Vendredi 21 juillet 2017
Du refuge de Pian del Re
au refuge Barbara Lowrie.
Tout est mouillé dehors : il a plu cette nuit. Ce matin le ciel est très couvert, la brume monte de la
vallée. A 8h20 je quitte Pian del Re, sans grande conviction… Tout d'abord, le sentier monte tranquillement parmi les
fleurs des champs, mais plus haut le terrain devient moins verdoyant ; le
brouillard s'en mêle, avec une petite pluie fine. Arrivé à un croisement de sentiers, la visibilité devient
très difficile. Apparemment il faudrait grimper dans des éboulis très
glissants… Je me souviens être passé par là il y a quelques années. Pour l'heure, je me dis que ce n'est pas la bonne journée
pour ce genre d'étape, et j'ai passé l'âge de jouer au cascadeur! Je ne suis pas encore arrivé en haut, et une fois au col
de la Traversette à 2947 mètres, il faudra descendre de l'autre côté qui
n'est pas évident. Fleurs des champs. La flèche en bois indique la montée au Buco di Viso, et
col de la Traversette. |
Sur la façade du
refuge : "Tout en haut la liberté". Au départ de Pian del
Re. |
Je m'arrête là, et je redescends. Moment d'hésitation. Est-ce que je retourne à Pian del Re
pour attendre demain? Ou je prends un plan B, qui consisterait à suivre un
autre itinéraire moins compliqué avec ce temps, et plus court? Il est 11h15, je décide d'aller au refuge Barbara à 3h30
d'ici, cheminement plus moyenne montagne. La montée est agréable et fleurie, malgré le brouillard
toujours présent et des gouttelettes de pluie. Tout le long du sentier, il y a des dizaines de
salamandres noires : "la Lanza". C'est une espèce très protégée et en voie de disparition
: le réchauffement climatique pourrait lui être fatal. Le temps très humide les fait sortir, et c'est pour cette
raison qu'il y en a autant. Je dois faire attention où je mets les pieds pour ne pas
en écraser! |
En redescendant. |
Salamandre de Lanza. |
Col della Gianna. |
J'arrive au col della Gianna 2525 mètres à 13 heures. Il pleut de plus en plus fort, les marques de balisages
sont très espacées. A un moment je croyais être égaré ; dans le brouillard on
ne voit pas grand chose! Demi tour pour rien. Le sentier descend, et je
patauge dans la boue. Quelques éclairs et coups de tonnerre assez proches me
rappellent qu'il ne faut pas traîner. Petite remontée au col de Proussera. Le passage n'est pas évident à trouver au milieu des
herbes hautes ; la descente est longue, et parfois j'ai l'impression de ne
plus être sur le bon chemin… Je retrouve des sapins, des mélèzes, un peu plus bas un
replat, et en longeant un ruisseau j'arrive au refuge Barbara à 14h50. Il y a du monde, mais ce n'est pas complet ; de toutes
façons on ne m'aurait pas mis dehors… J'ai même la chance d'être tout seul, mais dans une pièce
minuscule de trois lits et sans fenêtre. Je me demande comment on pourrait
tenir à trois là dedans! Mais enfin, je suis à l'abri. La question du séchage va se poser, car il n'y a plus de
place nulle part. Des ponchos, des vestes, des chaussettes, etc… sont
suspendus un peu partout! Mes chaussures sont trempées, je récupère quelques vieux
journaux, mais il faut les changer toutes les demi heures! Autrement çà ne
sert à rien, et le stock s'épuise. Le poêle dans la grande salle réchauffe un peu. Les gardiens sont sympas, le radiateur du couloir
fonctionne, je vais mettre mes chaussures à côté, et suspendre mes
chaussettes. La plupart de ceux qui étaient là sont partis. Le parking
n'est pas loin… Il reste une vingtaine de personnes ce soir ici. Finalement je ne suis pas mécontent de mon plan B… et je
me demande comment se serait passer cette journée, si j'avais fait l'étape
prévue, c'est-à-dire col de la Traversette, col Sellière, et refuge Granero
ou Jervis. Le dîner est copieux, et je vais me coucher à 22 heures. |
En chemin. Presque arrivé. |
Refuge Barbara Lowrie.