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Grande Traversée des Alpes.

 

AVERTISSEMENT.

 

Une nouvelle mise en page de cette GTA a été refaite en février 2018.

Tableaux journaliers et photos agrandies pour une meilleure lisibilité.

J'ai très peu touché au texte rédigé en 1998.

En ce qui concerne le chemin, les gîtes, refuges, hébergements, nourritures,

il ne faut pas prendre à la lettre ce que j'ai écrit à cette époque :

les choses ont changé depuis, en mieux ou en plus mal,

et certains hébergements ont été transformés, ou n'existent plus.

Il faut donc rechercher les informations récentes avant le départ.

 

 

13ème, 14ème étape

 

 


 

TINEE - VESUBIE

 

 

Samedi 18 Juillet 1998

 

 

 

 

 

Les filles tiennent le coup ?

ou elles me font le coup des minettes baroudeuses ?...

 

 

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Gentianes jaunes

 


 

Départ d'Auron à 5h20.

La montée au col du Blainon par les pistes de ski n’est pas désagréable puisque il faut passer par la forêt, en dehors de toutes remontées mécaniques.

 

Je passe au col de Blainon à 6h25.

Il fait très beau ce matin ; et pour la première fois, la température est bonne. Quand je disais qu’on avance vers le sud !

Après le col, le sentier passe par des chalets d’alpage et des granges. Je rencontre des bergers, surpris de voir un randonneur à cette heure matinale.

 

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Granges à Roya

 

 

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Une bergerie au petit matin

 

 

 

Au hameau de Roya, j'ai envie d'une pause pour prendre un petit déjeuner, mais le gardien du gîte dort !

Il y a là deux filles qui auraient bien pris quelque chose avant de partir. Nous nous retrouvons trois à tambouriner sur les portes et volets. Le bougre dort bien à 7 heures et demie du matin! 

 

 

J’étais prêt à repartir, lorsqu’enfin il émerge, les cheveux ébouriffés. Nous déjeunons, les deux filles et moi. J’ai bien fait d’attendre ! Il y a abondance de pain, beurre, confiture, etc... et les nanas super sympa ! Elles pourraient être mes filles, ou je pourrais être leur père : (ce qui revient au même.)

 

 

Nous repartons ensemble à 8h10. Encore, des moutons, des ânes et des bergers avec qui nous discutons un bon moment !

 

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Avant la montée au col de Crousette.

 

 

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En quittant Roya.

 

 

La montée au col de Crousette est lente et pénible, puis nous arrivons sur un replat herbeux avec un ruisseau.

Nouveau micro décor idyllique ; je resterai bien ici avec les filles... (Carine et Julie). Le ciel est d’un bleu parfait, le soleil rayonnant.

 

 

Après avoir traversé un long pierrier nous arrivons au col de Crousette à 11heures.

Le sentier schisteux à flanc de pente remonte à la Stèle Valette un quart d'heure plus tard : monument élevé à la mémoire d’un chasseur alpin.

 

Les deux filles soufflent, et suent. C’est vrai qu’elles sont plus chargées que moi, mais elles ont vraiment envie de s’accrocher à mon rythme.

Très bien, enfin je trouve du répondant. C’est même elles qui décident de repartir.

 

Nous descendons à travers un sentier caillouteux. C’est aussi sec que le Larzac !

Fini la verdure d’avant le col de Crousette !

 

 

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Vue de la stèle Valette.

 

 

Arrivés au col de Moulines à 12h20, le paysage devient un peu plus verdoyant, et la descente agréable avec des torrents tout le long du vallon de la Gourgette ! Nous refaisons le plein de nos

gourdes. Il fait très chaud !

 

Les mouches tournoient toujours, et nous collent! On en écrase des dizaines!...

 

Une remontée parmi des brassées de fleurs, et les filles sont à nouveau écarlates !

Elles tiennent le coup ? ou elles me font le coup des minettes baroudeuses ?

le vallon de la Gourgette

 

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Les Portes de Longon, et la ferme refuge.

 

 

 

On arrive aux Portes de Longon, vaste ouverture sur une prairie sans fin, où les vaches ruminent couchées. Un peu plus loin, l'ancienne vacherie de Roure, devenu gîte d’étape géré par la commune de Roure. Je pensais que Carine et Julie en avaient leurs claques, et s’arrêteraient ici : il est 13h45.

Mais non, elles veulent continuer avec moi ! c’est bien la première fois de ma vie que deux super nanas ne veulent pas me lâcher!.

 

On continue la descente à travers bois. Du coup, je commence à avoir une ampoule au talon gauche.

 

 

 

 

Nous arrivons au hameau de Rougios à 15h20 : des chalets en ruine aux pierres rouges sanguines, ensuite un chemin forestier aboutit sur une sente au milieu des buissons et des ronces, passage délicat. Les deux copines s’en sortent à merveille ; c’est moi qui ai l’air de piétiner. Naturellement elles habitent les alpes de haute Provence, et sont souvent par monts et par vaux dans le coin.

 

 

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Rougios

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Roure.

 

 

16h45, nous voici à Roure, petit village accroché à la montagne. Julie et Carine sont K.O, debout certes, mais K.O.

Cette fois elles arrêtent là ! le gîte d’étape est à côté.

Je préfère ne pas interrompre la descente et continuer une petite heure de plus ! On se fait la bise et hop !... je poursuis seul, sur le sentier, "qui tue les doigts de pieds ! "

 

J’arrive complètement ratatiné à St Sauveur sur Tinée à 17h45.....

 

Il y a la fête dans le village, le bal ce soir, la fanfare, les danses folkloriques.

Le seul hôtelier n’a pas le temps de s’occuper de ses chambres. Il n’a soit disant plus de place !

Le restaurant? Fermé ! l’autre resto? ils ne servent que les musiciens !....

Bravo ! et les touristes alors ?

 

Je suis obligé de me contenter de deux sandwichs et une bière, en écoutant les guitares électriques et l’accordéon.

C’est pas vraiment ce que je souhaitais après avoir fait exactement 11h 25 de marche sans les pauses, et seulement le petit dej à Roya !

 

Je regrette de ne pas être resté avec les filles là haut à Roure!

 

Le comble : le gîte d’étape en sous sol avec un vasistas au ras du trottoir sur une impasse, puant l’humidité, le renfermé, est envahit par le groupe de jeunes musiciens qui font le cirque tard la nuit, et tôt le matin en rentrant. (*)

J’avais besoin de repos...

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Arrivé à Saint Sauveur sur Tinée.

 

 

Je suis debout à 4 h 30 du matin préférant me mettre en marche plutôt que de rester dans ce souk !

 

(*) Depuis quelques années ce gîte n'existe plus : il y a maintenant un gîte d'étape confortable à l'entrée de St Sauveur sur Tinée.

 

 


 

 

 

Dimanche 19 Juillet 1998

 

 

Plus de randonneurs par ici !

 

 

La lampe de poche est vraiment nécessaire à 4h50, car il y a des lacets à couper par des raccourcis à peine visibles au milieu des grands arbres.

Sur les branches, des traits lumineux ; sûrement des vers luisants.

Par moments des bruits et frémissements semblent m’entourer : c’est la vie nocturne de la nature.

Je pénètre dans un monde qui n’est pas le mien. Je suis tout au plus, accepté.

 

Je me sens plus rassuré lorsque le sentier est à découvert, la clarté gagne du terrain.

Le chemin devient plus large taillé dans les « roubines » : montagne de terre rouge ! Tout est brun, ocre, sanguine. Un peu comme hier aux abords de Rougios.

 

Le petit village de Rimplas somnole ; son fort sur un éperon rocheux domine la vallée de la Tinée cinq cents mètres plus bas, et justement on ne voit rien, une mer de brume s’étend et gagne les moindres creux, signe de chaleur.

 

Il faut descendre par un sentier qui traverse une décharge. A croire que les touristes balancent leurs détritus depuis la Départementale en haut.

Remontée sous les arbres et après une marche entre route et sentier, j’arrive à St Dalmas Valdeblore vieux village pittoresque à l’église du XI ème siècle.

 

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En chemin, vers Valdeblore.

 

C’est jour de marché, les commerçants installent leurs étalages sur la place.

Il y a plein de monde dans le café à côté. Un petit déjeuner ferait le plus grand bien. On me propose une table sur la terrasse coté jardin, et au soleil levant ; il n’est même pas 8 heures et déjà trois heures de marche ! je dévore ! il faut bien recharger les batteries.

 

Au moment de repartir, j’entrevois derrière la haie une voiture qui s’arrête et deux filles riant aux éclats, descendre!

Les voilà qui déboulent !....

On est autant surpris les uns que les autres de se retrouver. Elles sont descendues tôt de Roure avec un gars qui fait les marchés, et sont étonnées de me voir déjà à cette heure ici !

Du coup, je repose le sac et on boit un café ensemble. Nous sommes heureux de cette retrouvaille inattendue.

Je leur raconte ma soirée et ma nuit agitée. Elles, ont bien dormi et sont en pleines formes…

 

On ne se connaît que depuis hier, mais toute cette journée de marche nous a lié. Cela est vraiment formidable, et prouve que l’on n'est pas seul quelque soit l'âge.

Tous les jours je rencontre du monde, et c’est un enrichissement surtout quand les sensations sont différentes chaque fois.

 

Nos routes se sont rencontrées hier, et croisées ce matin : et demain ?

Tout cela fait partie de la randonnée. On ne sait jamais à l’avance, qui nous allons trouver ou retrouver ce jour.

 

En tous cas, nous continuons la route que nous avions prévu !

Carine et Julie se dirigent vers le Boréon, et le Mercantour.

Moi je descends sur Utelle et Nice.

8h30, Au revoir, très heureux de vous avoir rencontrés…

 

La montée au col de Varaire est rude. Heureusement la végétation est abondante, et l’exposition ombragée.

Sitôt que je ne suis plus sous les arbres, la chaleur se fait sentir. L’eau de la gourde prise à St Dalmas est tiède !

Une fois passé le col de Caïre Gros, le sentier se poursuit en contrebas de la crête du Mont Chalencha, avant de contourner le Mont Tournairet plein soleil.

 

Il y a plusieurs cols à passer, col des Trous, col des Forts, avant de descendre à travers bois ombragé jusqu’aux Granges de la Brasque : groupe de chalets inhabités, puis j'arrive à la source de la Brasque à 12h10, où je peux enfin boire et remplir ma gourde.

Enfin l’eau coule en abondance ; sur une pancarte est écrit :

 

" Ici à la source de la Brasque, l’eau est encore fraîche et naturelle,

en bas chez Angèle à la vacherie les produits de la ferme le sont aussi. "

 

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Fleurs de lin

 

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Source de la Brasque

 

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le Brec d'Utelle

Après une petite route goudronnée dans une agréable forêt, passage aux cols d’Andrion, et des Fournés. Le GR® 5 redevenu sentier, remonte sur une crête.

Ici, il n’y a plus personne. « les Gétéiste, et Géèristes, » (nom que j’ai donné à ceux qui font la G.T.A, ou le G.R®), en grande majorité ne vont pas plus loin que St Sauveur ou St Dalmas.

 

Nouveau col ; celui de Grateloup. Je traverse une prairie d’herbe sèche. Quelques chèvres se blottissent à l’ombre sous les arbres. Ma gourde est encore vide ! Il n’y a plus d’eau, bien au contraire, le terrain devient de plus en plus sec et caillouteux.

 

Il faut grimper dans les rochers et les éboulis, pour passer entre deux parois du Brec d’Utelle à 14h25. Le paysage est superbe.

 

Je recommence à avoir les doigts de pieds "en capilotade" dans la descente de l’autre côté avec les cailloux.

Le sentier contourne une combe, passe au col de Mei, sous un rocher en forme de château fort : le Castel Gineste, où Masséna hissa paraît il un canon en 1793 !

 

 

 

 

Le chemin de pierres descend toujours, et traverse d’anciennes cultures en terrasses.

Utelle apparaît dans une légère brume de chaleur. Ce village autrefois prospère, est construit sur un éperon au bout de l’ancienne route muletière de Nice.

 

Je fais étape à l’hôtel Bellevue (*), seul établissement, très calme ; nous sommes trois clients . Le jardin ombragé et la piscine procure une détente bien méritée pour cette avant dernière étape.

 

 

 

 

(*) Après 1998, l'Hôtel Bellevue a été transformé en résidence hôtelière.

Gîte d'étape communal dans le village.

Egalement gîte au sanctuaire de la Madone d'Utelle à une heure de marche du village.

Arrivée à Utelle.

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Suite dans les collines niçoises