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Haut Doubs dur Jura...

Traversée de Pontarlier à St Claude

 

A mes chères raquettes...

 

 

Un petit clic sur la carte pour l'agrandir...

... et sur les photos vignettes

 

Les marques GR®, GRP®, les signes de balisage correspondants (blanc/rouge et jaune/rouge), 

et PR® sont des marques déposées par la Fédération Française de la randonnée pédestre.

 Autorisation de reproduction 2008.   

 

 

J'avais déjà effectué une partie de la traversée du Jura à ski de fond avec mes enfants, en 1986!

J'envisageais depuis longtemps de refaire une rando similaire mais à pieds ou en raquettes à neige.

Comme je ne suis pas égoïste, j'ai voulu faire profiter mon entourage de cette occasion, et après une courte recherche, deux courageux randonneurs que j'ai connu lors d'un week end, se sont manifestés, et ont marqué de l'intérêt pour ce projet…

C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés : Delphine PARAY (de Paris), Hervé COUTIER (de Champagne), et moi même, pour ces quelques 150 kilomètres par prairies, forêts, monts et vallées.

 

L'itinéraire tracé, les étapes préparées, les hébergements en gîtes et refuges réservés, tout est prêt…


 

Pour effectuer cette traversée hivernale, je recommande de se munir des deux cartes IGN au 50 millième : Massif du Jura 1 et 2, bien que les pistes puissent changer d'une année à l'autre. 

 

Les descriptions des étapes ci-dessous, ne sont pas une référence, mais seulement nos propres temps de parcours, avec des conditions climatiques déplorables.

 

A propos du topo.

 

Il existe un "topo guide" spécifique pour la Grande Traversée du Jura à ski de fond, vendu par l'Association GTJ  aux PLANCHES EN MONTAGNE 39150.

Ce topo est constitué de pages photocopiées assemblées par un "peigne à relier" plastique, avec seulement l'indication des distances par jour!

Un peu léger pour un topo vendu 10 € 50, par correspondance!

De surcroît, il s'agit de la description pour la GTJ à skis de fond, et j'avais précisé que je voulais faire cette rando en raquettes à neige...

Au téléphone, et quand il s'agit de vendre un fascicule, il n'y a jamais de problème et tout est possible ; sur le terrain, et en pleine forêt, je me suis aperçu que l'on ne m'avait pas tout dit, et le topos en question ne servait à rien...

 

 

 

 

 

Samedi 10 Janvier 2004

 

Petite mise en jambes... de Pontarlier, aux Fourgs

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

Nous arrivons à Pontarlier Delphine et moi, par le train de Paris en fin de matinée. Hervé nous rejoindra dans l'après midi.

Il n'y a pas de navette pour le village des Fourgs : point de départ de cette randonnée.

Nous empruntons un minibus suisse allant à Vallorbe, et nous nous faisons déposer au village de La Cluse Mijoux, à mi chemin.

Il reste 6 ou 7 km à faire à pieds, mais une sympathique habitante du village nous conduit en voiture à un bon kilomètre de là ; ce qui nous fait gagner un peu de temps!

Après avoir longé une portion de route, nous trouvons un petit sentier sur la droite avec la pancarte "Les Fourgs". Delphine et moi, suivons donc  ce chemin en sous bois, et par des prairies où persistent des résidus de neige, nous arrivons sur un belvédère à la crête des Fourneaux.

 

A quelques dizaines de mètres, un chamois traverse une clairière en bondissant, et nous ne savons pas qui est le plus surpris!

Peu après nous passons par le hameau de La Chapelle Mijoux. Le soleil joue à cache cache, et la température relativement douce rend la neige à l'état de bouillie!

 

La Chapelle Mijoux

 

La petite route, normalement non déneigée, et servant de piste de ski de fond mène sur le fameux plateau des Fourgs : le plus haut du Doubs à 1100 m.

L'imposante église à l'écart est visible de loin.

 

 Le village des Fourgs, tout en longueur, traversé par la route allant en Suisse, semble bien inanimé!

 

Nous arrivons au gîte "La Maison d'Hôtes le Montagnon" à 14 heures. La patronne nous propose une omelette salade qui complète à merveille le sandwich jambon mangé en montant.

 

 

Un petit tour jusqu'à la chapelle du Tourillot, sur une butte d'où l'on découvre toute l'étendue des Fourgs.

 

Hervé arrive dans l'après midi : nous voilà tous les trois!

Nous sommes seuls randonneurs, il y a juste un jeune couple de passage pour le week end.

Le gîte est agréable, nous avons tout ce qu'il faut.

 

La météo est très mauvaise pour les jours à venir.

Il faudra faire avec! Hervé avait suggéré de se munir de palmes et de tubas. Pessimiste, va!

En tous cas, le marathon des cimes, qui devait avoir lieu ici demain avec 500 participants a été annulé pour manque de neige!

 

Dîner : salade Franc-comtoise, rôti de dindonneau, pâtes, vacherin. 


 

 

 

 

 

 

Dimanche 11 Janvier 2004

 

Des Fourgs au Gros Morond

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

Jurassique Parc Raquettes, et Pâquerettes Jurassiques.

 

 

Le ciel est très nuageux ce matin et nous partons, Delphine, Hervé et moi même, après le petit déjeuner, pour notre "grande aventure hivernale".

Tout d'abord une petite route balisée aux couleurs de la GTJ (Grande Traversée du Jura), que nous perdons bien vite de vue : les pistes de ski bleues, vertes ou rouges, se mélangent, se confondent avec la GTJ, mais nous continuons le chemin repéré sur la carte au milieu de clairières, et à l'orée des bois, où nous avons la chance d'apercevoir trois chevreuils en fuite...

 

A 1000 mètres d'altitude, les prairies sont vertes ; on voit même deux ou trois pâquerettes, en janvier!

 

A quelques centaines de mètres, de l'autre côté de la route, se trouve le village "Les Hôpitaux Vieux". Les premières gouttes commencent à tomber, en arrivant au village "Les Hôpitaux Neufs"... 

Il est juste midi, la supérette est encore ouverte ; nous nous dépêchons d'acheter à manger. La fringale se fait sentir, et nous avons besoin d'une boisson chaude.

Malheureusement, nous sommes obligés d'absorber les sandwichs à l'abri sous une galerie marchande : le bistrot veut bien nous servir à boire, mais pas en mangeant le jambon de chez Casino!

 

Tant pis! nous grignotons à la bonne franquette, et nous repartons après avoir mis nos capes et ponchos pour recouvrir les sac à dos!

 

Un bout de GTJ jusqu'au pied des remontées mécaniques de Métabief. Là nous remontons droit par la piste de ski déserte. 

 

Un groupe de randonneurs descend, et arrivés près de nous, ils déchaussent leurs raquettes.

C'est la journée nationale de la raquette à neige!

Nous allons pouvoir utiliser les nôtres!

Delphine et Hervé sont un peu néophytes, mais ils chaussent sans problème.

Pause raquettes au bas de la piste

Mes raquettes, je les ai depuis une douzaine d'années, et je m'en sers peu!

Toujours est il qu'au bout de cent mètres, elles se desserrent, et le talon se dérègle!

Bon çà commence bien!

Je les remets, mais il faut une pointe pour régler la longueur de la semelle. J'ai mon tournevis, mais il est dans le sac, et comme je n'ai pas envie de tout déballer ici au milieu de la piste, je prends mes raquettes à la main et mon mal en patience.

Pendant ce temps, Delph et Hervé s'éclatent et semblent trouver un réel plaisir à marcher avec ses trucs aux pieds. Moi je rame! les deux bâtons d'une main et les deux raquettes de l'autre, sac sur le dos et le poncho qui vole dans tous les sens et ne couvre pas grand chose...

Plus on monte, plus la couche de neige est importante, plus le vent souffle et plus il pleut fort! 

Le brouillard enveloppe tout le paysage, çà complique les choses. Nos points de repères sont les pylônes et les câbles du télésiège. En les suivant nous arrivons au sommet du Morond 1419 mètres, avec un vent violent et la grêle. 

On se réfugie sous le toit de la cabane du télésiège pour consulter la carte. Il faut descendre de l'autre côté, en coupant par la piste. 

 

Devant le refuge du Gros Morond

Dans un virage, le refuge du Gros Morond apparaît plus bas. 

Nous y arrivons à 16 heures!

Il y a plein de monde, ils sont venus là en balade à pieds ou en raquettes malgré le mauvais temps, et petit à petit ils repartent tous récupérer leurs voitures au parking à dix minutes.

 

Nous nous retrouvons tous les trois dans ce grand chalet du Club Alpin Français.

 

 

Le gardien est venu pour encaisser les nuitées, mais surtout pour s'assurer que nous étions là, car normalement ce refuge est fermé : pour faire étape ici au Gros Morond, il faut contacter le gardien qui habite dans la vallée, ou le CAF du Haut Doubs.

Le chauffage fonctionne bien, et nous profitons de l'espace disponible pour nous étaler, et faire sécher tout ce que nous avions sur le dos.

 

Le refuge est très bien aménagé : vaisselle, couverts, casseroles, gazinière, etc...

Il ne reste plus qu'à faire chauffer le sachet de soupe, et cuire les pâtes à la sauce tomate pendant qu'Hervé débouche la côte du Jura achetée ce matin.

 

Comme nous sommes passablement fatigués, nous ne tardons pas pour monter nous coucher, enfouis sous trois couvertures chacun, et bercés par le vent et la pluie sur les velux...

 


 

 

 

 

 

 

Lundi 12 Janvier 2004

 

Du Gros Morond à Mouthe

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

 

 

Nous avons été réveillés plusieurs fois dans la nuit par le vent violent et la pluie!

 

A 7 heures, il y a de la neige partout, et çà continue de tomber.

Nous faisons chauffer thé et café, et le pain recouvert de Nutella remplace le beurre et la confiture!

 

Toutes les affaires ont bien séché, et les chaussures sont même chaudes à l'intérieur : c'est formidable car les pieds risquent d'être vite refroidis.

 

Nous quittons le refuge à 9 heures, après avoir coupé le disjoncteur, fermé la porte, et brouillé le code, selon les recommandations du gardien.

Le ciel est gris, il neige encore, la couche est de 10 cm ; c'est peu pour mettre les raquettes, mais Delph et Hervé sont trop impatients…Delphine dans la descente du refuge

 

J'avais prévu de monter au sommet du Mont d'Or tout proche, pour avoir une vue sur la vallée, et la Suisse, mais avec ce temps là, nous y renonçons ; cela ne servirait à rien.

 

Nous partons tous les trois. Je n'ai pas fait 10 mètres, çà y est la raquette droite se détache!

Je la remet, je serre. Le temps de faire trois pas, et voilà çà se re détache! La talonnette flotte!

Je les enlève, et comme hier, je les porte à la main!

Les autres sont hilares! Evidemment, j'organise une randonnée raquettes, et je ne m'en sers pas!

Je les porte! Heureusement la couche de neige n'est pas épaisse.

 

Nous passons au chalet "du Paradis". Delphine et Hervé enlève leurs raquettes : ici il n'y a plus de neige, et il pleut! Nous sommes en contrebas du refuge.

Il faut suivre des balisages de ski de fond, et contourner un vallon pour arriver au chalet de la Grangette. Les marques ont disparu, et nous repérons sur la droite un chemin qui mène près des balisages du GR® 5.

La neige refait son apparition, et l'épaisseur d'environ 40 cm nécessite de remettre les raquettes.

Moi j'y renonce!

Je préfère marcher dans les traces.

Au chalet du Bionay il y a des marques de passage, et peu après à la Boissaude, un groupe est en plein cours de ski.

 

Au bout d'une route, la ferme des Granges Raquin inhabitée en plein hiver.

Un peu plus bas, nous retrouvons le GR® 5 dans le bois, et le chalet Corneau repéré sur la carte.

 

Le vent est toujours très fort, il pleut et neige par intermittence!

 

Nous trouvons un abri sous le toit du chalet la Vannode pour faire une pause casse croûte, sans traîner!  Hervé a son thermos rempli de soupe chaude depuis ce matin… voilà qui fait du bien et réchauffe, pour continuer le GR® dans un champ en direction des granges Bousson.

 

Une route forestière serpente ; nous sommes un peu abrités sous les grands épicéas.

 

La Vannode

 A un moment, nous devons faire un détour : en effet, plusieurs tas de cailloux ont été déposés par des camions bennes en plein chemin, sur la GTJ…

Nous passons près de la source du Doubs, et d'une piste de ski transformée en pente boueuse!

 

Le grand village de Mouthe s'étire en face, il faut suivre la route pour y arriver.

Il est 16 heures, le bourg est désert. Nous cherchons un bon moment sous la pluie, avant de trouver le gîte "Art et Randonnée".

Enfin nous y arrivons complètement trempés de la tête aux pieds!

 

Heureusement, l'accueil est chaleureux. Première chose, on se débarrasse de tout ce qui est trempé : c'est à dire presque tout!

 

Très amusant de vider l'eau des chaussures, et en les pressants il en coule encore!

 

La propriétaire prépare un pichet de thé bien chaud pour notre plus grand bien.

Toutes les affaires mouillées sont étendues dans une salle séchoir, et les chaussures bourrées de journaux accrochées à des tubes chauds. C'est un vrai déballage!

Il y a deux  vacanciers belges revenus trempés de balade, leurs affaires sont étendues aussi dans le local.

 

La douche chaude est bienfaisante.

Un peu plus tard, pour prendre un peu l'air et la pluie, je sors pour quelques courses au supermarché à proximité, en prévision du casse croûte de demain!

L'étalage des produits régionaux est appétissant, et sans aucune hésitation je choisis un blanc d'Arbois, histoire de se faire un petit apéro réconfortant!

D'ailleurs Delphine transporte des sachets de cacahuètes dans son sac à dos!

 

A cinq, les deux belges et nous, la bouteille d'Arbois, ne fait pas long feu!

En cette période, le gîte ne prépare pas les repas : ils ont un accord avec le Pub à côté. Il y a peu de clients et nous sommes super bien servis.

Au menu, les spécialités locales :

- Soupe paysanne (légumes et lard)

- Rösti (jambon grillé et pommes de terre lardons oignons)

- Salidou (délicieuse crêpe au caramel, beurre salé et crème fraiche.

- Vin, côte du Jura…

 

Il faut une bonne infusion pour faciliter la digestion.

Delphine commence à s'inquiéter pour les calories! Je la rassure : l'étape demain aura tout éliminé.

 

Il pleut encore des cordes en sortant du restaurant, et nous rentrons dormir au gîte sans tarder.

 

Mouthe est très connu pour la Transjurassienne : course de ski de fond de 76 km ayant lieu en février chaque année. Le départ est donné à Lamoura. Elle compte pour la coupe du monde, au même titre que la Vasalopette, la Marcialonga en Italie, ou la Kunigludvidlorf en Allemagne.

 

 

La grande spécialité de Mouthe, c'est le pain d'épice ; il y a même une fabrique, et Delphine ne parle que de çà depuis hier, mais ce matin nous sommes tellement accaparés par ce temps pourri, que l'on ne pense plus au pain d'épice et à sa fabrication…

 


 

 

 

 

 

 

Mardi 13 Janvier 2004

 

De Mouthe à la Combe des Cives

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

 

 

 

Pas de photos aujourd'hui, sous la pluie c'est trop moche... 

 

Il n'arrête pas de pleuvoir…

A tel point qu'on se demande s'il faut partir!

 

En quittant Mouthe à 10 heures encapuchonnés, nous pensons subir le pire de la journée en  longeant la route sur le Doubs, avec un vent violent qui nous déporte, nous pousse ou nous retient, et la pluie glacée en plein visage!

 

De l'autre côté, le chemin qui devrait servir de piste pour la GTJ, est détrempé : l'eau coule de partout! On a l'impression de marcher dans un torrent… moins d'une demi heure après le départ, nous avons tous les trois les pieds trempés.

L'itinéraire remonte par la forêt de Noir Mont ; nous croyons être à l'abri, mais des trombes d'eau s'abattent sur nous au moindre coup de vent. Arrivés au carrefour direction "chez Liadet", nous faisons fausse route! On se retrouve en bas d'une piste.

Hervé se met à crier "terre… terre"… comme un navigateur en plein océan qui se croit sauvé!

Mais notre terre à nous, n'est pas la bonne ; le chalet en vue est "Champvent" sur la carte ; mauvaise direction…

En tous cas, il porte bien son nom ; les bourrasques sont de plus en plus violentes. Dire que çà souffle, serait un euphémisme.

Les arbres sifflent, les branches sont courbées, les sapins remuent leur tronc!

Par bonheur, devant cette bâtisse inhabitée, passe une petite route de terre battue nous permettant de rattraper plus loin la GTJ.

Le vent nous prend de face, par moment on n'avance pas, ce qui a pour effet de recevoir la pluie et la grêle en pleine figure. On dirait même que les gouttes arrivent droit sur nous, à l'horizontal!

Curieux effet…

Après un virage sur la gauche, une petite montée mène en sous bois en espérant être un peu moins exposés, mais cela à pour inconvénient de perdre à nouveau la trace dans des chemins boueux et en tous sens.

C'est peut être Hervé et son flair qui nous ont remis sur la voie : en effet, au bout du bois, la clairière d'où l'on distingue une maison à gauche, et  cent mètres plus loin une autre à droite!

Nous nous y rendons : tout est fermé, encore une ferme d'estive. 

La toiture et le auvent vont nous abriter, le temps de manger un morceau, mais bien vite on se gèle debout avec la pluie dégoulinante partout et les godasses pleines d'eau! 

 

Nous reprenons notre chemin jusqu'à une nouvelle ferme : Les loges dessous. Là aussi nous avons failli suivre une mauvaise piste, pourtant évidente ; mais non il faut couper dans le champ et remonter une petite côte en suivant les piquets servant de repères aux engins de damage. S'il y avait de la neige, tout serait simple, il suffirait de suivre la piste GTJ ; mais il pleut depuis trois jours, alors la neige n'est plus au rendez-vous, et les balisages sur les arbres c'est fait pour les sentiers d'été, et non pas pour des fadas qui se baladent l'hiver. 

Autrement dit : pas de neige, pas de piste et pas d'indication. 

 

On se débrouille! c'est çà l'aventure! Vive nou z'otres!

 

Un peu plus haut, une autre ferme : là c'est les loges du dessus! Heureusement qu'il n'y en a pas une autre entre, on l'aurait appelé les loges du milieu!

Des idées rigolotes viennent à l'esprit, il faut bien penser à autre chose qu'au fait d'être sous la flotte à marcher avec un sac de 12 ou 13 kg qui doit être déjà bien mouillé dedans! et que l'on est peut être en train d'attraper la crève!

Bon, et sans en avoir l'air, la pluie est tellement froide que le peu de neige au sol est glacé. Voila, çà glisse, et çà dérape! et je m'étale deux, trois, quatre fois... Delphine et Hervé sont hilares! mais ne tarderont pas à se retrouver le derrière par terre aussi!

 

Un peu plus loin, une cabane pour faire une petite pause, et une piste de ski de fond, ou plutôt la pancarte indiquant la piste de 21 km ici lorsqu'il y a de la neige ; "Fabrice Guy", dédiée au Champion Olympique, enfant du pays.

Nous rentrons à nouveau dans la forêt, et çà glisse encore! Puis le pré Poncet, quelques chalets et une cheminée qui fume! Delphine folle de joie, à l'idée d'un chocolat chaud, se sent propulsée, c'est tout juste si elle ne court pas! Mais déception! tout est fermé... On tape aux carreaux, aux portes. Rien! personne... "et pourtant çà fume" dit Delph...

 

Ne perdons pas notre temps! on continue et après une courte descente nous sommes face à la Combe des Cives, le chenil de huskys, le terrain marécageux, de l'eau, de la boue, nous suivons les tourbières, et contournons les petits étangs pour passer sur la route, et devant l'écomusée : ancienne ferme du 17e siècle qui retrace la vie paysanne dans cette vallée.

 

A quelques centaines de mètres, à l'écart, le gîte d'étape "La Combe des Cives".

Nous sommes super contents d'être enfin arrivés, après 6 heures de marche sous une pluie battante.

Le scénario est pire qu'hier, en dehors du fait d'être trempés jusqu'aux os, et d'avoir un litre de pluie glacée dans chaque chaussure, nous sommes accueillis comme le temps! Dommage çà manque de chaleur humaine. Les propriétaires ne sont vraiment pas causants, c'est le moins qu'on puisse dire! On a l'impression d'être dans une famille d'ours. C'est vrai qu'ici on vit à l'état sauvage, loin de tout, çà doit se refléter sur les individus.

 

Il n'y a pas de journaux pour bourrer les chaussures. A nous de nous débrouiller...

Hervé, avec humour trouve que le patron a un sourire à décoincer les portes... c'est tout dire!

 

Heureusement, le gîte est confortable, la douche chaude bienfaisante, et on peut étaler nos affaires au séchoir ; il n'y a personne d'autre. 

 

- Un bon point : le repas est excellent.

- Potage

- Lentilles saucisses de Morteau, côtes de Porc

- Profiteroles.

 

La météo confirme des rafales de vent à 100 km heure sur le Jura aujourd'hui!

On s'endort en espérant que demain sera meilleur!

 

Les tourbières, essentiellement constituées en milieu humide, sont souvent des reliquats de marais, où une accumulation de matière organique reste active ; elles sont composées de mousses ou sphaignes et d'arbustes. 

La tourbe produite est de couleur brune.

Certaines tourbières sont protégées : leur biotope particulier et souvent endémique génère un écosystème unique.

 

 

 

 

 

 

Mercredi 14 Janvier 2004

 

De la Combe des Cives à Bellefontaine

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

 

 

On s'étire à 7 heures et demie du matin, et Oh surprise! en regardant pas la fenêtre, il ne pleut plus!

Dans la pénombre on ne voit que du blanc! Ne rêvons pas, il n'y a qu'un tout petit centimètre de neige, et le ciel est 

couvert.

Notre linge a séché, mais les chaussures sont humides.

Hervé qui a perdu ses gants hier dans la nature, prend des chaussettes en guise de moufles! 

 

 

La Combe des Cives

 

Une fois le petit dej pris, nous partons à 9 heures pour une étape qui devrait être relativement courte ; tout d'abord en longeant la tourbière transformée en lac. Nous décidons de faire une petite variante par la forêt plutôt que suivre les marais dans la Combe des Cives.

 

 

Une heure après le départ, nous arrivons au village au nom enchanteur, et poétique de : "Chapelle des Bois", un haut lieu du ski nordique.

La petite pause chocolat pour Delphine et Hervé, et café pour moi, nous réchauffe un peu.

Le temps d'acheter à l'épicerie, ce qu'il faut pour manger à midi, et des flocons de neige se mettent à tomber ; c'est mieux que la pluie!

 

Un rayon de soleil essaie de percer. Enfin, un jour sans notre cape de pluie!

Neige et Soleil font un spectacle intermittent…

 

 

Nous prenons un chemin baptisé : "chez Michel" qui suit des vallonnements, et d'où nous avons une vue globale du village. Nous évitons ainsi les tourbières détrempées, et les petits lacs.

 

 

Par les pistes "des Mortes", et "du Glacier", nous passons dans la forêt de sapins.

 

A un moment, plusieurs chemins sans indication à proximité d'une route, nous laissent perplexes ; Hervé part en éclaireur pour tenter de trouver une marque ou un signe.

A son retour nous profitons de la pause pour casser la croûte.

Il a repéré des marques de GTJ un kilomètre plus loin, alors que depuis longtemps nous "naviguons à vue"!

Nous repartons donc dans cette direction : le chalet "Violes". Un peu plus loin, de vastes prairies magnifiques, et verdoyantes! "Le haut des Combes".

 

Le Haut des Combes, sans neige après les pluies diluviennes

 

Changement de département : du Doubs, au Jura.

A nouveau une forêt de pins et de hêtres, puis des champs, et des prés, la ferme de Chaux Mourant, où nous devons enjamber une clôture, et descendre la prairie qui mène à la route.

Bellefontaine est devant nous!

Autre village au nom chantant… et petite station à la lisière des forêts.

Il n'est pas encore 16 heures.

 

J'ai réservé au V V F de Bellefontaine, en demi pension disposant d'un dortoir de dix lits avec salle de bains.

A notre arrivée, la réception est fermée, mais les instructions sont laissées dans une enveloppe à mon nom, ce qui permet de nous installer et déposer nos affaires humides au séchoir.

Delphine a une envie folle de chocolat! Pourquoi? Elle a vu une boutique en arrivant dans le village.

Nous nous y rendons, et revenons avec un stock de victuailles en prévision de demain midi, mais aussi avec une bouteille de Macvin : apéritif du Jura, un peu l'équivalent du Pinaud des Charentes.

Delphine doit se séparer du poids de ses sachets de cacahuètes!…

 

Le VVF est plein de vacanciers ; nous sommes seuls randonneurs, et les discussions vont bon train. Les  gens s'intéressent à ce que l'on fait, ils nous questionnent, et sont surpris de  voir des randonneurs par ce temps!

En une heure, on est connu de tout le monde! L'ambiance est très conviviale. Cela nous fait très plaisir de rencontrer enfin d'autres personnes.

On parle de choses et d'autres, en faisant des jeux, et en buvant notre Macvin.

Delphine a gagné un Kir dans une sorte de Loto.

Le dîner a lieu dans une grande salle à manger : buffet au choix et à volonté! Du potage aux pâtisseries, en passant par les salades, viande, poisson, légumes, fromages et diverses cancoillottes de la région…

Voilà, nous sommes rassasiés, mais ce n'est pas fini!

On nous attend en bas pour faire d'autres jeux! Hervé et moi nous finissons la bouteille de Macvin!…

Dehors, il neige à gros flocons.

Etape et soirée excellentes! Nous nous endormons bien…

 

Bellefontaine à notre arrivée...

 


 

 

 

 

 

 

Jeudi 15 Janvier 2004

 

De Bellefontaine aux Rousses

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

 

 

 

 Il a neigé toute la nuit, et il neige encore! La couche va nécessiter l'emploi des raquettes. Delphine et Hervé sont supers contents! Ils sont venus pour çà, mais moi les raquettes me donnent des boutons!

 

 

... et le lendemain matin au départ.

 

Un Petit déjeuner buffet, c'est très bien pour goûter à tout, et çà permet d'emmagasiner des calories essentielles, pour les efforts à fournir et pour lutter contre le froid.

Départ à 9 h 30 du V V F, sous les flocons. Nous montons par la petite route non déneigée et bordée de sapins blancs jusqu'au parking du Risoux. Les véhicules ne vont pas plus loin : après c'est les pistes. 

Il va nous falloir traverser l'importante forêt du Risoux, et là le bat blesse!

 

Voici pourquoi.

 

 

LES FORETS DU RISOUX ET DU MASSACRE, 

INTERDITES AUX RANDONNEURS.

MAIS OU VA-T-ON ?

 

Nous sommes "alpagués" par une gardienne abritée dans sa cabane, à l'entrée des pistes de ski de fond.

Il est défendu de franchir la ligne!

La forêt est interdite aux randonneurs à pied…

 

 

LES Motifs :

1°)- le traçage des pistes de fond coûte cher, et beaucoup de promeneurs marchent un peu n'importe où. Les skieurs paient une redevance pour emprunter ces pistes.

Si certains, peu scrupuleux leur labourent les pistes de classique ou de skating, rien ne va plus!

2°)- On nous parle de la protection de l'environnement!

les skieurs ont le droit de passage puisqu'ils payent! Mais les pédestres qui ne payent rien sont interdits…

 

La raison?

La protection du Grand Tétras ou coq de bruyère : une espèce en voie de disparition.

 

Les causes sont pourtant simples :

- les déboisements,

- l'exploitation forestière et ses nuisances mécaniques,

- la présence de l'homme et ses déplacements anarchiques,

- les chasseurs, les braconniers,

- les conditions climatiques qui se modifient.

Voilà les facteurs menaçant la survie du Grand Tétras!

Le problème est que ce n'est pas la seule espèce en voie de disparition ; et dans ce cas il faudrait interdire l'accès à beaucoup d'autres endroits...

 

Les skieurs de fond ne dérangent pas le Grand Tétras. Eux, ils payent pour fréquenter les pistes tracées à grand renfort de ratracks ou de dameuses bruyantes!.

Le randonneur à pied ou en raquettes fait du bruit, et dérange la faune. En plus comme il ne sait pas se tenir, il esquinte les pistes… Holala! Mais où va t-on ma pauv' dame!

 

Certains élus locaux ont même pensé faire payer un droit de passage aux randonneurs, comme pour les fondeurs! Ainsi ils ne dérangeront pas le Grand Tétras!

Surtout en plein hiver, où la bête est planquée ; la période à ne pas déranger est au contraire le printemps à la ponte des œufs : en mai, la femelle couve pendant moins d'un mois!

Mais là, il y a belle lurette que la neige a disparu!

Y z'ont vraiment pas de chance ces randonneurs!…

 

On se posait pas autant de questions y a 50 ans, et la faune était plus importante.

Faudrait chercher les causes réelles et sérieuses au problème parmi certains prédateurs humains.

 

Encore mieux! Y'en a qui réfléchissent pour faire des pistes spéciales et damées pour les raquettes!!! C'est vrai qu'on avait pas pensé aux sorties dominicales après déjeuner, et à ceux qui sont en droit de connaître le grand frisson "montagne" sur des pistes bien tracées et balisées, téléphone potable à l'oreille, et où ils ne risquent rien. On aura tout vu, je vous dis!

 

Mieux encore! Parait-il que pendant le sommet du G8 à Evian en septembre 2003, tout le haut Jura, les forêts du Risoux, et du Massacre ont été investies par l'armée, et truffées de batteries anti-missiles, d'engins de défense, et de tournoiements d'avions de chasse, et d'hélicoptères…

Il est évident que le Grand Tétras, n'a pas été dérangé par tout ce cirque, et peut être que çà a dû l'amuser, lui et ses petits!

 

 

 

 

Mais voila ce dont il faut tenir compte aussi :

La vulgarisation de la montagne peut conduire à une sur-fréquentation dangereuse.

(Ce n'est pas de moi :çà a été dit et redit par d'éminents spécialistes depuis plus de vingt ans.)


 

 

La protection de la nature est un acte d'engagement des défenseurs de l'environnement, et des montagnards, qui n'ont pas attendu que les politiques s'en emparent pour le transformer en "écologie".

(Ca c'est de moi.)

 

Il a fallu parlementer une bonne demi heure avec la "guichetière", et nous avons bien cru être obligés de faire demi tour...

"Il faudra marcher en dehors des pistes!" comme si on ne le savait pas! 

C'est d'ailleurs ce que nous voulions : passer dans la neige vierge, et  je ne conçois pas autrement la randonnée en raquettes.

 

Mes deux co-équipiers, Delphine et Hervé ont chaussé leurs raquettes en dix secondes. Moi, il me faut un quart d'heure pour les attacher, les serrer, et ajouter une lanière supplémentaire!

Quoi qu'il en soit, nous sommes obligés de longer la piste de ski de fond sur 300 mètres, pour bifurquer à droite sur le chemin Séraphin, non tracé dans la poudreuse. 

Mes raquettes tiennent! c'est surprenant!

Hervé fait la trace. 

Les flocons virevoltent dans l'air, la couche est par endroits importante, et les marques dans la poudreuse confirme la présence de différents animaux : des petites pattes d'oiseaux, aux empreintes de chevreuils, tout un monde vivant se terre dans la forêt.

 

A un moment, je culbute et me retrouve à plat ventre dans la neige! L'une des raquettes s'est desserrée et le talon est sorti de son cran! Les deux autres devant sont morts de rire!

Il faudrait que je sorte mon tournevis pour le réglage, et cela tiendrait le temps de faire 500 mètres.

Je perds patience! Un quidam quelconque les aurait balancé au beau milieu des bois!

 

Je les raccroche sur mon sac, et j'essaie de marcher dans les traces pour m'enfoncer le moins possible. Hervé devant, Delphine le suit, et ainsi derrière je m'enlise moins.

 

 

C'est pénible! on se demande si je vais arriver au bout...

Il faut penser à autres choses : voir les branches de sapins chargées de neige, se concentrer sur le paysage, et faire fonctionner l'imagination, comme on fait marcher ses pieds pour avancer. Voila! la neige est poudreuse, on dirait du sucre fin, et nos pas crissent, nos bâtons grincent en les plantant de chaque coté de nos pas. Ce n'est pas un bruit, c'est une musique dans ce grand silence blanc et vert. Si l'on s'arrête de marcher, plus rien ne bouge, et on n'ose plus parler! Le silence peut s'écouter aussi.

Nous reprenons notre marche et à nouveau le sucre en poudre réagit par petits bruissements... et nous voila arrivés au carrefour de la Croix du Tronc : intersection avec les pistes que nous sommes obligés de suivre sur le côté pendant une centaine de mètres jusqu'à une table de pique-nique recouverte de neige que nous déblayons pour casse-croûter.

 

Quelques skieurs de fond profitent de cette première journée enneigée. Les chemins étaient boueux encore hier!

Nous reprenons notre route dans la neige vierge jusqu'au chalet de "La Loge Neuve", et ensuite un panneau indique le crêt des Sauges, où le GR® 5 mène sur une "piste raquettes".

 

 

 

Dans la descente, le village apparaît avec sa chaîne frontalière en arrière plan. Outre les pistes de fond, la station est dotée de pistes de descentes : les Jouvencelles, les Tuffes, la Serra, et la Dôle sur la Suisse.

 

 

A voir : le Centre Paul Emile Victor à Prémanon (3 km des Rousses). Premier musée européen de l'exploration polaire, consacré à la nature, aux peuples polaires, et à la conquête des pôles.

 

L'arrivée aux Rousses

 

Nous avons le temps de faire une pause chocolat chaud, avant de rejoindre le gîte "Le Grand Tétras" qui se trouve à cinq cents mètres direction les Rousses d'Amont avant le lac.

 

 C'est une grande bâtisse qui peut accueillir des classes de neige et des classes vertes, en petits dortoirs ; mais ce soir nous sommes encore seuls tous les trois.

A l'intérieur, dans les sous sols, nous découvrons un véritable musée du ski. Les propriétaires, Monsieur et Madame TINGUELY ont patiemment conservé tout ce qui se rapporte au ski depuis 1903 : skis de toutes sortes, luges, patins, outillages, etc... et, raquettes, en bois, en cordes... 

 

M. Tinguely fait entrer mes raquettes au musée!

 

Il me vient une idée : plutôt que de mettre mes raquettes dans un conteneur municipal au coin d'une rue, je vais les offrir au musée du ski des Rousses. Bien sûr, des raquettes en plastique vert des années 90, vont peut être avoir une drôle d'allure à côté de leurs aïeules centenaires en bois et ficelles. Mais je me dis qu'elles sont du siècle dernier, alors çà commence à compter, et mes chères raquettes connaîtront une fin honorable! 

Finir au musée du ski, c'est quand même quelque chose!

Monsieur TINGUELY est ravi de l'originalité de mon don, en précisant qu'il n'y a eu que deux autres musées de la sorte en France : à Briançon, et Chamonix.

 

 

 

Cela signifie aussi que je devrai continuer les deux prochains jours sans raquettes, même avec un enneigement important. 

Je ne veux pas en acheter d'autres pour le moment.

J'ai confiance en mes partenaires, capables de faire une "trace royale"!...

 


 

La faim se fait sentir, et l'heure du dîner approche :

- Potage

- Saucisse de Morteau (confectionnée à Bois d'Amont)

- Papet Vaudois : spécialité suisse (pommes de terre et poireaux vapeur)

- Lentilles

- Fromages du Jura

et la fameuse cote du Jura rouge.

 

Monsieur TINGUELY sort sa guitare, et chante quelques airs, nostalgiques, ou entraînants...

et nous allons nous coucher après avoir pris une bonne infusion.

 

Dehors, la neige tombe sans faire de bruit...

 


 

 

 

 

 

 

 

Vendredi 16 Janvier 2004

 

Des Rousses à Lamoura

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

 

 

Le rituel est le même : réveil, toilette, petit déjeuner... nous partons après avoir dit au revoir "à mes chères raquettes".

Avant d'aller plus loin, nous devons faire des achats au supermarché : pain, jambon, fruits, etc....

Il neige toujours, et nous quittons Les Rousses à 10 heures, par le GR® 5 qui traverse un petit bois. Delphine et Hervé raquettes aux pieds sont devant comme il se doit.  

 

Nous passons au hameau du Bief de la Chaille, et remontons par des champs de neige jusqu'au gîte d'étape de la Grenotte. A partir de là les marques sont un peu brouillées. Nous avons suivi le GR® 9 au départ des remontées mécaniques, par la montagne des Tuffes, en grimpant tout droit sur la piste de ski fermée, mais raide. En arrivant en haut, les balisages sont inexistants, et il faut continuer dans la forêt et par les pistes jusqu'à un replat conduisant au belvédère des Dappes. La Suisse est en face, de l'autre côté de la vallée noyée dans les nuages et la neige.

 

Nous marchons toujours par la forêt, dans la poudreuse. Je m'enfonce jusqu'aux mollets, même en restant dans les traces de Delphine! Le parcours est malgré tout agréable et vallonné. Les sensations sont les mêmes qu'hier... le crissement des raquettes et des plantés de bâtons dans le silence ; et dire que la civilisation est si proche!

 

Comme les jours précédents nous faisons une pause casse croûte sous le toit d'un chalet fermé, en pleine forêt du Massacre. Le vent est glacial, et la neige vole dans tous les sens.

Hervé a du thé chaud dans son thermos. Quelle aubaine!

Nous repartons bien vite pour ne pas nous refroidir. Le GR® 9 conduit aux pistes de ski de fond, à suivre sur le bas côté pendant une bonne heure, mais nous ne pouvons pas faire autrement. Des skieurs nous regardent un peu comme des bêtes curieuses!

 

Après tout, nous somme sur un GR® de randonnée, que les fondeurs se sont appropriés!... 

 

La forêt du Massacre, constituée  comme beaucoup de forêts de ce département, de résineux, en particulier d'épicéas, doit son nom à un massacre qui a eu lieu en 1535 lors d'une bataille entre François 1er et le Duc de Savoie. 

 

 

 

Nous arrivons au chalet de La Frasse : gîte d'étape.

 

Hier nous étions bloqués à l'entrée de la forêt du Risoux, et aujourd'hui, deux gardes moniteurs des pistes de fond viennent à notre rencontre, en fin d'après midi, alors que nous sommes presque sortis de la forêt du Massacre. Il faut expliquer pourquoi nous sommes à proximité des pistes. Il est aussi question du "Grand Tétras", et de son biotope.

On veut nous faire encore la leçon sur la protection de la nature, et sur le coût de l'entretien des pistes ; comme si c'est deux éléments étaient liés!

Nous les défions de trouver nos traces de raquettes sur les pistes.

Ils finiront par reconnaître qu'ils n'ont rien vu!

Tout çà commence à m'échauffer sérieusement les oreilles! On ferait mieux de s'occuper un peu plus de la protection des forêts l'été dans le sud de la France, au lieu de protéger les pistes de ski l'hiver, surtout quand il tombe dix centimètres de neige dans la matinée!

 

Hervé "dans la trace du Massacre"...

Nous descendons par une piste "piétons damée", jusqu'à la route de Prémanon. Delphine et Hervé rangent leurs raquettes. Maintenant il est préférable de suivre cette route à gauche afin d'éviter la piste de ski, d'autant qu'elle est détrempée, et en plus les tourbières et le lac de Lamoura sont submergés.

La neige à fait place à la pluie!

Il y a environ 5 km ; nous allongeons le pas car le jour diminue, la route n'est pas très sécurisante avec les flaques d'eau et les parties verglacées ; Delphine a les mains gelées malgré ses gants! Juste avant Lamoura, nous prenons une petite route à gauche qui mène au gîte Le Versoix, sans passer par le centre du village.

Nous sommes encore complètement trempés de la tête aux pieds, mais surtout bien contents de pouvoir faire sécher, capes, anoraks pantalons, chaussettes et chaussures, dans une salle séchoir où sont fixés ingénieusement des tubes reliés par tuyaux à la chaufferie.

 

Le chalet le Versoix est un grand gîte bar restaurant et café concert parfois. Des groupes de rock régionaux viennent s'y produire. Les patrons sont accueillants et chaleureux. 

Avant le repas, Hervé et moi buvons deux bières du Jura, tandis que Delphine préfère l'apéritif maison : "un carambolage" sorte de rhum punch!!!

- Morbiflètte : c'est la tartiflètte jurassienne au Morbier...

- Salade

- Pommes au four, coulis de framboise.

- et comme il se doit, un blanc du Jura Chardonnay.

Pour finir on nous propose une petite liqueur de sapin... mais Delphine qui fait tout pour se faire remarquer, préfère une infusion de verveine, appelée ici "Pisse mémé".

 

Après çà, Delphine et Hervé veulent m'apprendre à jouer au Tarot, mais nous irons nous coucher sans tarder!

 

Le départ de la fameuse Transjurassienne a lieu ici, et l'arrivée à Mouthe comme chaque année : course de 76 km, dans des conditions souvent très rudes.

Il faut 76 km pour faire Lamoura Mouthe!...

 

 


 

 

 

 

 

 

Samedi 17 Janvier 2004

 

De Lamoura à Septmoncel

 

 

Un petit clic sur la carte...

 

 

 

 

L'étape étant très courte aujourd'hui, nous décidons de flaner dans le village. Ainsi nous visitons un atelier artisanal sur le travail de la corne de vache, et ce que l'on peut en faire : petits objets décoratifs, pendentifs, etc... Une autre matière est utilisée ici : "la galalithe ou pierre de lait". C'est tout simplement du lait caillé durci par écrémage après avoir été chauffé à haute température. Egalement le "Corozo ou ivoire végétal", issu des graines d'un palmier d'Afrique et d'Amérique du sud qui produit de l'ivoire, et peut ainsi éviter de tuer des éléphants.

Au début du XXe siècle, cette matière était utilisée pour fabriquer des boutons!

 


 

Arbres enneigés près de Lamoura.

 

A midi, retour au chalet le Versoix. Le chef a préparé un Mont d'Or chaud... c'est un fromage qui a été trempé avec sa boite en bois, dans l'eau froide, et dans lequel on a fait un petit trou de façon à verser un peu de vin blanc sec du Jura. Le Mont D'Or cuit ainsi au four ou dans les braises d'une cheminée pendant vingt minutes. Je vous dis pas le goût et le parfum!... On l'accompagne de pommes de terre vapeur, charcuterie, et saucisses de Morteau..., et bien sûr du même vin blanc qui a servi à le mouiller.

Au dessert, un petit sorbet fraise pour digérer tout çà!

 

Peut on dire que l'on est un peu lourd pour partir à 14 heures?

Nous n'aurons pas le temps de brûler toutes ces calories en une si petite étape!

 

Toujours est il que nous prenons un sentier vtt vers les granges de l'Eterpet, pour passer par les champs mi enneigés, mi boueux et des chemins sans indication à travers bois de pins et de hêtres. Il y a plusieurs fermes inhabitées dans la combe de Richet, et nous continuons par la route jusqu'à Septmoncel.

Nous allons faire étape au gîte "Sur le Coulou". Il faut prendre les clefs à la gendarmerie, M. et Mme CIURARIU .

La propriétaire nous accompagne en voiture : le gîte est de l'autre côté du ravin, en face du village.

Nous sommes très très bien accueillis! d'ailleurs le patron du Versoix nous en avait parlé hier.

Une maison de 600 m2 en pleine nature, dont les trois quarts sont habitables pour le moment, et pour nous seuls!

Un grand salon avec cheminée, et cuisine attenante. A l'étage nous découvrons des chambres immenses ; nous avons chacun la notre! C'est le luxe!

Ce gîte peut être loué pour 6 à 8 personnes, à la semaine.

Il n'y a pas de repas servi, nous devons le préparer. Mais à notre grande surprise, la propriétaire nous apporte un Mont d'Or, des pommes de terre, de la charcuterie, et des fruits...

 

Deux Mont D'Or aujourd'hui, sinon rien...

 

C'était tellement bon à midi, que l'on est tout content de remettre çà ce soir!

Il y a même du vin blanc au frigo!

 

Hervé va chercher du bois dans la réserve, pendant que Delphine prépare tout... et moi je prends ma douche!

Les bûches ayant brûlées, de bonnes braises bien rouges sont étalées dans ce grand foyer. Les pommes de terre en papillotes sont disposées, avec le Mont d'Or lui aussi enveloppé d'aluminium au milieu de l'âtre.

Pour une première c'est une réussite! Je dirai même mieux! c'est un coup de Maître.

Bravo Delphine et Hervé pour ce feu, ces braises, et cette cuisson à point des pommes de terre, et du Mont d'Or. On dirait qu'ils ont fait çà toute leur vie!

C'est un vrai régal, et le fumet embaume toute la salle!

 

Nous allons une nouvelle fois nous endormir d'un sommeil profond...

 

Le gîte "sur le Coulou" à Septmoncel

 


 

Dimanche 18 Janvier 2004

 

Le départ.

 

La propriétaire s'était proposée hier de nous emmener en voiture à la gare de St Claude. 

Cela nous évite de partir très tôt pour y être avant midi, heure de notre train, et de marcher sur la route dangereuse. Un peu avant l'arrivée, nous faisons une halte à la fromagerie pour la provision d'usage de produits régionaux...

 

Voila St Claude, encaissé entre les montagnes : 

cité industrielle, et capitale de la fabrication des pipes.

 

 

Cette randonnée est finie. Très belle traversée, parfois difficile en raison des conditions climatiques, mais très intéressante. 

Je remercie sincèrement Delphine PARAY et Hervé COUTIER, de s'être joint à mon projet : il est certain que sans eux, cette traversée aurait eu moins de saveur...  

 

 

Les mots de la fin...

 

En tous les cas moi j'ai passé une super semaine de Rando gastronomique... Vous n'avez pas pris trop de kilos??? J'ai adoré faire des raquettes, il faudra préciser dans ton topo que tu as une manière très particulière de faire des raquettes, mais originale!!! J'espère Jean-Claude  ça n'a pas été trop difficile de nous supporter . 

Bravo encore pour l'organisation, on a pas eu a dormir dehors... et pour le choix du parcours vraiment très beau même sous la grisaille, sous la pluie ; je sais pas je regardais mes pieds, non je plaisante quoique...

Delphine


 

Encore merci à Jean-Claude pour cette rando itinérante à raquettes, pour son parcours et son choix des gîtes ; à Delphine pour sa joie de vivre.

Jean-Claude avait compliqué la tache, nous laissant Delphine et moi affronter vaillamment le blizzard jurassien, lui avait trouvé une nouvelle façon de randonner en raquettes : les porter à la main!!!! et non aux pieds!!!! Pourquoi?? 

Cela restera un grand mystère pour nous, enfin il a dû en baver quand même.

Beaucoup d'improvisations sur les étapes, (impossibilité de prendre certaines pistes, modifications de sentiers), ce qui nous rallongeaient les étapes, mais tous les chemins mènent à Rome, notre bonne étoile veillait sur nous. Et nos arrivées dans les gîtes étaient grandioses, avec nos accoutrements on nous prenait pour des extra terrestres, mais alors quel régal de se restaurer aux spécialités jurassiennes, sans oublier, obligatoire!!!!!!!! le côte du Jura. 

Merci à l'accueil jurassien, et mes compagnons de rando, Delphine et Jean-Claude.

Hervé

jc-lordier (arobaze) randoalp.com

 

Photos :  Hervé, et Jean-Claude

 

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