Traversée du Queyras
Sac à dos, et raquettes aux pieds...
de Briançon à la haute vallée du Guil,
par le col d'Izoard, Brunissard, Souliers, St Véran, refuge Agnel, Abriès, l'Echalp.
du 13 au 25 mars 2013
Je voulais depuis longtemps réaliser une traversée du Queyras en hiver, à peu près comme je l'avais faite à skis de fond, "étant jeune". Mais cette année, personne n'était vraiment "chaud" pour m'accompagner : en hiver çà se comprend!
Il n'y a déjà pas grand monde qui veuille venir avec moi en été, alors l'hiver n'en parlons pas!
Seul, oui ; ce qui n'exclue pas les rencontres, mais je vais donc privilégier les itinéraires où le danger est contrôlable, en sachant parfaitement que le risque zéro n'existe pas. Il y a d'ailleurs cette journée où je suis resté sagement au gîte de Souliers, à attendre que le risque d'avalanche 5/5 baisse un peu!... C'est une chose à ne pas conseiller, mais personnellement je ne prends pas d'ARVA ni DVA, quand je suis seul! Ca ne sert à rien, et bon nombre de "solitaires" ont le même point de vue ; il n'y a que dans le cas où deux solitaires se rencontreraient, et où il surviendrait un problème, qu'un détecteur serait utile! Mais je ne vais pas m'amuser à calculer les probabilités de rencontres par rapport au risque d'avalanche susceptible d'être déclenché, si tant est que ce jour là le risque soit ≥3, et que je me trouve en haut ou sous une pente neigeuse > 30°...
J'ai donc sorti mon vieux "Karrimor Alpiniste Dougal Haston" de la fin des années 70, pour lui faire prendre l'air! Je ne me sers de ce sac qu'en hiver et en montagne, parce qu'il est très costaud, imperméable, avec une housse intérieure étanche qui se déploie et permet de le transformer en un bon 75L, avec les porte-skis ou raquettes sur les côtés, le porte crampons dessus, deux attaches piolets, etc... Son poids est respectable : 2kg vide. Mais c'est un gage de solidité ; un autre sac aurait craqué depuis longtemps! Les boucles sont en ferrailles. Pas de réglages de confort ventral, dorsal, de côté, dessus ou dessous.... Juste deux bonnes bretelles biens solides, et une ceinture, c'est tout. Autant dire qu'il ne faut pas avoir de problèmes de dos, ou d'épaules. Faut s'adapter à tout âge!
Pour cette sortie, ce sac plein pèse 11kg, y compris "l'en cas" du midi et l'eau : ce qui est très raisonnable. La priorité est aux vêtements chauds : polaires, chemise coton, vieille salopette de ski, guêtres, sac de couchage en polaire, gants, casquettes polaire, veste de pluie/neige. Toutes mes étapes se feront en gîtes, refuges, et deux ou trois fois à l'hôtel. Je n'ai rien réservé d'avance, hormis les deux premiers jours, "pour me caler", et pour tester la fréquentation du moment.
Mes raquettes INOOK pèsent 2,200kg avec la housse : elles sont sensées être sous mes pieds : il faut donc compter avec le poids des chaussures à chaque pas. La housse est sur le sac.
|
Précisions utiles. Un jour quelqu'un m'a dit : "vos cartes ne sont pas précises"! Il ne s'était pas rendu compte que ce ne sont pas des cartes! Je fais moi même mes croquis ou schémas, aux crayons, pastels ou aquarelles, ou avec mon logiciel d'images. Pourquoi? Tout simplement parce que je ne veux pas télécharger, même gratuitement des cartes, dont le tracé ne correspond pas toujours avec celui que je veux faire, ce qui m'obligerait à surcharger cette carte en re-dessinant mon propre cheminement.
D'autre part, la reproduction de cartes IGN ou autres, est interdite... Il faut savoir lire ce qui est écrit même en tout petit, tout comme je n'aime pas non plus qu'on se serve de mes textes ou qu'on reproduise mes photos non libres de droit, et sans le demander.
Venons en à cette traversée... Voici mes étapes
|
Les marques GR®, GRP®, les signes de balisage correspondants (blanc/rouge et jaune/rouge), et PR®
sont des marques déposées par la Fédération Française de la randonnée pédestre.
Autorisation de reproduction 2008.
Mercredi 13 mars 2013
La météo n'est pas très optimiste. Il parait qu'il est tombé 40 cm de neige hier en Normandie... Je me demande si je n'aurais pas dû faire prendre l'air à mes raquettes du côté des vaches blanches et noires made in Normandie, des pommiers, des cerisiers blancs, et des filles aux joues rouges, parce qu'ici à Briançon, le soleil brille, et point de neige ; en ville en tous cas! Quant aux filles aux joues rouges, elles sont sur les pistes de Serre Chevalier...
Une petite route remonte au hameau où se trouve le gîte d'étape de Terre Rouge. Il y a un groupe de cinq randonneurs dans un dortoir, et je suis installé dans une chambre de quatre lit, où je serai seul.
Gîte sympathique, bonne ambiance, et très bon dîner, pour ce premier jour et cette très mini étape! Demain l'étape sera tout aussi courte!
Arrivé au hameau de Terre Rouge
Jeudi 14 mars 2013
Cette journée est tout aussi courte que celle d'hier : pour la bonne raison que je voulais faire étape au refuge Napoléon, mais il n'y a plus de place! C'est complet pour ce soir. Il n'est pas question d'aller plus loin, car il n'y a rien avant Brunissard. Ce serait une trop longue étape, et il faut passer par le col d'Izoard à 2360m, dont j'ignore les conditions dans lesquelles il se trouve!
L'après midi se passe à photographier les maisons, chalets, ou granges de ce vieil hameau de montagne. Il y a quelques touristes, et des randonneurs surtout à ski de fond.
Le dîner est très bien et très copieux.
Vendredi 15 mars 2013
En partant du Laus
Le thermomètre de l'auberge affiche -17° sous abri à 8 heures! Du coup, je tarde un peu à partir, et j'attends que le soleil chauffe un peu. Le vent du nord souffle, et le ciel est parfaitement bleu,
A 10h je fixe mes raquettes, et en avant ; le soleil de face et le vent dans le dos. Il faut tout simplement suivre la route de l'Izoard enneigée et gelée. Quand je passe sous des sapins l'air devient glacial, et j'essaie d'accélérer le pas pour retrouver des parties ensoleillées. A certains endroits des raccourcis permettent d'éviter les lacets de la route, mais ce sont des passages assez raides à l'ombre et dans la neige gelée : heureusement les pointes et crampons des raquettes accrochent bien. Il y a quelques skieurs de fond sur la piste, et des randonneurs. Enfin, l'effort réchauffe!
Un peu avant midi j'arrive au refuge Napoléon. J'aurais dû y faire étape hier soir si ce n'était pas complet. Il fait partie des six refuges construits grâce à un legs de 50 000 Francs de Napoléon 1er au département des Hautes Alpes pour remercier les habitants de leur accueil à son retour de l'île d'Elbe. Construit en 1855, soit 34 ans après la mort de Napoléon 1er, en exécution de son testament.
A certains endroits je distingue des bouts de pistes en lacets, au milieu du site extraordinaire de la Casse Déserte : zone rocailleuse, calcaire et friable, caractérisée par des éboulis et des crêtes rocheuses. Paysage lunaire avec la neige et la solitude ambiante...
La vallée d'Arvieux et Brunissard apparaissent au milieu des sapins.
Au fur et à mesure de la descente, les sapins apparaissent, le vent s'est calmé. J'arrive à Brunissard à 15h30. Je vais au gîte d'étape "Les bons enfants", que je connais depuis longtemps, et n'a pas changé. C'est une affaire de famille depuis des générations!
A l'arrivée des Bons enfants.
On n'est pas nombreux, juste un petit groupe et moi. Demain je reste ici pour revoir ce magnifique paysage autour des chalets de Clapeyto.
Samedi 16 mars 2013
Pré Premier
Derrière une butte, apparaissent les quelques vieux chalets d'alpage de Clapeyto. Je fais ma pause casse-croûte au soleil assis dans la neige! Je ne rencontre personne d'autre que deux randonneurs à skis se dirigeant vers le col du Lauzon, sans doute pour faire une boucle en redescendant sur la vallée d'Arvieux.
Les chalets de Clapeyto
Dimanche 17 mars 2013
Ce qui était prévu, s'est produit! il a neigé toute la nuit, et une bonne couche d'une vingtaine de centimètres de poudreuse a recouvert les toits, et la route!
En quittant Brunissard vers 9h30, il neige encore, et çà ne s'arrêtera pas ; la grosse difficulté est que l'on n'y voit pas grand chose. Arrivé à La Chalp, j'ai un moment d'hésitation, mais comme il n'y a pas d'autres alternatives que d'y aller.... allons-y! Andiamo.
On m'avait assuré que le chemin était tracé. Il parait qu'il faut même prendre un forfait "piéton obligatoire" pour financer l'entretien et le damage des pistes! Ce n'est ni plus ni moins qu'un moyen pour les communes de "faire du fric" sur le dos des randonneurs! Je me refuse à payer le moindre centime quand je marche sur un chemin enneigé! Les sentiers ne sont pas payants en été, même s'ils sont entretenus ou débroussaillés ; ils ne manquerait plus que çà! La porte serait ouverte à tous les abus, et pourquoi ne pas instaurer une taxe sur le bon air?... - Vous les citadins qui venez respirer l'air pur sur les sentiers, vous devez payer!!!
L'hiver, c'est la même chose! Ce n'est pas parce qu'une chenillette est passé par là pour aplanir un peu la neige, que l'on doit payer! CQFD.
Une vague trace remonte le long d'un télésiège, et contourne sur la droite la piste en forêt, où évidemment la poudreuse de la nuit et ce qui continue à tomber, a effacé tout passage précédent! Quant à ce qui m'avait été affirmé sur l'entretien de cette piste... çà, c'était avant! Et même avant qu'il neige!
Ce jour là, la trace c'est moi qui l'ai faite : au milieu de cette forêt sans aucune indication, avec mon sac sur le dos, mes raquettes aux pieds, je m'enfonce jusqu'aux mollets! La neige tombe en abondance, et colle aux chaussures et aux raquettes : j'ai l'impression de soulever des kilos à chaque pas! Heureusement que le chemin présente peu de dénivelées, mais seulement quelques petites montées et descentes.
Gîte d'étape le Grand Rochebrune. Deux randonneurs à skis venant de la vallée du Guil, arrivent peu après moi. Plus tard, un groupe de onze plus leur accompagnateur, montent de la vallée au gîte de Souliers en minibus.
Bonne ambiance, et bon dîner dans ce gîte où il y a encore beaucoup de place libre.
La neige continue de tomber, et il n'est pas prévu que cela s'arrête de sitôt...
Lundi 18 mars 2013
Il neige encore!!! et il est tombé plus d'un mètre de neige depuis hier...
Je ne veux pas prendre de risques ; je reste ici! Les deux autres randonneurs à skis font de même... Le groupe avec leur accompagnateur ont voulu partir, mais vu les difficultés ils sont revenus en fin de matinée!
Le terrain est très difficile, l'état de la neige très instable : de nombreuses coulées ont lieues, et çà purge partout! La radio du gîte annonce un risque d'avalanche maximum, pour ne pas dire du 5/5... Il parait qu'une avalanche s'est produite sur la route dans les gorges du Guil : Une voiture a été prise dedans, et heureusement les occupants ont pu en sortir! Quand on sait qu'il s'agit d'une route sensée être entretenue, et avec de la circulation, on peut imaginer ce que peut être un chemin de montagne avec des couloirs, et des goulottes qui renvoient le trop plein...
Cette journée de repos forcé a peut être soulagé mon ampoule au talon!
Mardi 19 mars 2013
Il neige encore au réveil, mais le ciel se dégage un peu. Le groupe de randonneurs va partir, alors je vais les suivre!
La route enneigée descend au milieu des sapins blancs jusqu'à Château Queyras. Je quitte le groupe, eux vont dans une autre direction.
La construction du Fort Queyras a connu deux grandes périodes : au 13e siècle pour les cours intérieures, et au 17e siècle les Bastions et remparts architecturés par Vauban. Situé sur un étroit verrou glaciaire, le Guil coule à ses pieds. Le village de Château Queyras est sur l'autre rive. La route relie Guillestre à la haute vallée du Guil par les villages d'Aiguilles et Abriès. Elle est très étroite avec de profondes gorges et de hautes falaises. C'est un peu plus en aval qu'a eu lieu l'avalanche hier.
Les raquettes et les skis sont entreposés dans la grange en face sans lumière, porte grande ouverte! et avec 3 ou 4 cm de glace sur le sol en terre battue : idéal pour se casser la figure! Un coup de balai et un peu de sable ne serait pas inutile.
On serait dans un refuge en montagne, çà se comprendrait! M'enfin, une grande bâtisse comme çà en plein village dans la vallée, je crois qu'il y a des améliorations possibles! Le point positif est qu'il y a la douche et lavabo dans le dortoir.
A Ville Vieille, une visite à la Maison de l'Artisanat, s'impose. De nombreux objets confectionnés par des artisans du Queyras, de la simple salière à l'armoire sculptée, sont exposés.
Retour au gîte. La salle à manger-salon voûtée est très grande. Le repas est bon et copieux, même trop! Comme si on voulait faire oublier le reste! Ce soir c'est "Tartiflette à gogo" ; on en a et on nous en redonne plusieurs fois, sans demander... Pareil pour les Diots! On pourrait en manger 4 ou 5 chacun! et on est au moins une bonne trentaine... On a même droit à la tisane pour faire digérer!
Avant d'aller dormir le ventre plein, un p'tit clin d'œil aux "Skipasseurs" : (*)
In Tartiflette we trust...
Le Gîte les Astragales à Ville Vielle a changé de propriétaire en septembre 2013. Normalement tout devrait s'arranger très vite, et les commentaires "peu élogieux" formulés ci-dessus, ne devraient être qu'un fâcheux souvenir.
Mercredi 20 mars 2013
J'ai quand même bien dormi! Le petit déjeuner est vite pris, parce que j'ai hâte de sortir prendre l'air... Le soleil est là, mais le ciel n'est pas net! La journée risque d'être longue et fatigante, j'ai pris mes précautions pour l'ampoule au talon.
La pente se redresse un peu plus pour grimper à la Chapelle de Clausis, et en moins d'une heure j'arrive au refuge de la Blanche enfoui dans la neige!
A l'intérieur.
Jeudi 21 mars 2013
En direction de la Chapelle de Clausis.
Ce matin la descente à St Véran ne prend pas beaucoup de temps, et il n'y a pas grand monde. Je me permets même un petit écart dans le fond de l'Aigue Blanche, mais je préfère rejoindre assez vite la piste plus ensoleillée!
St Véran
Je ne souhaite pas aller plus loin aujourd'hui : j'ai mal aux pieds. Je crois que les attaches des raquettes serrent un peu sur les chaussures. Petite pause pour donner du lest.
St Véran est un village qui mérite d'être vu, et revu! Bien qu'il fasse un peu : vitrine (à mon goût). Longtemps considéré comme étant la plus haute commune d'Europe ; mais il parait que deux villages le dépasse d'une centaine de mètres (Juf en Suisse 2 133 m, et Trepalle en Italie 2 069 m).
Pour les anciens habitants, c'est le plus haut village où se mange le pain de Dieu.
"Lou Plus haouto coumunoutas inte se mangeu lou pan de Diou " inscription sur le cadran solaire sur le mur de l'église
Une autre devise indique : "Ici les coqs picorent les étoiles..."
Les maisons traditionnelles avec le rez-de-chaussée en pierre, et leur partie supérieure appelée "la fuste", sont construites avec des troncs de mélèze. L'intérieur est bien aéré pour permettre un bon séchage du foin stocké. Les avancées du toit généralement exposées plein sud, protègent de la neige et permettent de faire mûrir le blé ou le seigle.
Il y a deux ou trois gîtes d'étape à St Véran, mais le plus connu, "les Gabelous" est très bien! Nom donné aux douaniers chargés de récupérer la gabelle avant la révolution fançaise.
Le Queyras bénéficie d'un ensoleillement très important, il est donc normal que les cadrans solaires soient depuis des siècles des éléments décoratifs en plus d'indiquer l'heure.
Vendredi 22 mars 2013
A certains moments la montée devient plus rude! Plus j'approche du but, et plus çà grimpe!
Je ne suis pas mécontent d'arriver au refuge Agnel à 14 heures seulement, si je puis dire! Il me semble avoir mis plus de temps une précédente fois.... Chose surprenante, il y a énormément de monde à la terrasse, alors que j'ai vu peu de randonneurs en cours de route, mais beaucoup partirons dans l'après midi. Dans ce refuge c'est un peu l'usine, et il a subi des agrandissements à répétitions!
Un besoin de prendre quelque chose de chaud, se fait sentir! Un potage de légumes me ferait du bien. Je ne regrette rien, on me sert une marmite de soupe avec des croûtons et du fromage râpé.
Revigoré, je monte sans mon sac au col Agnel en une demi heure! De l'autre côté c'est l'Italie. Très belle vue sur le Mont Viso, le Pain de sucre, le Pic d'Asti, et la vallée de l'Agnelle en enfilade. La descente est un peu plus longue et compliquée, car je n'ai pas voulu repasser par le même endroit, et il m'arrive de m'enfoncer jusqu'aux mollets dans la neige ramollie!
Le Pic de Caramantran et le col de Chamoussière vu du refuge.
Ce soir ici, c'est "Couscous"... Le refuge n'est pas plein, mais il y a quand même pas mal de monde. Je suis dans un dortoir de huit avec quatre autres personnes. La température est plutôt froide, et il y a de la place, alors je prends deux couettes, et je m'endors dans mon sac!
Samedi 23 mars 2013
Rencontre en chemin.
Pour éviter la route et le goudron, à Pierre Belle je prends une piste en forêt qui mène à la Chalp, où je suis passé l'autre jour en montant à St Véran. Ca rallonge un peu par rapport à la route, mais ce chemin est agréable dans la neige et parmi les sapins.
Quoi qu'il en soit, un bout de route est inévitable pour passer à Molines. Il est déjà midi ; petit arrêt à la boulangerie du village pour manger sur place une part de pizza. Je repars en direction du hameau de Gaudissard, et retrouve une petite route non déneigée.
Pendant ce temps, depuis la descente du refuge Agnel, une douleur au bout du pied droit s'est fait sentir. Je crois que mon pouce, et peut être l'ongle commence à crier "au secours"... Il faut continuer à marcher pendant que je suis chaud, s'arrêter dans la neige en pleine forêt pour regarder mon pied, ne résoudra rien!
Là aussi je m'enfonce et me tords les pieds ; il y a des trous partout, ce n'est pas facile avec les raquettes de marcher à plat là dedans, et à chaque pas je soulève des kilos de neige collante! C'est dans cette situation que j'apprécie mes deux bâtons. Là ils sont vraiment indispensables.
En descendant, la neige en chemin est ramollie et les flocons se transforme en pluie. Je ne sais même pas le temps que j'ai mis pour arriver dans la vallée au bord du Guil. Au bout d'un moment j'aperçois Aiguilles en face, il est plus de quatre heures. Grosse surprise : une éclaircie se dessine, et un bout de ciel apparaît! Je vais faire un tour dans le village, bien que ce ne soit pas vraiment indispensable. Aiguilles est sur l'autre versant et il faut monter par une rue assez raide. Cela m'aura fait une bonne demi heure de plus avec les pieds douloureux et mouillés ; mais enfin, je l'ai voulu.
Finalement l'ampoule au talon a l'air de s'arranger, et l'ongle du pouce a changé de couleur!
Abriès
Dimanche 24 mars 2013
Ce matin quelques flocons tombent encore, mais il fait très froid. Je téléphone au gîte d'étape de l'Echalp, pour m'assurer que je puisse y aller.
C'est une courte étape tranquille, presque tout plat, en suivant la piste de ski de fond le long du Guil.
Normalement la piste continue jusqu'au refuge du Viso, en passant par les belvédères. Aujourd'hui elle s'arrête ici. Un filet est tendu avec des piquets, et une pancarte "Risque d'Avalanches". La montagne est un espace de liberté! Il n'y a pas d'interdiction. Il faut prévenir, c'est tout. A chacun de mesurer ses responsabilités et ses risques!
La bonne surprise de cette dernière étape, c'est le gîte, que je ne connaissais pas : " 7 Degrés Est ". Je suis seul dans un grand dortoir de trois vrais lits et matelas, avec une mezzanine et trois autres couchages, ainsi qu'une salle de bains! Il y a un couple dans une autre chambre qui reste là toute la semaine.
Avec la cheminée du salon qui crépite et la musique d'ambiance, nous sirotons notre bière en regardant tomber la neige!
Nous sommes donc trois ce soir à table, pour un dîner assez différent de ce que l'on peut avoir habituellement. C'est Géraldine la Maîtresse de Maison qui cuisine ; son mari assure les petits déj le matin... Un couple assez jeune qui a rénové cette ancienne ferme de pierres, mélèzes, bardeaux, du 17e siècle. Je me sens tellement bien que je décide de rester ici demain. Ce lieu me plaît, et la météo est optimiste pour les jours suivants. Avec un peu de chance, et les températures en baisse, le risque d'avalanche va diminuer et il sera possible d'aller un peu plus dans la haute vallée du Guil...
Pour l'heure au dîner, nous avons droit à des bricks de chèvre chaud, salade, côte de porc, gratin de choux fleurs, pomme de terre au four, et feuilleté aux fraises maison.
Cadran solaire et citation bien connue!
Lundi 25 mars 2013
Le ciel est encore nuageux ce matin, mais une luminosité essaie de percer...
Au bas du hameau, le filet et la pancarte ont été enlevés, et un bout de piste a été damée. Dans la matinée, je pars avec le couple qui est au gîte. Ils sont à skis de rando, donc je passe devant, et il n'y a pas de trace. Jusqu'à la Roche écroulée, gros rocher au milieu du torrent, c'est assez plat. Ensuite il faut grimper dans les mélèzes, et continuer avec la pente de neige à gauche, et les sommets de la chaîne frontalière.
Le Mont Viso en toile de fond.
L'Echalp.
Je redescends le premier, car maintenant dans ce sens avec les raquettes, je mettrai plus de temps qu'eux à skis... D'ailleurs çà devient pénible, la neige colle et çà botte : je soulève plus de poids avec mes pieds qu'à la montée.
Arrivé au bas de la pente, au torrent et à la Roche écroulée, le terrain plat est plus facile.
En fin d'après midi, les nuages s'envolent, et le ciel bleu apparaît... La cheminée crépite à nouveau ; les "Grimbergen" sont servies. En fond sonore, Miles Davis nous gratifie d'un de ses meilleurs Autumn leaves, un peu plus tard, Stan Getz son sax ténor et son quartet, nous envoie du ciel son "Stella by Starlight", au moment où les milliers d'étoiles s'illuminent les unes après les autres...
certificat n° 00040001
|
(*) http://www.skipass.com/forums/sports/sports_hiver/forum.html