François allant plus loin l'appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait voir les aveugles, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l'ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est un plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »

Marchant encore un peu, saint François s'écria d'une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »

Allant un peu plus loin, saint François appela encore d'une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu'il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »

Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d'une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n'est point la joie parfaite. »

Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous persistons à frapper, et qu'il sorte en colère, et qu'il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d'ici misérables petits voleurs, allez à l'hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l'amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu'il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s'il sort avec un bâton noueux, et qu'il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les noeuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu'en cela est la joie parfaite.

Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l'Apôtre : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu de Dieu ? et si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre Seigneur Jésus Christ. »

À qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.

 

 

 

 

 

 

Santa Chiara

 

 

 

Prière du pèlerin 


Mardi 6 octobre 2009

 

Debout à 6 heures. 

Je quitte le gîte "la Perfetta Letizia", sans bruit à 7h.

A la Basilique Santa Maria degli Angeli, la messe commence.

Ensuite je prends le bus pour monter à Assise, Piazza Matteoti : terminus.

 

Dans un bar, je prends mon habituel cappuccino et deux croissants. 

Pourquoi deux croissants? En Italie ils sont toujours fourrés de confiture, ou chocolat, ou crème :  ce n'est pas terrible pour le régime et les calories, mais la plupart du temps je ne mange rien d'autre avant le soir!... alors je peux me permettre un écart le matin!

 

Il est 8h20 lorsque je commence à monter jusqu'à la Porte Cappuccini, et suivre le chemin assez raide à travers bois menant à une route goudronnée  Au milieu des arbres se trouve l'Eremo delle Carceri, actuellement couvent habité par quelques Frères Franciscains, mais St François venait se réfugier et prier dans une grotte toute proche.

 

Je ne sais pas ce qui s'est passé ; j'ai suivi une flèche jaune et un Tau sur un arbre au bord de la route où ne passe aucune voiture et j'ai continué sans voir aucun balisage! Je ne m'inquiétais pas car la direction me paraissait bonne. Au bout d'un moment je rencontre enfin un promeneur, qui m'indique un chemin un peu plus loin sur la gauche. 

Sans aller jusqu'au sommet du Subasio, ce chemin blanc remonte par les bois de chênes en passant par des grandes antennes et arrive ensuite à la Fonte Bregno, où je retrouve le sentier balisé rouge et blanc n°50 que j'avais perdu de vue!

 

La descente par ce sentier mène à un chemin blanc dans les bois, et ensuite une piste toute droite et en pente entourée de champs d'oliviers.

Il fait très beau et même chaud! J'arrive à Spello à midi vingt.

Je ne vais pas plus loin. Ce village construit sur une colline avec un panorama dégagé sur toute la plaine Ombrienne, me plait beaucoup!

La cité d'aspect médiéval, est entourée de remparts avec plusieurs portes d'origine romaine, et plusieurs églises, dont Santa Maria Maggiore du 13e siècle qui renferme de nombreuses peintures et fresques. 

 

De l'esplanade, la vue très lointaine est resplendissante. Assise que j'ai quitté ce matin, paraît très proche!

Je ressens un pincement au cœur : j'ai l'impression que quelque chose est resté là-bas, ou je n'ai pas fini ma visite... 

C'est une sensation étrange qui me poursuivra en voyant Assise s'éloigner pendant plusieurs jours de suite.

 

Je me mets à la recherche d'un hébergement pour la nuit :  en arrivant j'ai vu le couvent des Clarisses Vallegloria, mais il n'y a personne. Je fais plusieurs tentatives sans succès. 

Dans le centre historique se trouve le couvent Santa Maria Maddalena, des sœurs Agostinianes. Après avoir sonné à l'interphone le gardien vient m'ouvrir. Il est stupéfait quand je lui dis que je suis pèlerin à pied depuis Florence : il n'en croit pas ses yeux! 

"C'est pas possible... à pied, et tout seul? "

Il n'y a pourtant rien d'extraordinaire à cela. C'est bien la preuve qu'il n'y a pas grand monde à pied sur ce chemin! 

D'ailleurs il reconnaît que de temps en temps, passent des "pseudo-pèlerins" plutôt en voiture! 

Je suis seul ici dans une petite chambre où il ne manque rien, et pour un prix "pèlerin".

Après avoir pris ma douche, je retrouve ce gardien assis sur un muret de la terrasse, et répéter : "vous venez à pied de Florence à Rome?"

Il avait l'air abasourdi... interloqué!... J'espère qu'il s'en est remis!

 

Le soir je vais dans une pizzeria, manger une énorme pizza!

 

 

Campagne Ombrienne

 

 

 

 

En arrivant à Spello

 

 

 

Vue sur la vallée et Assise

 

Fontaine à Spello

 

dans le village de Spello

 

 

 


Cathédrale San Feliciano à Foligno

 

 

Tout n'est pas rose sur le chemin : 

 

mais plus loin la nature est belle.

 

 

Vue de Trevi sur la plaine jusqu'à Assise

 

 

Piazza Mazzini

 

 

Collines d'oliviers à Trevi

 

 

 

 

Coucher de soleil

 

Mercredi 7 octobre 2009

 

A la messe de 7 heures dans la petite chapelle, est le seul endroit où j'aperçois les quelques religieuses du couvent.

Je vais prendre ma "prima colazione" habituelle dans un café près de la Porta Consolare à la sortie de la ville.

 

Il fait beau et chaud.

8h40, je vais suivre les balisages et panneaux de la Via Francigena, et via di Roma, ainsi que les T jaunes.

Malheureusement, la plus grande partie de l'étape se déroule sur la route goudronnée, et en bordure d'une strada à grande circulation. 

Une heure après mon départ, j'arrive à Foligno : une ville importante! Je n'imaginais pas traverser une si grande agglomération. Il faut un temps fou pour arriver dans le centre, et là, gros problème! il n'y a plus d'indication, et il faut chercher au milieu des voitures, et les rues commerçantes ne mènent pas où je veux. 

Pour retrouver un itinéraire dans une ville, il faut aller jusqu'à l'église principale, la Cathédrale : ici le Duomo, ce qui me permet de visiter l'intérieur de style néoclassique avec des fresques du 18e siècle.

La construction date du 12e siècle et dédiée à San Feliciano de Foligno ; sur la façade principale de nombreux vitraux et une loggia.

 

Je suis entré par une porte, et je ressors par un autre côté : juste en face il y a ce que je cherche : un panneau jaune et bleu avec des clefs "via di Roma"... Un symbole que je vais revoir souvent sur les balisages.

Cette rue mène à l'office touristique, où je me renseigne sur l'itinéraire. Une dame très sympathique me remet une carte avec la description des étapes jusqu'à Piedilucco, ce qui ne correspond pas beaucoup avec mon topo guide... mais avec deux descriptifs différents pour les quatre prochaines étapes, je peux choisir le meilleur... ou le moins mauvais! 

Enfin, c'est ce que je pense.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Porta Romana de Foligno franchit, je continue sur la strada asphaltée en passant par San Eraclio. La route est toujours fléchée avec un Tau peint en jaune, mais après trois heures de marche sur le goudron, la poussière, la pollution, et les odeurs d'essence, je commence à avoir mal à la gorge...

J'arrive sur un chemin de terre avec des poubelles éventrées, des sacs d'ordures, des déchets de toutes sortes! Pas très écologique tout çà... 

Heureusement un peu plus loin il y a des oliviers, et j'atteins une nouvelle petite route, en passant par l'église St Clement à Mattige.

 

Un chemin remonte sur la route panoramique qui offre une nouvelle vue magnifique sur toute la plaine. Il est 13h50 : j'arrive à Trevi.

Une petite ville médiévale qui me plaît, et se dresse fièrement sur la colline. 

Là aussi, des remparts, la Porta Nuova, une esplanade ensoleillée avec le panorama  qui s'étend. Dans le centre historique, la Piazza Mazzini, et l'église Sant Emiliano du 12e siècle.

Sur la droite, le paysage et toute l'importance de Foligno que j'ai traversé ce matin, et au delà sur sa colline, Spello. Encore plus loin, je vois encore Assise, et le Rocca Maggiore au dessus, et encore plus haut le Monte Subasio!

Nouvelle sensation de pincement au cœur. Je regrette d'avoir quitté Assise, je deviens nostalgique... Il est vrai que depuis hier, je ne retrouve pas le même esprit que les jours précédent Assise! 

Sur ce chemin il y a l'avant et l'après Assise, comme si c'était deux choses différentes! Cela ne vient pas du paysage, car il est absolument magnifique, avec ces villages, et les champs d'oliviers :  je n'en avais jamais vu autant! 

Mais voila, il me manque quelque chose depuis mon départ d'Assise ; maintenant qu'il s'éloigne chaque jour un peu plus, chaque fois que je me retourne je le distingue un peu moins.

 

Je vais à l'office de tourisme pour me renseigner sur les possibilités "d'hébergement pèlerin". On m'indique un monastère en descendant sous les remparts. Il s'agit des Benedettines Santa Lucia. 

Je pense qu'il doit y avoir seulement deux ou trois chambres ; j'en obtiens une sans difficultés. Ici aussi je suis seul pèlerin! 

 

Dans la soirée, le coucher de soleil est splendide sur les champs d'oliviers qui se tintent en ocre doré, derrière la chapelle du couvent.

 

 

 

 


Jeudi 8 octobre 2009

 

Il y a du monde, et surtout les ouvriers des nombreux chantiers de la ville, qui viennent prendre leur café à 7h  dans le bar de la Piazza Mazzini.

A 7h40 je descends la petite route pour atteindre au bas de Trevi, un chemin entre champs, fermes et hameaux agricoles : Alvanischio, I Campiori, une fontaine, des champs d'oliviers à perte de vue! On dirait que les montagnes sont couvertes d'oliviers ; mais ce sont plutôt des collines... 

Derrière moi, disparaît Assise dans une légère brume, où je ne distingue qu'un trait blanc et au dessus un point blanc qui est le Rocca Maggiore! Un peu de tristesse m'envahit de nouveau. 

Spello aussi s'éloigne derrière les crêtes boisées, mais le paysage est agréable avec ses cultures d'oliviers en terrasses. 

Aujourd'hui aussi je suis sur un chemin panoramique, un balcon sur toute la plaine qui s'étale au bas, les villages, la route, et la ligne de chemin de fer. 

Je passe par le village de Castello di Campello, le hameau de Lenano. Il y a de la menthe sauvage du thym et des fleurs parfumées sur les sentiers. J'arrive à Poreta à 11 heures. 

J'ai fait 12km400 d'après le fascicule de l'office de tourisme. Je monte au Castello di Poreta, qui n'est qu'une ruine, mais surtout pour être encore plus haut et voir plus loin... 

 

Il y a de nombreux coups de fusils de chasseurs dans les bois et sur ce chemin.

Plusieurs petits villages à traverser : Bazzano supérieur ;  Santa Maria et ses maisons en balcon panoramique sur une butte.

Il faut suivre une portion de route goudronnée à Bazzano inférieur, et ensuite un chemin dans les oliviers. 

A partir de Eggi, c'est encore une route pas très large mais avec une circulation importante.

Les six derniers kilomètres pour arriver à Spoleto, sont éprouvants sur cette strada. Il faut traverser un grand rond point avec plusieurs routes, où les voitures sont "Reines"... Le piéton n'a pas sa place ici! et pourtant il y a une flèche jaune "Via Francigena"... 

 

Je passe devant le couvent San Ponziano, indiqué comme hébergement par mon topo. Après avoir sonné à l'entrée, j'attends un bon moment avant qu'on me demande de passer par l'autre porte pour rentrer. Il est 15h40.

Ce sont des chambres d'hôtes et on me fait savoir que c'est complet! Un couple vient d'arriver et ils ont pris la dernière chambre... 

Je suis un peu dépité ; il est décrit comme étant un hébergement de pèlerins, et ce couple a plutôt l'air de touristes, et je ne les ai jamais vu avant! 

De plus, ce soit disant couvent avec espace accueil et hôtesse, respire plus le luxe que l'hébergement pèlerin. 

 

Qu'importe! je repars ; la ville est importante et je trouverai bien un lit... 

En arrivant dans le centre de Spoleto, je remonte en direction de la Cathédrale Santa Maria Assunta, de style roman construite au 12e siècle. C'est le joyau de la ville avec sa façade ornée de rosaces et d'arcs en ogives, et une mosaïque de 1207 représentant le Christ avec la Vierge Marie et Saint Jean. 

A l'intérieur, nombreuses fresques et peintures de Filippo Lippi du 14e siècle, et de Pinturicchio. 

 

A la sacristie, je fais mettre le "timbro" sur ma crédentiale, et je demande s'il existe un hébergement de pèlerin. Un prêtre m'indique le couvent des Frères Mineurs Cappuccini à l'autre bout de la ville.

Je dois passer par le centre, et la grande route principale pour remonter ensuite sur une colline. Une demi heure après, je sonne sans avoir prévenu. Il est 17 heures, un Frère vient m'ouvrir. J'explique ma situation de pèlerin à pied. 

Avant l'entrée dans le couvent à droite, se trouve une grande pièce avec une table et des chaises, et une chambre avec deux lits. A côté une douche et wc.

Merci Mon Dieu de m'avoir guidé jusqu'ici.

Peu de temps après moi, arrive ici un homme sans domicile qui demande à être hébergé cette nuit. Il s'appelle Giovanni,  ne parle pas beaucoup, et apparemment il connaît les lieux : Frère Bernardo qui m'avait reçu, lui montre le deuxième lit dans la chambre. 

 

Dans la chapelle de l'Immaculée Conception ont lieu les Vêpres.

 

Dans la soirée, arrive un autre sans domicile qui demande à être hébergé, mais il n'y a plus de place... Le Frère lui explique la situation, mais le gars ne comprend pas que sa place est prise!

Moi j'ai l'impression d'être de trop! l'atmosphère est pesante, la discussion s'éternise entre eux, d'autant qu'il est lui aussi un habitué des lieux! Je suis gêné, j'ai des scrupules. Ma situation de pèlerin ne me donne pas le droit de me substituer à un sans domicile! Même si je suis arrivé avant... 

Cet état de chose me met mal à l'aise, j'ai les moyens de payer une chambre d'hôtel, et je prends la place ici de quelqu'un qui ne sait pas où aller! Si je l'avais su, je serai resté en centre ville.

 

Un peu plus tard, on nous fait passer deux plateaux repas pour Giovanni et moi : soupe, veau petit pois, et pomme.

Après cela, je ne vois ni n'entend plus personne ;  il est 20 heures Giovanni va se coucher, et moi aussi!

 

 

 

 

mon ombre en chemin

 

 

 

 

Castello di Campello

 

 

 

 

 

 

 

 

la Campagne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cathédrale Santa Maria Assunta

de Spoleto

 

 


 

 

Sanctuaire de Monteluco

 

 

 

 

 

 

 

Lettre de San Francesco

 

 

Intérieur du Sanctuaire

 

Vendredi 9 octobre 2009

 

Il n'est pas encore 7 heures et demie, je sors de chez les Cappuccini, et je descends au centre ville de Spoleto.

A 8 heures je vais en direction du Ponte delle Torri construit au 14e siècle, pour franchir le profond ravin, mais ce pont est en travaux, avec des palissades devant, et interdiction de passer : aucune signalisation avant! 

Il faut faire un grand tour en redescendant dans le bas de la ville, traverser la super strada, et remonter à gauche d'une église.

Une petite route et un chemin de terre grimpe à travers bois.  En montant je rencontre le couple qui était hier soir à San Ponziano, et ont pris la dernière chambre libre... Ce sont des Suisses, équipés en randonneurs avec sacs à dos, duvets, etc... Je les avais pris pour des touristes, mais ils n'en ont pas l'allure! Cette rencontre ce matin n'est pas fortuite : c'est sans doute pour me montrer que j'ai eu tort! 

"Pardonnez moi Seigneur pour mon jugement hâtif, et mes mauvaises pensées."

 

Il est vrai que je ne les ai jamais vu avant, et je ne les reverrai pas les jours suivants!

 

« Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; 

ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; 

remettez, et il vous sera remis » 

(Luc 6, 37).

 

Je continue ma montée seul, en méditant ces paroles.

Le couple Suisse est loin derrière.

 

J'arrive à Monteluco, Sanctuaire Franciscain au milieu des pins et des chênes. A l'intérieur il y a une copie de la lettre de St François à Frère Léon.

Traduction : 

"Frère Léon, ton Frère François santé et paix.

Ainsi je dis à toi, mon fils, comme une mère, que tout le discours que nous fîmes, chemin faisant, brièvement dans ces paroles je les résume et conseille : que, si n'importe comment, il te plait de te rendre plus aimé de Dieu et de suivre ses pas et sa pauvreté, fais le avec la bénédiction du Seigneur Dieu et sous mon obéissance. 

Et si de plus tu auras besoin pour ton âme ou pour ta consolation, et tu voudras, o Léon, venir chez moi, Viens."

 

Je continue par un chemin forestier dans le bois de chênes verts : fini les oliviers! 

Les panneaux et flèches jaunes et bleues "Via Francigena, via Francescana, et di Roma avec dessin de clefs", sont très présents. Je traverse des pâturages, des champs, proches des fermes. Le paysage est vallonné avec des parfums d'herbes et de plantes.

A un moment, je me trompe de chemin, et je monte sur une crête avec des marques rouge et blanc, en direction de Patrico, mais ce n'est pas la bonne direction! Ou plutôt, cet itinéraire est beaucoup plus long, et je risque de me retrouver à la nuit tombante, loin de toute habitation!

Je fais demi tour, et redescends à l'intersection de sentiers. Le panneau fléché que je dois suivre est orienté vers un buisson qui cache le début de piste : je ne l'avais pas vu et me suis engagé trop haut...

 

Le bon sentier très caillouteux descend un long moment jusqu'au hameau de Cese. Une route continue et passe au bas de Ceselli, village à flanc de montagne.

 

Il faut traverser la route et passer sur un pont au dessus de la rivière : le fiume Nera. il est 15 heures.

Je dois maintenant suivre le chemin blanc "sempre dritto"... tout droit et plat. Il serpente par des prairies, des champs, parfois près de la rivière, ou s'en éloignant ; mais assez loin de la route, ce qui rend ce parcours très agréable et sans difficulté. Cela me repose des grandes montées et descentes de la journée.

J'arrive à Ferentillo à 17 heures. Les seuls hébergements sont un hôtel en remontant 2 km plus haut sur la route, et un B&B dans le village, où je trouve une chambre à 40€ petit déjeuner compris.

Pour le dîner il y a un restaurant à 200 mètres.

La journée a été assez fatigante : j'arrête là!

 

 

 

 

 

 

 

dans les collines

 

 

 

 

 

 

 

 

vers le hameau 

Le Cese

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

arrivé à Ferentillo

 

 

 


 

Samedi 10 octobre 2009

 

Je suis debout à 6 heures, bien décidé à partir pour une nouvelle grande étape!

Malheureusement, mon élan va être coupé net.

Le petit déjeuner très copieux est prêt au sous-sol ; une grande salle en voûte de pierres très anciennes.

A 7 heures, il tombe quelques gouttes : çà commence à m'inquiéter!

En un quart d'heure le ciel se noircit, et à 7 heures et demie les éclairs et tonnerre grondent dans toute la vallée...

 

J'attends un peu, mais la pluie redouble : il tombe des trombes d'eau, et çà dure ainsi toute la matinée!

La pluie cesse un peu dans l'après midi.

 

Je suis resté la journée dans ma chambre, il n'y avait rien d'autre à faire! 

 

Dans la soirée, à la faveur d'une éclaircie je suis sorti, pour voir l'autre partie du village séparé par la rivière Nera, et assisté à la messe.

 

"Notre sœur la pluie s'est invitée en chemin."

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lac de Piedilucco

 

 

 

 

 

 

 

le long de la route

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 11 octobre 2009

 

 

Je me lève encore à 6 heures, mais ce matin le ciel se dégage : le vent chasse les nuages.

 

Le petit déjeuner est très copieux. 

 

Départ de Ferentillo à 7 heures et demie, en suivant le chemin blanc tout plat devant les maisons aux chiens hurlants derrière leurs grillages! 

Une heure plus tard, j'arrive à Arrone. Après être monté dans le haut du village, et à l'église St Jean Baptiste, je redescends  pour suivre la route vers le hameau de Castiglioni.

Ce parcours est hors balisages et hors fléchages : j'ai voulu passer par là, pensant que ce serait plus direct et plus court, mais il y a une très longue montée sur la route sans grande circulation, mais pénible!

Je passe par une sorte de petit col, pour descendre ensuite par une forêt,  toujours sur l'asphalte.

Une flèche indique Piedilucco, mais c'est faux! Après être arrivé devant un Agritourisme, et accueilli par des chiens hurlants... je dois retourner d'où je viens, et passer par un théâtre en plein air.

 

Plus bas, une route très fréquentée mène à un carrefour, et j'arrive à Piedilucco et son lac. Un endroit très agréable pour faire du tourisme en été... mais nous sommes en automne et je ne suis pas touriste! 

Il est midi ; en voyant le ciel s'obscurcir, je ne m'arrête même pas pour manger un sandwich, mais juste pour prendre une bouteille d'eau.

Je retrouve des flèches "Via Francigena" le long du lac. Plus loin c'est la route très fréquentée que je vais suivre sans enthousiasme pendant plus de trois heures! Et ce n'est pas fini.... 

J'ai eu tort de prendre cette route : les fléchages doivent certainement passer ailleurs par des chemins tranquilles ; mais quand on demande sa route à un italien, il indique toujours "l'asphalte", ne connaît pas les sentiers, et ne sait pas où ils mènent!...

 

Trois heures après, j'arrive à un grand carrefour. Là aussi un gars me dit de continuer à gauche : Poggio Bustone est en face, sur la pente de la montagne! J'ai l'impression que c'est à côté ; mais hélas, je m'aperçois bien vite qu'avec les tours, les détours, et les virages, je n'en vois plus la fin, et j'aurais sûrement mis moins de temps en continuant de l'autre côté de la strada. 

 

Je monte par cette route en lacets interminables. A un moment donné j'ai l'impression de m'être trompé : je ne vois plus Poggio Bustone caché derrière des crêtes boisées!

Je fais demi tour, et en descendant je suis interpellé par un petit vieux. Il ne sait pas où je vais mais il me dit de monter! Il a deviné que je vais à Poggio Bustone! 

Un marcheur avec sac à dos, chaussures, et un bâton à la main, par ici, ne peut qu'aller à Poggio Bustone...

 

Mais voila, le petit pépé est sorti de chez lui parce qu'il voudrait bien ne pas boire un coup tout seul! il me propose une "bicchiere de birra"... Merci mais je n'ai pas envie de boire une bière maintenant : je préfère de l'eau! 

 

Je continue sur ma lancée, si je suis sur la bonne voie. Plus loin en passant par le village de Rivodutri, je constate avec joie qu'il me reste 3 km 500!... sur la route qui ne monte plus.

 

J'arrive enfin à Poggio Bustone à 17 heures, très fatigué par cette journée. Je me demande si ce n'est pas le début de la Joie Parfaite? Mais non pas encore! puisqu'on ne me met pas dehors de l'hébergement, à coups de bâton en me traitant de brigand...

 

A la Locanda Francescana, j'ai une chambre et douche à l'étage, et vue sur la vallée!

Il n'y a personne d'autre, et au dîner je suis seul à table.

Ce village est pourtant très animé. Aucun pèlerin ici,  et je n'en ai pas rencontré depuis longtemps! 

Depuis Assise, je ne retrouve pas l'ambiance, et l'esprit.

 

A Poggio Bustone, Saint François commence sa mission de Paix.

Ici est l'un des quatre Sanctuaires Franciscains de la Vallée de Rieti.

 

L'ermitage de Poggio-Bustone est considéré comme le lieu du premier envoi et de l'essor missionnaire de l'ordre franciscain, ainsi que le sanctuaire du Pardon, et de la révélation.

 

 

 

"Bonjour, braves gens!" 

C'est en prononçant ces paroles que Francesco est entré dans Poggio Bustone pour sa première visite avec ses premiers compagnons en 1208. 

 

 

la plaine, en montant à Rivodutri

Poggio Bustone

 

 

 

 


 

 

Mer de nuages 

sur la plaine 

 

 

 

 

 

 

Poggio Bustone

 

 

Lundi 12 octobre 2009

 

Le temps est nuageux, et la brume a envahie la plaine. 

Départ de Poggio Bustone à 8h40. Il n'y a pas les noms des rues sur les murs des maisons ; c'est d'ailleurs souvent le cas dans beaucoup de villages! Il est très difficile de trouver la bonne "via" indiquée par le topo, pour sortir d'une ville si ce n'est pas indiqué!

Je descends dans le fond du vallon, où un chemin de terre se faufile parmi les arbres et les buissons. 

Là, deux panneaux en bois successifs marqués "Cammino di Francescano", cela aurait été bien que l'un des deux soit placé plus haut dans la descente!

Plus loin, un panneau bleu et jaune "Via Francigena" ; je n'en avait pas vu depuis plus de 24 heures!...

Il y a parfois trop d'indications au même endroit, et d'autres fois il n'y a rien sur plusieurs kilomètres!

Ici la flèche "Via Francigena" est tournée dans l'autre sens : pour ceux qui montent à Poggio Bustone!

Je dois préciser que les guides du chemin franciscain donnent un itinéraire inverse au mien! C'est à dire que tout ce que je vais faire les prochains jours, ils le font avant. Ils passent par Rieti et vont ensuite à Poggio Bustone, où ils terminent... De cette façon, ceux qui vont à Rome, ne passent jamais par Poggio Bustone, et c'est dommage!

 

Pour cette raison j'ai préféré continué après Ferentillo,  sur Poggio Bustone, Rieti, etc...

 

Je prends la petite route plus bas, et à un croisement, deux signalisations : Rieti 7,5 km, et Rieti 13 km!... 

Je continue par le plus court, mais cette route goudronnée est très fréquentée. 

Juste à l'entrée de Rieti, un panneau et une carte : "Rieti centro d'Italia"...

 Ici on est au centre géographique du Pays. 

 

 

Pour le moment, ce dont je suis sûr, c'est que j'arrive au centre ville à midi! 

Cinq minutes plus tard, il pleut, et çà tombe même très fort avec de violentes bourrasques de vent! Une chance que je sois arrivé sans prendre une goutte d'eau!

 

Passage à l'office du tourisme pour avoir une information sur la suite des étapes, où l'on me remet un petit fascicule qui ne me semble pas d'une grande utilité, mais je le prends quand même!

Pour les hébergements ici, à part les hôtels, les possibilités sont restreintes, car je voudrais rester dans le centre pour visiter... Il pleut, et je n'ai pas envie de marcher autour de Rieti, et de son importante agglomération.

 

Je vais à l'hôtel Cavour au bord du fiume Velino ;  une flèche indique la direction "Via Francigena" sur la place de l'autre côté.  Ce sera très bien pour demain matin...

 

La cathédrale romane Santa Maria comporte un porche du 15e siècle, ainsi que des fresques intérieures de la même époque. Devant l'une des entrées se trouve une statue de Saint François.

A 18 heures j'assiste à la messe, et ensuite à la sacristie je demande le "timbro" sur ma crédentiale. 

 

Rieti est situé au pied du Mont Terminillo ; le fleuve Velino traverse la ville.

Des remparts du 13e siècle relient certaines portes, comme la Porta d'Arci, Cintia ou Romana.

 

Le soir dans un  restaurant, je retrouve le groupe de pèlerins italiens, rencontrés au gîte d'Angela à Santa Maria degli Angeli, et qui ont fait le "chemin méditatif". Le monde est petit!... Pour eux  c'est fini : leur pèlerinage s' arrête ici.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arrivée à Rieti

 

 

 

Devant la Cathédrale Santa Maria

 

 

 

Rieti et le fiume Velino

 

 

 

 

 


 

Chemin sous bois

Sanctuaire de Fonte Colombo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Campagne en chemin

 

 

 

 

Panneau indicateur en chemin

 

 

 

Contigliano

 

Fontaine à Contigliano

 

 

 

S. Michele Arcangelo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'autel dans la chapelle S. Francesco

 

Mardi 13 octobre 2009

 

Le vent a chassé les nuages pendant la nuit ; le ciel est limpide, la température a chuté... Un thermomètre affiche 6° ce matin!

Après avoir quitté l'hôtel à 8 heures, je passe par l'église San Francesco malheureusement fermée, de l'autre côté du fleuve!

 

Commence alors un vrai parcours "du combattant" ou... "du pèlerin" confronté aux prémices de la Joie Parfaite!

La flèche "Via Francigena" que je pensais de bonne augure près de l'hôtel, ne mène nulle part! Elle indique une rue finissant en impasse, et aucune indication dans les rues avoisinantes!...

Je cherche un bon moment au milieu de ces routes et carrefours pour trouver la Via Tancia proche de la Porta Romana.  Il faut suivre une piste cyclable le long du fleuve ; Le vent d'hier et cette nuit a endommagé de nombreux arbres, et des branches jonchent le sol. 

Cette piste fléchée fait un détour bien inutile, car peu après, je retrouve la strada venant directement de Rieti. 

Un habitant d'une villa, me dit de continuer cette route, avant même que je lui demande le renseignement!

 

Près d'une station d'essence, avec un bar en face, se trouve le chemin fléché montant à travers bois, et une petite route passe par plusieurs chapelles, dont l'une Sainte Madeleine renferme un Tau peint en rouge dessiné par Saint François lui même. 

J'arrive au couvent de Fonte Colombo. Deuxième sanctuaire franciscain sur le chemin, à la suite de Poggio Bustone. 

 

Fonte Colombo (fontaine des colombes)  

On est loin de la grandeur d'Assise, ou de la merveilleuse Verna, mais ici  chaque petite construction parle de Saint François, ainsi que les chemins de pierres où il est passé.

C’est à Fonte Colombo qu’il rédigea sa Règle définitive afin qu’elle soit confirmée et demeure un outil solide pour les Frères qui poursuivraient le chemin de vie qu’il leur avait tracé.

 

Petite pause et prière dans la chapelle.

Je repars en suivant les flèches du Cammino Francescano, maintenant nombreuses et bien placées! Des chemins passent par des bosquets, des prairies, avec de très belles vues sur la plaine de Rieti. La montagne au dessus est recouverte d'une couche de neige poudreuse, tombée cette nuit... Il faisait 6° ce matin en ville : rien d'étonnant à voir de la neige sur les sommets autour! 

La température s'est améliorée au fil des heures, et en marchant je commence à avoir chaud!

 Des petites routes conduisent à Contigliano, sur une colline. Je voyais d'en bas une très grande église. La curiosité m'a poussé à aller dans le haut. Je découvre un très beau village, de petites rues plutôt désertes,  une fontaine en pierre, et la Collégiale San Michele Arcangelo. J'aurais bien aimé voir l'intérieur, mais elle est fermée!

 

Je continue par des bois de châtaigniers, des fermes, des champs : un paysage agricole. Il y a des noyers le long du chemin ; je ramasse quelques noix.

Durant toute cette journée je contourne la vallée et la plaine de Rieti. Je suis des yeux Poggio Bustone au loin : hier matin j'étais en face! Ce parcours est très agréable, bien balisé et hors de la circulation routière depuis Fonte Colombo.

 

J'arrive à Greccio à 15 heures. De l'ancien château du 11e siècle, il reste le clocher de l'église S. Michel Archange. Ce village médiéval avec ses vieilles pierres, et ses ruelles en escaliers, est marqué par l'Esprit de St François.

 

Il y a deux auberges, mais je préfère aller au sanctuaire à deux kilomètres, où j'espère trouver un lit! Au cas où il n'y aurait pas de possibilité, je reviendrais au village.

La route bitumée passe par un parking où se trouve un bar.

Un peu plus loin, une statue de Saint François,  assis et pieds nus, tenant un bâton dans une main. Juste à côté les escaliers en pierres remontent à la Chapelle. Je rencontre une religieuse, et je lui demande asile pour la nuit. 

Elle me donne la clef d'un petit dortoir situé au bas de l'escalier, proche de la statue.

Il y a quatre lits, douche wc. Mais je suis tout seul ici. Donativo ou Offerta. 

 

Me voila dans le troisième sanctuaire de Saint François, et une grande joie pour moi de pouvoir y passer la nuit.

Je ne pense pas que l'on puisse les classer dans un certain ordre : chacun des quatre a son importance et son histoire. 

A Greccio, en 1223 St François célébra Noël dans une grotte en plaçant dans une mangeoire un enfant vivant entouré d’un bœuf et d’un âne, de vrais moutons avec leurs bergers et tous les humbles habitants de la campagne. C’est à partir de cette nuit magique que la coutume de la crèche de Noël fut adoptée.

C'est l’un des ermitages préférés de Saint François. Greccio est maintenant jumelé avec Bethléem.

 

Je peux visiter le sanctuaire : la chapelle San Francesco, sa cellule dortoir où il séjourna, et voir aussi une exposition de crèches de nombreux pays dans la chapelle.

 

Le patron du bar, à côté du parking, consent à me préparer à manger ce soir, mais à 18h car il ferme tôt!

Je suis surtout content d'avoir une bonne assiette de "pasta" après cette journée de marche, et sans rien avoir mangé depuis le petit déjeuner à Rieti.

 

Après cela je n'ai rien d'autre à faire qu'aller me coucher, et il commence à faire froid!

San Francesco au bas des escaliers

Crèche dans la chapelle

 

 

Dormitorio di San Francesco à Greccio

 

 

Tau dans la chapelle

 Sainte Madeleine

 

 

 

Vue sur Rieti et les sommets enneigés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Greccio

 

 

 

 

Arrivé au Sanctuaire de Greccio

 

 

intérieur de la chapelle

 

 

 

 

devant le Sanctuaire

 

 

 

 

 

Vitraux dans le Sanctuaire

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En arrivant à Stroncone

 

 

 

 

 

 

oliviers en chemin

 

 

 

 

 

 

 

prairie en chemin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sanctuaire de 

Lo Speco

 

 

 

 

 

Mercredi 14 octobre 2009

 

Je me lève à 6 heures et demie, et je mange le morceau de pain que je conservais précieusement dans mon sac depuis lundi !

Je remonte au sanctuaire, à 8 heures il y a la messe dans la minuscule chapelle San Francesco datant de 1228, année de la canonisation du Saint par le Pape Grégoire IX deux ans seulement après sa mort.

Nous sommes six, avec les trois religieuses vivant ici. Dans cette chapelle étroite et humble on ressent le besoin de prières et de communion ; dans cette surface réduite et ce volume l'Esprit Saint François est au milieu de nous.

Je réalise bien plus tard, que c'est un vrai Bonheur d'en être le Témoin...

 

La messe terminée, je quitte le sanctuaire à 8h40. Le ciel est nuageux, et pas très engageant!

Un dernier regard sur les toitures derrière moi... 

Aurais-je puisé une certaine force ici? Malgré la grisaille, et le temps menaçant, je trouve que la journée commence bien! Le sentier remontant en sous bois, derrière le sanctuaire, est agréable. 

De nombreux chênes le long de ce chemin pavé de pierres qui mènent à un plateau verdoyant sur la colline, avec des chevaux en liberté dans les prairies, et ensuite descente au village de Prati. De là, je dois suivre la route un certain temps, et un chemin caillouteux descendant... Je rencontre un italien qui monte avec sac à dos! C'est tellement rare, qu'il faut le signaler! Nous sommes contents l'un et l'autre de cette "incontro dei pellegrini"... 

Il va vers Greccio, ou peut-être plus loin : moi je ne sais pas encore où je vais!

 

En continuant chemins et routes, j'arrive à Stroncone. il est seulement 11h30.

Ce village moyenâgeux mérite de s'y attarder, et j'en fais une visite par la porte médiévale, et les petites ruelles.

En une demi heure, le ciel s'est dégagé et a laissé place au grand ciel bleu, et au soleil! 

Un signe, ou une invitation à continuer de marcher?....

Je descends vers l'Eglise San Francesco, et en suivant la route, je passe au bas du village de Coppe, et plus loin Aguzzo. 

Un chemin marqué rouge blanc rouge,  et fléché "Santuario Lo Speco" passe en sous bois de chênes et châtaigniers. Plusieurs descentes et remontées par des prairies pour arriver au village de Vascaino, appelé aussi la Ville... (tout un programme!) Il n'y a pas grand chose en dehors des quelques habitations et des chiens aboyeurs. Longue montée assez raide par un sentier caillouteux dans un petit bois, et des buissons.

 

La journée avait bien commencée, mais c'est ici que tout se complique! et plus rien ne se passe comme je le souhaitais!

 

Mon idée était de faire étape ce soir à Calvi dell'Umbria, en faisant un détour par le quatrième sanctuaire sur ce chemin : "Lo Speco", en suivant les indications de mon topo guide!

Depuis mon passage à Rieti, je voulais acheter une carte de randonnée, ou carta di escursione que je n'ai pas trouvé, et qui m'aurait bien rendu service!

Dans la longue montée caillouteuse après Vascaino, je me trompe de direction : en fait, à un moment donné je continue tout droit au lieu de tourner à droite à une intersection avec un point jaune peu visible sur une pierre.

Je grimpe un certain temps, et ne voyant rien, je pense m'être trompé! 

Je redescends. La fatigue commence à se faire sentir  : je bute sur une pierre, et je m'étale par terre ; mon topo guide est projeté à une dizaine de mètres! J'ai mal à la cuisse, au genoux et ma main est écorchée...

J'arrive à me relever tant bien que mal. Je reprends la descente à petits pas ; quelques minutes plus tard j'entends du bruit, et je vois un vrai défilé de gens qui montent! Incroyable, ils sont une trentaine... Je m'imaginais tout seul blessé, et presque perdu dans cette caillasse forestière, et voila que providentiellement une horde humaine parlant anglais et allemand, remonte! J'en interroge un : ils vont à Calvi dell'Umbria, et il parait qu'il y en a pour environ deux heures.

C'est là où je voulais aller ce soir! 

Je ne comprends pas ce qui s'est passé, et les raisons de ma décision ; pourquoi ce choix? 

Il est environ 15h, je pouvais marcher avec eux ou les suivre, et être à mon étape de Calvi ce soir.

 

Eh bien non, qu'est ce qu'il m'a pris! 

J'ai préféré redescendre seul espérant être hébergé au sanctuaire de Lo Speco, et faire cette étape demain!

 

Arrivé à cette intersection avec ce point jaune peu visible, je tourne à gauche sur le chemin, et à 15h30 je suis à Lo Speco, il n'y a personne : tout est calme. Le soleil est parti derrière les montagnes, et la fraîcheur gagne du terrain. 

Je frappe à une porte. L'accueil est aussi froid que la température... Un Franciscain me dit que je ne peux pas être hébergé ici! Ce n'est pas possible. Lo Speco est un couvent, un ermitage, qui ne reçoit personne, même exceptionnellement. 

Il est déconseillé de remonter vers Calvi dell'Umbria maintenant : il est trop tard, la nuit arrive, et la brume peut très vite envahir la montagne, et on peut se perdre facilement. D'autre part, le secteur est infesté de sangliers, et il est même dangereux de s'aventurer là haut la journée... Tout pour faire peur? Mais alors où passer la nuit?

Le Franciscain me dit d'aller à Sant Urbano en bas, un village à 4 km que l'on voit un peu de l'esplanade! Il y a un Agritourisme.

Je voulais passer la nuit dans ce sanctuaire, tout comme hier à Greccio ; être dans ces murs, capter les ondes, ressentir l'Esprit de Saint François, passer dans ses pas, et prendre un peu de temps pour visiter et prier. 

Maintenant il est trop tard, et je dois partir... Je suis refoulé! Je commence à sentir les débuts de la Joie Parfaite... 

Je descends par cette route, confiant dans la Providence. 

 

J'essaie de comprendre ce qui s'est passé : des signes que je n'ai pas saisi ; que fallait-il que je fasse? 

Tout d'abord je me trompe de direction, je monte trop haut pour aller à Lo Speco, je redescends, et je fais une chute me blessant la cuisse et les mains, mon topo part loin de moi.... (ai-je vraiment besoin de ce topo? je me le suis demandé.)  Je croise un groupe de randonneurs qui montent à Calvi là où j'étais sûr de trouver un gîte ; hésitations, je préfère aller seul à Lo Speco sans savoir si je peux y être hébergé! Et voila, un Franciscain me dit d'aller voir ailleurs....

Mon Dieu aidez moi, Saint François d'Assise montrez moi le chemin. Quels sont les signes?

 

Je marche sur cette route, heureusement en pente douce, ce qui nécessite moins d'efforts ; il fait froid sous ses arbres, je commence à  être fatigué, et avoir faim! Je n'ai rien mangé d'autre que mon morceau de pain ce matin!

La route paraît longue jusqu'à Sant Urbano,  et ma surprise est grande de constater en arrivant, qu'il n'y a rien! 

C'est un village désert : même pas une épicerie! Je demande à des habitants où on peut dormir... personne ne sait! Enfin, une petite mémé, me dit que l'Agriturismo se trouve sur la route de Narni à environ 3 km.

Je m'éloigne de mon itinéraire, mais l'essentiel est de trouver un endroit pour la nuit! Je ne sais pas ce que je ferai demain, et où j'irai...

 

J'arrive dans un hameau où se trouve un panneau publicitaire de "l'Agriturismo di Mammaro".

Alléluia !

Est-ce ouvert? Oui... 

Je suis accueilli par une charmante jeune femme, et la patronne des lieux, heureuses et surprises de voir arriver un pèlerin tout seul, alors qu'hier c'était complet!  "J'ai de la chance"...

 

Je suis fatigué, et avec ma chute, j'ai mal partout! 

On me montre une chambre studio très confortable, et je  suis heureux de prendre une douche bien chaude, et pouvoir changer de vêtements. 

Entre temps il arrive deux randonneurs italiens.

 

Le repas du soir est gargantuesque! J'en avais besoin, et je me régale. 

Nous mangeons tous les trois à la même table. Tagliatelles, sauté de porc, pommes de terre, haricots verts, en salade. La patronne nous amène en plus du jambon cru, des saucisses, des fruits, du vin, le café, et la Grappa....

Tout cela pour 40€ tout compris! Prix pèlerin. 

 

J'oublie toutes les difficultés du jour : Finalement la Joie Parfaite n'était qu'une fausse alerte, ce n'est pas pour aujourd'hui.

 

 

 


 

Jeudi 15 octobre 2009

 

La nuit m'a été profitable.

Au réveil, le temps est beau et frais.

Je prends un thé et biscottes dans la cuisine du studio.

Hier soir j'étais déçu, désappointé ; je n'ai pas atteint l'étape fixée, je suis sorti du chemin, et m'en suis éloigné pour trouver un toit! 

Que faire ce matin? dois je prendre une route différente et aller ailleurs que suivre la description de mon topo guide vers Calvi dell'Umbria? 

J'aurais dû y être hier! Est-ce si important un jour de retard?

Non...

Pourquoi mon topo a volé en l'air à plus de dix mètres en butant hier contre une pierre, alors que je le tenais ferme en main? 

Certains signes ne trompent pas!

Et puis, il y a Lo Speco, que je voulais voir, et je ne l'ai qu'effleuré. 

 

Après toutes ces interrogations, je sors de l'Agritourisme à 8 heures.

Je repars sur cette route, en faisant le trajet inverse d'hier soir! Passage à Sant Urbano, où les seuls signes de vie sont les aboiements des chiens. 

Je remonte jusqu'au petit parking, et la piste entourée de nombreux écriteaux d'extraits de la "Règle Franciscaine". 

800 ans après, cette prescription est-elle toujours appliquée à la lettre?... 

Permettez moi d'en douter! Les mots perdent leur force au fil des ans, alors au fil des siècles....

 

Je remonte à Lo Speco ce matin pour prier dans la chapelle, et pour suivre le chemin de pierres jusqu'à la faille dans la roche, où Saint François venait méditer en entrant le plus possible dans cette fissure, jusqu'à avoir, paraît-il la tête prise entre les deux parois!

Comment ne pas ressentir d'ondes et de vibrations, seul en ce lieu ce matin tôt : magnifique présence.

 

Je n'ai pas passé la nuit ici, mais je repars heureux de mon passage dans ce quatrième sanctuaire, et cette "Entaille Sacrée". C'était sans doute cela qu'il fallait que je fasse. 

 

Je reprends le chemin d'hier jusqu'à l'intersection, et le point jaune sur la pierre... Je veux tenter de monter par là pour rejoindre Calvi dell'Umbria. Pourquoi cet entêtement qui ne sera plus tard, que perte de temps, et surtout grande fatigue? 

Je remonte par le sentier en sous bois, exactement là où j'ai croisé le groupe hier et où j'étais tombé quelques instants avant!

Arrivé sur un plateau, une sorte de crête ; il est 10h45. Le poteau électrique décrit sur mon topo, est bien là.

Les chemins dans tous les sens, les descriptions confuses, et l'absence de marquage sont des difficultés importantes. 

"Un peu plus haut il doit y avoir un chemin à ornières à prendre à gauche, 200 m après un croisement à trois branches on doit prendre bien à droite, un peu plus loin il faut ignorer un panneau "proprieta privata" sur un arbre à gauche. Plus haut on doit voir un arbre avec un point et une flèche jaune. Il faut passer juste après un chemin à ornières peu visible sur la droite!Plus loin dans un virage à gauche, il faut laisser un chemin de terre à droite. En arrivant à l'embranchement suivant sur un arbre marqué d'un point jaune et d'une flèche rouge qui indique à gauche, il faut prendre à droite"... etc, etc... 

C'est une description indescriptible... des embranchements, des carrefours de chemins, il y en a partout ; les points jaunes et les flèches sont presque invisibles...

Avec une carte de randonnée, tout aurait été différent!

 

Ceux qui sont passés hier ici avaient sûrement un accompagnateur connaissant le chemin, car je n'en ai vu aucun avec une carte ou un bouquin en mains. 

Je me répète encore : j'aurais dû les suivre! Mais sans passer par Lo Speco cela en valait-il la peine? 

Je dis non.

 

Je cherche : je n'arrête pas d'aller et venir, et j'ai parcouru des kilomètres dans tous les sens, et je ne vois rien que la forêt, des bois, des chemins, des pistes, sans aucune âme qui vive... Personne pour demander une indication!

 

Il est déjà 13h30, je ne vais pas continuer à perdre mon temps. Je décide de redescendre par où je suis monté. J'abandonne!

Je retrouve le chemin en descente jusqu'à Vascaino, où je suis passé hier. Vingt quatre heures sont passées, et je suis à la même place malgré les dizaines de kilomètres parcourus!  C'est comme si j'avais fait une boucle en revenant au point de départ!

Que faire ici à Vascaino La Ville? il n'y a rien!

Je suis fatigué physiquement et moralement? J'ai envie de tout arrêter. Il y a un panneau Terni 11km... 

Il faut que j'aille là-bas ; c'est une ville avec une gare, je peux prendre un train pour Rieti ou même pour Rome et tout arrêter! 

La plupart ne vont pas plus loin que Rieti, alors pourquoi vouloir aller à Rome à pied puisque tout est si compliqué! 

Je marche le long de cette route, il passe peu de voitures, et je n'ai même pas l'idée de tenter le stop! 

Je m'aperçois du passage d'un bus trop tard!

 

Je me souviens de la "Joie Parfaite" : c'est peut être mon jour? Il suffirait que je n'ai pas de logis ce soir, et que je dorme dans un champ!

Mais  non, aucun risque de passer la nuit dehors : Terni est une grande ville, et j'y arrive à 17 heures.

Que faire ici. Hier j'étais sorti du Cammino Francescano en allant jusqu'au delà de Sant Urbano, et aujourd'hui je suis sur une route et dans une ville qui n'a rien à voir avec mon chemin!

Terni est grand, industriel, bruyant... Il me faut plus d'une heure pour traverser la ville, et arriver à la Stazione. 

Il n'est pas question de rester ici, je n'ai pas vu d'hôtels en ville, et près de la gare, il y en a deux à quatre étoiles! Mon état de pèlerin ne le permet pas, et mon accoutrement risque de faire peur à l'hôtesse d'accueil...

 

Par chance, (si je puis dire) il y a un train pour Rieti à 18h30. Sans hésitation je prends un billet.

Je ne sais pas ce que je ferai demain, donc autant ne pas rester ici!

 

J'arrive à Rieti à 19h20... 

Je retourne à l'hôtel Cavour où j'étais lundi soir. 

Je verrai demain la suite à donner...  

Pour le moment, ce qui compte est de prendre une douche, de me changer, et aller à la pizzeria à côté, car les biscottes de ce matin 7 heures, sont loin...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la chapelle de 

Lo Speco

 

 

 

 

la fissure dans le rocher

 

 

 

Sanctuaire de 

Lo Speco

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arrivé à Terni

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rieti le matin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

départ de la 

Porta Romana 

au milieu des voitures

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

strada Salaria

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dans l'église de 

San Lorenzo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

San Lorenzo 

et les vignes

 

 

Vendredi 16 octobre 2009

 

Dieu viens à mon aide,

Seigneur exauce nous.

Alléluia. 

 

J'ai bien dormi! c'est l'une des rares fois depuis plusieurs jours.

Je me sens bien ce matin, et j'attaque le petit déjeuner buffet avec grand appétit, ne sachant pas ce que je mangerai dans la journée...

 

Je suis ici  au pied de cet hôtel à Rieti, exactement comme mardi dernier!  

Je n'ai pas avancé? Toujours au même point depuis trois jours? 

Faut il continuer ou s'arrêter ici? 

Je me dis qu'il faut tenter encore. S'arrêter maintenant c'est renoncer, et ce n'est pas permis le matin au réveil!

On peut avoir toutes les raisons de vouloir en finir,  en fin de journée avec la fatigue et les difficultés, mais le matin, je ne peux pas dire "j'arrête"! Surtout en présence d'un beau ciel bleu et du soleil.  

 

Il faut "positiver" et retenir ce qu'il y a de Beau dans tout cela. 

Ma grande satisfaction depuis trois jours, est d'être passé par Fonte Colombo, Greccio, Lo Speco : ces ermitages, où Saint François a séjourné, et où j'ai prié. Je sais maintenant que cela compte plus pour moi que les jours de retard et de fatigue.

 

Je ne pense plus m'arrêter! je dois continuer. Je ressens une force pour ces dernières étapes.

 

Avant de quitter Rieti, je passe par l'église San Francesco, toujours fermée à cause de travaux à l'intérieur, mais rien ne l'indique : ce sont des gens dans la rue qui m'en informe! 

Un détour par le centre ville à l'office de tourisme : le monsieur me reconnaît, je lui raconte mes déboires! Il me remet le même fascicule que lundi, qui ne sert à rien... Ce n'est pas un descriptif d'étapes de Rieti à Rome!

 

Il est déjà 10 heures ; j'ai oublié de chercher une carte de randonnée dans une librairie...

Je rejoins la Porta Romana. Je ne pense plus à l'itinéraire de mardi en voulant sortir de Rieti, qui m'a mené dans un imbroglio de routes et de strade. De toutes façons ce matin, je ne vais pas dans la même direction! 

Porte Romana, oui, mais direction Rome, en face de moi une pancarte "Fonte Cottorella"... 

Je reste sur le bas côté de la Super Strada : inutile de dire que la circulation est intense! Je ne sais pas ce qui m'a poussé à venir par là, mais au bout d'un moment à un croisement, se trouve un panneau "Via Francigena de Rieti à Rome"...  Alléluia! 

Depuis le départ, rien ne laissait supposer que l'itinéraire piéton et fléché longerait la Via Salaria, et pourtant... 

Je marche sur le bord de cette grande route pendant un certain temps! 

Encore plus loin, une autre flèche "Via Francigena de Rieti à Rome", indique de tourner à gauche, sur un petit chemin plein sud. J'ai enfin la conviction d'être sur la bonne voie!

Je retrouve un peu la route plus tard, et à nouveau un chemin agréable au milieu des champs.

 

Au moment ou je me disais : "chouette tout est bien indiqué ce matin"...  Patatras!!! tout est remis en question!

Encore une fois, une carte des sentiers et chemins m'aurait été utile!

C'est étrange comme les choses peuvent changer au moment où on ne s'y attend pas!

Cafouillage? Près du Pont Romain Sambuco du 3e siècle, plusieurs chemins : une pancarte "Via Francigena" est derrière une clôture, et un portillon envahit de ronces et d'épineux! Je ne pense pas que ce soit par là! 

Pourtant les autres chemins ne conduisent nulle part... J'en déduis que la direction Via Francigena doit être bonne! Il n'y a pas d'interdiction d'entrer ni de propriété privée.

A voir l'état de la clôture, et le portillon à dégager des herbes, je crois que personne n'est passé par là depuis plusieurs semaines!... 

Enfin, j'arrive à ouvrir, mais j'ai du mal à refermer complètement. 

La chose que je crains le plus, c'est les chiens! 

Le propriétaire, je peux m'expliquer avec lui, et la flèche est dans son champ ; donc moi je suis dans mon droit! 

Mais je ne me sens pas capable de discuter avec des chiens!..

Je suis toujours à me demander si la clôture a été mise après, avec le poteau et flèche dans le champ, ou s'il y a eu une autorisation de mettre un poteau et pancarte à l'intérieur d'un champ clôturé? 

 

Une fois au milieu du champ, il faut trouver la sortie! Ce n'est pas une mince affaire, avec des barbelés, des grillages, des arbres et des buissons... En remontant j'aperçois une maison, et un portillon à bestiaux du même genre que l'autre, rafistolé de fil de fer, et de branches d'arbres. J'arrive à l'ouvrir, à passer et refermer! 

Je ne sais toujours pas où je suis, car aucune marque, aucun balisage, rien depuis le dernier poteau dans les broussailles. 

Ce que je croyais être une maison de loin, n'est en fait qu'une vieille caravane! 

Je m'aperçois qu'il y encore des grillages, des barbelés, et une barrière avec des bouts de bois, qui ne s'ouvre pas! Il faut passer dans les entrelacements des branchages en ayant envoyer le sac à dos de l'autre côté, avant!

Heureusement que je suis mince!

 

Ce qui m'inquiète, est d'avoir perdu toutes traces de balisages, de fléchages et panneaux, alors que tout était bien indiqué jusqu'à cette clôture dans le champ!

De l' autre côté, un bout de route juste au dessus, avec quelques maisons et des bruits de voitures, me font penser que je ne suis pas vraiment égaré...

En remontant vers ces habitations, les bruits de la circulation deviennent intenses! La Via Salaria passe sous le pont permettant de rejoindre le village d'Ornaro. 

De l'autre côté, je prends une petite rue, et un automobiliste me voyant sac au dos, s'arrête pour m'indiquer le chemin. Je dois vraiment avoir l'air de chercher!

Quelques dizaines de mètres après, je retrouve un poteau et pancarte "Via Francigena" que je croyais avoir perdu!

Mais alors, qu'est devenu le chemin entre les deux panneaux du champ et celui-ci? 

J'aurais très bien pu me tromper, mais intuitivement j'ai marché dans la bonne direction, sans carte. 

 

Une petite route et un chemin forestier, j'arrive en vue de Poggio San Lorenzo. 

Dans le village, des gens ont l'air de se questionner, en me voyant prendre de l'eau à la fontaine avec un écriteau "acqua non potabile" ! Depuis le temps que je prends de l'eau aux fontaines, j'aurais été malade depuis longtemps! Mais il est vrai qu'il ne faut pas en abuser...

Le sentier descend par la forêt, et traverse deux ruisseaux ; on remonte le vallon par des vignes, une petite route avec quantité de noix tombées à terre. Je fais une pause pour en casser quelques unes! Aujourd'hui encore je n'ai rien mangé depuis la prima colazione! 

 

En peu de temps, j'arrive à l'extrémité de Monteleone Sabino, il est 17 heures! 

Le nom de ce village moyenâgeux pourrait avoir un rapport avec les nombreuses sculptures de lions qui figuraient aux entrées de la cité. 

 

Difficile de continuer à cette heure ; je ne suis pas sûr de trouver à me loger plus loin, et même ici!.... où il n'y a rien pour le pèlerin malgré le passage de la Via Francigena.

Je me renseigne auprès d'un habitant : il y a deux agritourismes, un à chaque extrémité du village. 

Pour le plus proche, ce n'est pas sûr qu'il soit ouvert! alors le gars téléphone gentiment... mais çà ne répond pas!

Il me conseille d'aller à l'autre, à environ deux kilomètres, et je ne sais même pas s'il y a une possibilité!

Il faut traverser tout le village, et redescendre bien après un bar et une station d'essence, pour arriver à l'Agriturismo Licia, au moment où le soleil disparaît derrière les collines... 

En traversant le jardin, je commence à être inquiet : tout semble calme et les volets sont fermés! 

J'arrive devant la porte de la maison, j'entends parler, mais un papier sur la porte, écrit en italien dit : "je suis désolé de ne pouvoir accueillir personne ce soir, j'ai été absente toute la journée et je n'ai rien préparé, etc.... "

 

Je risque de coucher dehors ou d'être pris en pitié!... 

Je frappe, une fois,... deux fois! 

Une dame m'ouvre! Je lui dit que j'arrive à pied de Rieti. 

- "Ah bon, et vous n'avez pas eu un logement en route?"

- "Non l'autre agritourisme est fermé!

Aujourd'hui elle ne veut recevoir personne : elle est partie toute la journée dans une ville, elle est fatiguée, il n'y a rien de prêt à manger, et les chambres ne sont pas faites!...

Tout pour faire sauver le "client touriste" en voiture, qui pourrait chercher une chambre ailleurs même à 50 km!

 

Mais voila, je ne suis pas un "client touriste", je viens à pied de Rieti ce matin et j'ai dû faire une bonne trentaine de kilomètres sans parler du temps perdu à chercher le chemin dans le champ! Evidemment, je ne dis rien de tout cela, il est inutile de s'apitoyer sur son sort! et puis je pense tout d'un coup à "La Joie Parfaite"...  Cette "Perfetta Letizia" si je la connaissais ce soir? 

Mais pour cela il faudrait recevoir des coups de bâtons et être jeté dehors! Le temps est frais, mais il fait beau!

La brave dame n'a rien d'une mégère... je pense qu'elle a remarqué ma fatigue. Après toutes ces explications, et la voix de son mari à l'intérieur, elle me conduit à une chambre sur jardin, avec douche, wc, et télé! et me précise qu'il n'y a pas de draps : elle n'a pas eue le temps de faire les lits! Peu importe, j'ai mon sac de couchage... 

Pour éviter toute discussion sur le repas qu'elle n'aura pas le temps de préparer, j'anticipe en lui disant qu'une simple assiette de "pasta" me suffira...

 

Finalement, tout est très bien : je prends ma douche, je me change, et j'ai même le temps d'écrire! 

On m'appelle pour manger à 20 heures, et je me retrouve à table avec des aubergines et cœurs d'artichauts en salade, des pâtes à la sauce tomate en quantité, du jambon cru, des fromages maison, de l'eau minérale et du vin!

 

A 18 heures je n'étais pas sûr d'avoir un toit.

 

Je paye le tout, 25 euros! Parce que je suis pèlerin. Ahurissant! 

Normalement la chambre seule vaut 60€.

 

Merci Mon Dieu pour vos Bienfaits.

Merci Saint François d'Assise de m'avoir montré le chemin.

 

 

 

 


 

Samedi 17 octobre 2009

 

Une nouvelle nuit de sommeil réparateur.

Réveillé à 6 heures et demie ; prêt à 7 heures. 

Je quitte l'Agriturismo Licia à 7 heures 20.

Il a plu cette nuit, tout est mouillé! 

 

Je remonte la route ; le poste d'essence et le bar sont ouverts! 

Cappuccino et deux croissants : en général je ne mange rien d'autre jusqu'au soir!

Le temps est très nuageux. Très sombre en fond de vallée... 

Il est 7 heures 45, et il faut un certain temps pour traverser Monteleone Sabino, et retourner là où je suis arrivé hier soir. 

Je retrouve la route, et un chemin autour de  fouilles archéologiques, et l'église romane Santa Vittoria sur la colline, entourée d'oliviers.

Le chemin est bien fléché au milieu des cultures, et des petits hameaux avec toujours des chiens hurlants derrière leurs grillages... 

Le terrain est très vallonné. Dans un village une petite vieille remplie ses bouteilles d'eau à la fontaine et j'en fait autant avec ma gourde.

Quelques gouttes commencent à tomber : notre sœur la pluie s'invite-t-elle?

Je continue à marcher ; soudain l'incroyable se produit sous mes yeux. Là sur la route, par terre une carte routière de la Lazio perdue, me tend les bras! Elle n'est pas en parfait état, abîmée, mouillée, mais qu'importe! Il y a les routes, même les plus petites, jusqu'à Rome... et plus extraordinaire encore, les agritourismes de la province sont mentionnés au verso avec adresses et téléphones!

Voila trois ou quatre jours que je voulais acheter une carte, et providentiellement j'en trouve une sur la route, qui va m'aider à m'orienter.

 

Merci Mon Dieu.

 

Je ne suis pas seul : il y a une présence à mes côtés.

Depuis La Verna et la lente montée par le "Sentiero della Foreste Sacre", j'ai ressenti quelque chose qui ne m'a pas souvent quitté pendant ces journées de marche.

 

Comment ne pas être troublé par ces faits? Il me faut un moment pour réaliser que je tiens cette carte dépliée en mains alors qu'elle gisait sur le sol, sûrement depuis peu de temps!

 

Je continue cette petite route, et les quelques gouttes qui tombaient se transforment en forte pluie! 

A 11 heures, j'arrive dans un village : il s'agit de Ponticelli (vu sur ma carte). 

J'entre dans un bar pour me mettre à l'abri, et boire un café. Une dame qui discutait avec la patronne,  engage la conversation. Elle est italienne, mais son père était français, et elle le parle très bien! 

Discussion sur tout : le pèlerinage, Rome, Compostelle, Assise, etc... Elle connaît très bien la France,  Paris, Le Puy en Velay, et même Champigny sur Marne en banlieue parisienne!

Son mari et elle sont en week-end ici où ils ont un petit studio...  Je fais la connaissance du mari que l'on rencontre dehors. 

La pluie cesse, nous faisons un tour dans le village, le centre historique : les ornements de façades, les sculptures sur les frontons des maisons,  les inscriptions en Latin.

Ils me proposent même de déjeuner chez eux, car il est déjà presque midi! 

Je les remercie sincèrement, mais je dois continuer mon chemin maintenant qu'il ne pleut plus!

Grazie mille, Arrivederci...  

 

Cette rencontre dans ce petit bourg, m'a donnée encore plus de joie et de bonne humeur, et cette journée me parait forte et riche en évènements.

Je marche à grands pas, sans fatigue! 

 

Presque deux mois plus tard, s'offre à moi une vérité saisissante :  je trouve le cantique 40 d'Isaïe sur une feuille dans une église, (voici un extrait).

 

Cantique d'Isaïe 40, (31)

" Ceux qui se confient à Dieu renouvellent leurs forces ; ils élèveront leur vol comme  les aigles ;

Ils courront et ne se fatigueront point ; ils marcheront et ne se lasseront point. "


 

Trouver ces lignes qui m'étaient inconnues sur un banc d'église! Que dire?... 

 

Ensuite, lorsque j'enlève ma veste de pluie, il se met à pleuvoir! et quand je la remet,"notre frère soleil" apparaît et chauffe! Deux ou trois fois de suite! Est-ce des "clins d'yeux", ou Dieu enclin à s'amuser?

Des gens me regardent devant une maison : "On ne sait plus comment s'habiller ma pauvre dame"...

 

Le chemin passe par des vignes, et des oliviers. Le terrain est vallonné ; des montées et descentes, juste ce qu'il faut pour éviter la monotonie d'une piste trop plate! Ca me plaît beaucoup, moi qui suis habitué à randonner en montagne!

 

Ensuite une petite route mène aux abords d'un village où l'on ne pénètre pas en suivant le fléchage "Via Francigena". Plus loin il y a des graffitis sur une pancarte! Les supports pour donner des  indications deviennent la cible d'individus en mal d'occupation!

 

Je passe au creux d'un très beau vallon entouré d'oliviers. En haut d'une colline à gauche, je distingue quelques maisons un peu cachées par les bois, mais en avançant le village se découvre petit à petit. Il faut contourner une grande partie forestière, avec quantité de noix à ramasser au sol.

A une intersection, la pancarte "Via Francigena, Cammino di San Francesco" indique d'aller tout droit. Je préfère prendre à gauche pour monter directement dans le village.

La pente est très raide!

Une fois en haut, aucune indication pour savoir où on est! J'apprends par une habitante que ce village est  Montelibretti.... très heureux de le savoir puisque c'est ici que je voulais venir!

 

Le problème, est que je ne vois rien pour me loger!

Pas d'hôtels, pas de gîtes, pas de logis possible... Je me demande pourquoi je suis venu ici! 

Maintenant j'ai une carte, et en effet elle ne mentionne pas d'agritourismes dans les environs! Que suis je venu faire dans ce village pourtant immense, mais où il n'y a aucun hébergement possible!

Je n'ai pas regardé l'heure, mais l'après midi est bien avancé. J'ai une adresse de B&B à Moricone à 5 km. Je téléphone avant de me déplacer pour rien! et j'ai eu raison : c'est complet pour le week-end!. 

J'interroge des gens dans la rue, et devant un bar! personne ne connaît de chambres à louer dans le coin!

Quelqu'un m'indique un endroit où j'ai déjà appelé. Un autre me donne une adresse à 7 km sur la route de Rieti! 

Je n'ai pas du tout envie de revenir en arrière!

Il y en a qui me parlent de choses et d'autres et me questionnent, comme si j'avais l'envie et le temps de discuter de tout et de rien,  sur le bord d'un trottoir maintenant sac au dos et fatigué!

Je tourne en rond depuis une heure à la recherche d'un lit ou d'un matelas.

 

L'idée de l'église me vient tout d'un coup! Comment n'y avais-je pas pensé?

J'ai toujours trouvé refuge ou des renseignements dans une église après avoir prié.

 

L'église est grande ouverte, et je ne sais pas pourquoi, je suis attiré par une petite porte sur le côté. En m'avançant je vois sur le mur une plaque " Casa Parrocchiale". J'entre ; une dame fait le ménage! 

J'explique que je suis pèlerin français à pied sur le Cammino di San Francesco, et je cherche à me loger ce soir ; un matelas ou un tapis sur le sol dans un coin ferait l'affaire! 

Elle réfléchit un instant et me dit qu'elle ne va pas laisser dormir un pèlerin n'importe où! 

Il n'en est pas question.

Elle pourrait peut-être me loger! Elle a de la place, et une chambre d'ami inoccupée!... Je me sens gêné, et embarrassé. Je ne sais pas quoi dire et quoi faire! Elle insiste pour m'héberger... 

 

Çà dépasse mon imagination, et je me trouve dans cette situation pour la première fois!

Je suis à deux jours d'arriver à Rome. Est-ce le bouquet final? 

Elle appelle un homme qu'elle connaît, et lui demande de me mener à la salle Charitas une rue plus bas, en me demandant de l'attendre là. 

Cette salle est ouverte seulement le jeudi et le samedi. C'est un jour encore plus extraordinaire que les autres! Depuis ce matin je sentais qu'il se passait des choses incroyables.

 

Une réunion doit avoir lieu, pour préparer le pèlerinage diocésain à Lourdes, et il y a du monde devant la porte. Certains savent déjà que je suis un pèlerin à pied. Il est vrai que j'erre dans le village depuis un moment, et on a dû me repérer!

On me pose plein de questions! Je suis ahuri, j'ai du mal à réaliser ce qui m'arrive en l'espace de quelques instants. Entre le moment où je discutais avec des gens dans la rue, qui ne m'apportaient rien de positif, et ces rencontres chaleureuses et amicales, c'est un fossé profond qu'il m'a été donné de franchir par la Grâce de Dieu.

 

On me prie de m'asseoir à une table, de me reposer! Quelqu'un m'apporte de l'eau, et un jus de fruit. Une autre personne m'offre une pâtisserie et une boite de gâteaux! 

La dame qui va m'héberger s'appelle Maria. Elle revient avec un sandwich et un Coca.

Je ne sais franchement plus où j'en suis! Moi qui ne m'émeut pas facilement, je commence à avoir les larmes aux yeux.... 

Intérieurement je remercie Dieu et Saint François pour tout.

 

Une messe a lieu à 18 heures. Maria vient me chercher pour aller dans cette belle et lumineuse église dédiée à la Madonna del Carmine, avec des fresques et peintures aux couleurs joyeuses.

Il y a aussi deux magnifiques statues de la Vierge à l'enfant.

 

Après la messe, et le tampon sur ma crédentiale, je pars avec Maria que je connais à peine...

Il est plus de 19 heures! Elle a son panier à la main, moi mon bâton de pèlerin et mon sac sur le dos.

Nous passons par des rues, enfin plutôt des via, viale, vicolo, piazza, en faisant des arrêts chez le boucher, le boulanger, le marchand de légumes : on croirait qu'elle fait son marché pour la semaine.

J'ai l'impression qu'elle habite à des kilomètres, et je ne voyais pas Montelibretti aussi grand!

Ce qui m'inquiète c'est : comment retrouver mon chemin dans toutes ces rues demain matin? 

Maria imperturbable me dit : ne t'inquiètes pas, la Via di San Francesco passe devant chez moi.

 

Nouveau signe Providentiel : 

En effet, en arrivant devant son portail, les fameuses flèches jaunes et bleues "Via Francigena di San Francesco" sont là sur un poteau! Nous sommes à l'autre extrémité de la ville, et je suis prêt pour demain.

 

Pendant que je prends ma douche et me change  à l'étage, Maria en bas prépare le dîner!

Pâtes, escalopes panées, fruits.

La télé diffuse une copie de notre "Qui veut gagner des millions"..... 

Après avoir mangé, je tombe de sommeil! Maria est fatiguée aussi.

Je propose de faire la vaisselle. Pas question!

 

Je monte dans la chambre, et je m'endors sur le canapé sans l'avoir ouvert!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Santa Vittoria à Monteleone

 

 

 

 

 

carte de la Lazio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sculpture en bas relief à Ponticelli

 

 

 

 

 

 

 

 

 

le village de Ponticelli

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fleurs en chemin

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dans l'église 

San Nicola di Bari 

à Mentana

 

 

 

 

 

 

 

San Nicola di Bari 

 

 

 

 

 

 

 

 

à Monterotondo 

 

 

 

 

Basilica di Santa Maria Maddalena

 

 

 

Dimanche 18 octobre 2009

 

Je suis réveillé de bonne heure, et il fait encore sombre.

La clarté arrive un peu, mais le ciel est nuageux, et il tombe une petite bruine!

Maria est debout depuis longtemps, elle m'a préparé la colazione, et moi je traîne!...

 

Au bout d'un moment je suis enfin prêt, et pour clore le tout, Maria m'a préparé un énorme sandwich de jambon, mortadelle, j'en ai pour au moins deux repas!

Je ne sais pas comment remercier pour tout ces bienfaits, mais je peux prier pour toutes ces rencontres, et ces aides reçues depuis mon départ.

 

Une amie de Maria vient d'arriver pour aller préparer une réunion. 

C'est l'heure des "Au revoir"! il est 7h40...

 

Il tombe quelques gouttes. Le chemin descend dans un vallon parmi les oliviers et les vignes, et remonte ensuite au milieu des champs labourés. J'entends quelques coups de fusils et des aboiements de chiens! J'espère toujours que les chasseurs font la différence entre le marcheur sac au dos, et le lièvre, ou plus vraisemblablement avec un chevreuil!

 

Je passe près d'une clôture avec une pancarte "Centre équestre", et le chemin rejoint une route goudronnée. 

Plus aucune indication, plus de flèches, ni de panneaux... alors que tout était bien jusqu'à présent. Il suffit d'un carrefour pour qu'il n'y ait plus rien d'indiqué. Faut-il aller à gauche ou à droite? Le poteau a-t-il était enlevé?

Si j'en crois ma carte, il faudrait aller à gauche ; mais j'ai peut être raté un sentier plus haut!...

 

Demi tour... Je remonte en regardant de chaque côté s'il n'y a pas une indication et un sentier caché par des buissons, comme cela m'est déjà arrivé!

J'arrive ainsi devant le centre équestre où j'étais déjà passé! Mais alors là, je suis accueilli par deux énormes chiens, pas commodes du tout : on ne s'était pas vus au premier passage, mais au deuxième ils doivent me trouver bizarre! 

Ce qui m'importe, c'est de trouver mon chemin! et apparemment il n'y en a pas d'autres...

D'un seul coup j'entends des gens crier après les chiens, qui repartent têtes basses sans broncher, et une voix appelle "Jean-Claude"... Il me faut quelques secondes pour réaliser : est-ce moi qu'on appelle? et qui me connaît ici au milieu de ces prairies à perte de vue, et de ce centre équestre où il n'y a rien d'autres que deux chiens!  

Je n'ai pas rêvé... on m'appelle plusieurs fois, et je vois à la fenêtre du bâtiment, Maria et son amie qui s'agitent, pendant qu'un homme tient les chiens en respect! 

Elles arrangent ici la salle pour une réunion préparatoire au pèlerinage à Lourdes.

 

Je suis abasourdi. Je ne sais plus où je suis, ce qui se passe, et ce qui m'arrive! 

Je bafouille je ne sais quoi! Je leur dit qu'il n'y a pas d'indication plus loin à l'embranchement de la route, et je ne sais pas s'il faut aller à gauche ou à droite!

A sinistra, me dit l'amie de Maria! et çà leur paraît étrange qu'il n'y ait plus l'indication sur la route.

 

Il s'est écoulé moins d'une heure depuis que je suis parti de chez Maria, et je la retrouve Providentiellement, elle et ses amis dans ce bâtiment au milieu des champs, une nouvelle fois à l'endroit, et au moment où j'ai besoin d'aide!

Merci Seigneur.

 

Je reprends la route,  troublé par ces évènements.

Je marche. Il n'y a plus d'indication nulle part! Il faut avancer en direction du sud. A chaque carrefour, je cherche et j'hésite. Lorsqu'il y a quelqu'un dans les parages je me renseigne, autrement je regarde ma carte!

 

Les nuages ont tendance à s'éparpiller.

Au bord d'une route, un poteau et une flèche jaune et bleue de la Via Francigena : voila longtemps qu'il n'y avait plus rien! Ca rassure! 

Un chemin dans les vignes rejoint une petite route toute droite. Je suis interpellé par une dame près de sa voiture, qui me demande d'où je viens? Je lui raconte mon parcours depuis Firenze. Elle est ébahie! et me répète : "ma che è bello". 

Elle me donne les quelques carrés de chocolats qui lui reste, et je repars!

 

La grisaille s'est dissipée et le soleil se montre. 

La route conduit à un carrefour. Tout droit je vois un village sur un coteau. De l'autre côté de la route, la pancarte Monterotondo dirigée à droite, est au sol, et ne m'inspire pas confiance. Il est vrai que j'ai prévu de m'arrêter là, mais je suis étonné d'être déjà arrivé! 

Je préfère continuer tout droit vers ce village en haut. 

Il s'agit de Mentana ; il est 11 heures. Les cloches de l'église sonnent à la volée au moment où j'arrive dans le centre. Je pense qu'il s'agit de la messe. 

Il y a foule partout : dehors sur la place, et dans l'église les gens rentrent par petits groupes!

Je me demande ce qui se passe : tout le monde est endimanché, bien habillé, et moi en tenue de marcheur, mes chaussures boueuses, mon sac à dos, mon bâton trouvé dans les bois de Caiciabocca, et je dirais que c'est une chance de ne pas avoir mis mon short ce matin à cause du temps : j'aurais dépareillé  dans cette assemblée!

J'ai vraiment l'impression qu'un évènement important se prépare! Des gens se prennent en photos, les flashs crépitent, des prêtres font des grands signes, la chorale répète....

Je me renseigne sur ce qui va avoir lieu ; on me dit que c'est la grande messe de Confirmation avec l'Evèque, les Diacres, etc...

Je me cale dans un coin, sur le côté près de la chapelle de la Vierge, où je vois tout ce qui se passe dans le Chœur.

Personne ne fait attention à ma tenue, mais certains me questionnent sur ce que j'ai fait!

 

C'est un grand bonheur d'être ici, et un nouveau signe de la Providence qui m'a conduit devant cette église "San Nicola da Bari", au moment où les cloches sonnaient!

La messe est célébrée par l'Evèque du Diocèse, ainsi que la cérémonie de confirmation de jeunes et d'adultes.

 

Une fois terminée, je me présente à la sacristie déjà pleine de monde ; en dehors du "timbro" sur ma crédentiale pour marquer mon passage à Mentana, il est toujours important d'échanger quelques mots avec les prêtres, et en plus ici avec l'Evèque.

 

L'un des hommes présent me demande de prier pour eux en chemin et à Rome : ce que je ferai bien volontiers, tout en ignorant les raisons de ce souhait.

Ce même homme m'invite à partager leur repas dans la salle paroissiale!

Me voila propulsé au milieu d'une vingtaine de personnes inconnues, pour la plupart des jeunes bien sympathiques, et certains parlent français.

 

Nouveau signe Providentiel...  

Je pensais manger  le sandwich de Maria seul sur un banc, et je me retrouve entouré de mille attentions...

On m'interroge sur tout. Le chemin depuis Firenze intéresse tout ceux que je rencontre depuis quatre semaines. Ici tout le monde est admiratif, et j'ai droit à des "complimenti" et autres "congratulazioni"...

Le repas est excellent et abondant : pâtes, sauté de veau,  pommes de terre, salade, gâteau, vin, café, et... la Grappa! 

 

Quel grand moment de vie!

Je remercie tout le monde, et je remercie Dieu de m'avoir mis en présence de ces situations.

Il est 14h30, je pars. 

Il faut aller à Monterotondo pour avoir un hôtel ou une chambre : j'y suis en une demi heure de marche le long de la route. 

Demain matin je partirai en sens inverse pour ma dernière journée jusqu'à Rome!

 

Ce soir, je mange le sandwich de Maria dans la chambre d'hôtel.

 

 

Merci Mon Dieu pour toutes ces belles rencontres.

 

 

 

Mais alors? que devient "La Perfetta Letizia" : La Joie Parfaite selon Saint François!

Je ne l'atteindrai pas : je n'en suis pas digne.

 

 


 

 

sur la via Nomentana

 

 

 

 

 

 

la Porta Pia

 

 

 

via Depretis 

et Basilique 

Santa Maria Maggiore

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Basilique 

San Giovanni in Laterano

 

 

Lundi 19 octobre 2009

 

Il fait beau : je quitte Monterotondo vers 8 heures, pour cette ultime étape!

Près d'un carrefour au bas d'un jardin où piaillent une multitude d'oiseaux, se trouve la dernière pancarte Via Francigena, montrant la direction de la route vers Mentana, que j'ai suivi hier!

Après il n'y a plus rien d'indiqué...

 

Hier dimanche après midi, il y avait peu de circulation, mais ce matin c'est infernal! Les voitures, les camions, les motos et un bas côté très étroit, c'est la route de tous les dangers! Je n'imagine pas faire les 25 km jusqu'à Rome ainsi. 

Et puis cet indice auquel je n'avais pas attaché d'importance hier : en bordure de route un bout de tuyau plastique sort de terre. Je l'avais remarqué hier en l'évitant et passant à côté. 

Ce matin, je ne sais pour quelle raison, je bute dedans et je tombe! Je n'ai aucun mal, et je me relève...

Je vois cela comme un signe. Il ne faut pas continuer sur cette route. La Via Nomentana n'est pas pour les piétons.

C'est une strada à grande circulation, pas de bas côté, plus aucun marquage ni fléchage...

 

Arrivé à Mentana, il y a des bus assez souvent, qui viennent aussi de Monterotondo : j'aurais pu le prendre là-bas! 

Pour deux euros, et en trois quarts d'heure, le bus arrive au terminus. Pendant le voyage je remarque en effet le peu de place pour l'éventuel piéton, sur cette route!

 

Le terminus est la stazione Tiburtina. 

Je me suis un peu compliqué les choses en voulant rejoindre la Porta Pia par plusieurs routes, et la Viale del Policlinico. 

La Via Nomentana arrive Porta Pia, l'une des entrées nord-est de Rome.

Je continue par la Via XX Settembre, et d'autres "Vie" qui mènent à la Basilique Santa Maria Maggiore. Il est midi l'Angélus sonne. 

Au dernier jour de ce pèlerinage, il n'est pas possible de passer devant l'une des quatre Basiliques Majeures de Rome, dédiée à la Vierge Marie, sans s'arrêter pour prier....

 

... et je reprends mon chemin maintenant tout droit par la Via Merulana. Je passe sans m'arrêter devant la "Casa Unione Misterium Christi" Hostellerie religieuse où j'ai téléphoné hier pour réserver une chambre toute la semaine, car je compte rester à Rome jusqu'au 26 octobre.

La Basilique San Giovanni in Laterano est proche, et je veux y aller maintenant avec mon sac à dos et mon bâton de pèlerin... 

Ces deux Basiliques, Sainte Marie Majeure, et Sain Jean, sont très belles à chaque extrémité de cette grande Via. 

Je pense aux paroles du Christ en croix :

Mère voici ton fils. Fils voici ta mère.

 

Ici à Rome, une Via les relie ensemble.

 

San Giovanni in Laterano est la Basilique "Mère" de toutes les églises de Rome et du monde.

Les Papes y résidaient du temps de St François, et c'est ici qu'il est venu d'Assise avec ses Frères pour recevoir l'approbation et la reconnaissance de la règle franciscaine par le Pape Honorius III, le 29 novembre 1223.

La précédente rédigée en 1221 avait été approuvée oralement par le Pape Innocent III.

 

La Basilique est consacrée sous le double vocable de Saint Jean Evangéliste et Saint Jean Baptiste

 

 

Suite et fin de la Crédentiale

 

 

 

 

 

 

Me voici arrivé, Basilique 

San Giovanni in Laterano

 

 

 

 

l'intérieur de la Basilique 

San Giovanni in Laterano

 

 

 

le Cloître de

San Giovanni in Laterano

 

 

 

Monument à

 S. Francesco 

et aux Frères mineurs

 

Je ne suis pas sorti indemne de ce pèlerinage : il s'est passé quelque chose en moi et autour de moi. Il y a aussi le besoin d'aller plus loin après Rome, auquel je pense depuis quelques années... Sûrement l'appel pour continuer le chemin.

Je remercie toutes les personnes rencontrées, et j'ai prié pour tous. 

 

PACE E BENE

 

Avant de mettre le point final à ce pèlerinage, 

voici le "Cantique de frère Soleil ou des Créatures"  

que Saint François a rédigé à la fin de sa vie. 

Il est l'aboutissement de ses enseignements sur le respect et l'amour que tous les humains doivent porter envers toutes les créatures de Dieu.

 Il se soucie de la nature, des animaux et de l'environnement. 

Pour cette raison, il est proclamé "patron des écologistes" en 1979.

 


 

Cantique de frère Soleil ou des Créatures

 

Très haut, tout puissant et bon Seigneur,

à toi louange, gloire, honneur,

et toute bénédiction ;

 

à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,

et nul homme n’est digne de te nommer.

 

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,

spécialement messire frère Soleil.

par qui tu nous donnes le jour, la lumière :

 

il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,

et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.

 

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :

dans le ciel tu les as formées,

claires, précieuses et belles.

 

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,

et pour l’air et pour les nuages,

pour l’azur calme et tous les temps :

grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau.

qui est très utile et très humble,

précieuse et chaste.

 

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,

qui nous porte et nous nourrit,

qui produit la diversité des fruits,

avec les fleurs diaprées et les herbes.

 

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux

qui pardonnent par amour pour toi ;

qui supportent épreuves et maladies :

 

heureux s’ils conservent la paix

car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.

 

Loué sois-tu, mon Seigneur,

pour notre sœur la Mort corporelle

à qui nul homme vivant ne peut échapper.

 

Malheur à ceux qui meurent  en péché mortel ;

heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,

car la seconde mort ne pourra leur nuire.

 

Louez et bénissez mon Seigneur,

rendez-lui grâce et servez-le

en toute humilité !

 

 

 

 

du 20 au 26 octobre 2009

ROMA 

 

Journées de Prières et Recueillements aux trois autres Basiliques Majeures de Rome

 

 

 

 

 

 

 

 

Basilique Saint Pierre

 

Basilique Saint Pierre

le Maître Autel

Saint Pierre

 

Arrivée du Pape Benoit XVI

 

à l'audience publique

 

 

 

 

 

 

 

Basilique et place 

Saint Pierre

 

 

Basilique Saint Paul

St Paul hors les murs

 

Flamme Paulinienne 

 

 

Portes Pauliniennes

 

 

Voûte de l'abside

 

 

Basilique Sainte Marie Majeure

 

Santa Maria Maggiore

 

 

Ave Regina Pacis

Plafond du Baptistère 

 Baptistère 

 

Ma grande joie est de rencontrer, comme en 2006, Monseigneur Vercesi au Vatican. Les pèlerins venant à pied jusqu'à Rome, se doivent de venir le voir. Il est d'une grande gentillesse, et prend le temps qu'il faut pour s'entretenir avec nous. Il me montre le livre d'or sur lequel j'avais signé en 2006... 

Nous descendons ensemble aux tombeaux des Papes, et nous inclinons et prions où repose Jean-Paul II.

Ensuite passage par la chapelle juste derrière le tombeau de Saint Pierre, à l'aplomb du Maître Autel de la Basilique sous la Coupole.

Monseigneur Vercesi me lit une lettre de Saint Pierre, et nous disons le Notre Père.

 

Merci Monseigneur pour cette belle et grande matinée passée à votre écoute.

 

 

 

Autres Eglises, Places, et Monuments de Rome touristique.

 

Piazza di Spagna : Trinite dei monti

Rome vue de la Villa Medicis

 

 

dans l'église St Louis des Français

Le Pantheon

 

Le Colisée

 

Fontaine de Trevi

 

 

 

Campo dei Fiori

 

 

 

 

 

 

Piazza Navona

 

 

 

 

Testimonium del Pellegrino

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le site et le guide d'Angela SERACCHIOLI

Sito e guida di Angela SERACCHIOLI

 

http://www.diquipassofrancesco.it/index.asp

 

 

(*)Le gîte : "La Perfetta Letizia" a définitivement fermée 

ses portes en fin 2010 !

Mon site de randonnée alpine :

Il mio sito web di gite pedestri in montagna 

e pellegrinaggio : http://www.randoalp.com

 

Jean-Claude LORDIER

jc-lordier@randoalp.com 

 

Pellegrino francese a piedi 

del Puy in Velay a Santiago di Compostelle in 2005


 Pellegrino francese a piedi 

del Puy in Velay a Roma nel 2006

 

 

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